Table des matières
Avant-propos
Nous avions originellement préparé un court article qui devait illustrer de façon pertinente et accessible le sujet des proportions. Pour beaucoup c’est une question complexe à appréhender et nous vous invitons, si ce n’est pas déjà fait, à lire notre série “la bonne coupe” en particulier les articles : La Bonne Coupe 4 – La veste : cintrage, longueur et montage, La Bonne Coupe 2 et 3 sur le pantalon qui complètent parfaitement ce que nous allons aborder ici. Il se trouve que l’on nous a également récemment demandé ce que nous pensions de la marque Lanieri et nous avons pensé qu’il était intéressant d’intégrer notre avis à cet article sur les proportions.
Nous allons commencer par présenter rapidement Lanieri et par ailleurs nous illustrerons quelques principes sur les proportions. Nous commenterons ensuite plusieurs tenues de clients Lanieri et pour conclure le propos nous comparerons ces tenues à celles d’autres marques de demi-mesure.
Présentation de Lanieri
Nous avions déjà dit en commentaire de notre article sur l’entretien des souliers “qu’en ce qui [nous] concerne Lanieri est une énième start-up bénie des “Dieux” qui prétendait faire de la magie et qui au final délivre un produit cher et raté. C’est même un cas d’école.” Un lecteur nous a demandé de développer, alors développons. Lanieri est une start-up italienne fondée aux alentours de 2011 par Simone Maggi et Riccardo Schiavotto, deux titulaires d’un MBA du Collège des ingénieurs, formation prestigieuse s’il en est puisqu’Élisabeth Bor(g)ne a la même. Pour ceux qui l’ignorent le MBA du Collège des ingénieurs est une formation de type école de commerce destinées aux jeunes ingénieurs et scientifiques qui souhaitent acquérir des connaissances sur le fabuleux monde du business.
À partir de 2015 Lanieri commence à se développer hors d’Italie et leur stratégie n’est pas d’une grande originalité puisqu’elle consiste à graisser la patte à tous les influenceurs du milieu. À cette époque pour vous faire une idée du budget marketing d’une marque sur le marché Français vous pouvez utiliser l’échelle Jaco. L’échelle Jaco est un instrument de mesure scientifique simple à utiliser, vous tapez le nom d’une marque sur le blog de Jaco et selon le nombre de résultats vous avez une idée de son niveau de compromission. En même temps, Lanieri c’est Italien, ils savent que pour réussir mieux vaut payer la mafia (de l’influence) plutôt que la combattre.
À l’époque l’offre de demi-mesure en ligne est relativement limitée mais elle n’est pas inexistante, loin de là. Pour se démarquer Lanieri a une arme redoutable, un algorithme top secret développé spécialement pour eux en collaboration avec la Nasa afin d’avoir le fit le plus parfait trop bien qu’il est génial. On déconne un peu mais pas tant que ça. Faites une recherche algorithme et Lanieri dans Google et amusez-vous bien. Certains articles déconnent d’ailleurs bien plus que nous et Le Point parle carrément de “néotailleur 3.0”. Le 2.0 c’est déjà dépassé bande de ploucs, Lanieri ils sont dans le futur. Je vous laisse d’ailleurs faire le tour des nombreux articles totalement dithyrambiques maniant l’hyperbole et pas du tout rémunérés sur la marque qui circulent un peu partout, nous, nous allons jeter un coup d’œil du côté de l’algorithme magique.
Une histoire de ratios
Avant de nous attarder sur les mises de clients Lanieri jetons tout d’abord un coup d’œil à ces trois tenues qui ne sont pas de la marque et sont très intéressantes. Elles sont pleines d’enseignements car bien qu’elles soient construites autour de la même idée la différence de coupe est flagrante. Observez les biens.
Ligne rouge: ligne de boutonnage
Ligne orange: ligne de taille / ceinture
Sur la photo de gauche, on peut voir que la ligne de boutonnage coïncide avec celle de la ceinture ce qui est la bonne proportion à adopter.
À l'inverse, sur les deux autres, l'écart est patent et signe un PAP de mauvaise coupe (les vendeurs vous diront qu'il s'agit d'une coupe moderne).
Ligne rose: ligne de poche
Ligne bleu clair: ligne du bouton inférieur
Sur la photo de gauche, le bouton inférieur est situé trop bas par rapport à la ligne de poche. La bonne proportion est en revanche respectée sur les deux photos de droite. Le principe de l’alignement du bouton inférieur avec la ligne de poche remonte aux années 30/40 et est plus harmonieux qu'un boutonnage placé trop haut ou trop bas.
Ligne jaune: Sauf effet de style, le revers doit plus ou moins se situer à équidistance des deux points de l'épaule (acromion et col).
Ligne blanche: La veste doit être séparée en deux partie de même taille. La première moitié de l'épaule au bouton actif, la seconde du bouton actif au bas de la veste.
Les proportions sont respectées à gauche et à droite mais comme le bouton à droite est trop haut, la veste se retrouve trop courte.
Observez maintenant cet exemple de costume droit bien coupé et proportionné dans différents styles (anglais, milanais, parisien)
Un exemple similaire mais pour un croisé. Les poches sont bien au niveau du boutonnage, inutile donc de nous dire que c'est impossible sous prétexte que vous ne voyez que des croisés ratés toute la journée.
Pro-mesure et demi-portion
Maintenant que vous avez bien observé ces photos nous allons passer à celles des tenues Lanieri. Si vous en avez besoin nous vous recommandons encore une fois de vous référer à nos articles de la série “la bonne coupe” afin de bien comprendre les observations qui sont faites.
Il est également important de comprendre que notre propos concerne ici Lanieri car on nous a explicitement demandé notre avis sur la marque, mais il est en réalité applicable à pratiquement toutes les marques de demi-mesure. Certes, certaines vont vous permettre de réaliser des vêtements d’essais etc etc, mais les problèmes de coupe sont légion dans ce marché, pour le prouver nous allons également inclure d’autres fabricants en fin d’article.
Les tenues ont été sélectionnées au hasard et proviennent toutes de réseaux sociaux en lien avec le monde Sartorial, donc de gens qui ont théoriquement plus de connaissances sur le sujet qu’un client lambda. Elles datent toutes de périodes différentes allant de 2015 à 2022 et appartiennent soit à des clients payants, soit à des influenceurs qui ont reçu leur produit “à titre gracieux”. Certaines mises ont été réalisées en boutique, d’autres en ligne.
La position des bras fausse l'analyse de l'épaule mais je pense que la pose est volontaire pour camoufler un défaut que l'on devine malgré tout. Sur l'épaule droite on distingue un renfoncement entre la cigarette et le deltoïde alors que ce renfoncement devrait être absent.
Passons sur les revers trop larges façon proxénète de second rang dans une production de la blaxploitation pour nous intéresser à la position des boutons : le dernier bouton n'est pas aligné avec les poches, il y a un problème de patronage. La veste aurait dû être bien plus longue vu la position des boutons. Soit le patronage était mauvais dès le début, soit le client est de petite taille et une adaptation malheureuse a été tentée pour raccourcir la veste de 3 ou 4cm en compressant les proportions du bas vu que les poches sont artificiellement remontées.
Axes d'amélioration possibles : rallonger la veste pour faire descendre les poches. Baisser le cran, bien trop haut pour cette hauteur de boutonnage.
L'arrière du pantalon n'est pas très propre. Le pantalon gagnerait à avoir plus d'ampleur, malgré une cuisse qu'on devine assez fine, vu qu'il semble heurter le mollet. Le client semble aussi passer beaucoup de temps assis (étudiant ou profession de bureau) ce qui entraîne une mauvaise posture au niveau du bassin et un pantalon qui plaque contre les ischios jambiers.
Axes d'amélioration possibles : Faire plus ample, remonter l'arrière du pantalon en pinçant le tissu dans la ceinture.
La pose rend difficile l’examen de la veste mais la ligne d'épaule manque clairement de netteté. Normalement on constate cette déformation uniquement en position assise. Le client doit avoir une cyphose non prise en compte par le "tailleur". L'état du pantalon qui tiraille de partout confirme un problème de posture non pris en compte (particulièrement flagrant juste à la naissance des ischio-jambiers). Si vous souhaitez un pantalon qui casse proprement, un minimum d'ampleur est nécessaire.
Axes d’amélioration possibles: tout.
Le client a une épaule plus haute que l'autre mais ça n'a pas été pris en compte par le “tailleur”. Cela se remarque car le bouton n'est pas aligné avec la boutonnière.
On remarque également que la manche gauche essuie des contraintes techniques assez fortes comparé à la droite. Le client doit passer beaucoup de temps assis à manipuler une souris d'ordinateur et doit avoir le torse qui vrille légèrement vers l'intérieur en plus de son épaule plus haute que l'autre.
Axes d’amélioration possibles: démonter et remonter les manches pour en modifier l'aplomb.
La veste souffre du même problème de patronage que d’habitude : le dernier bouton n'est pas aligné avec les poches. Difficile de savoir si le patronage était foireux ab initio ou s'il s'agit d'une adaptation pour un client de petite taille.
Je ne sais pas comment l'employé n'a pas pu constater le collar gap. L'aplomb des manches est catastrophique car la morphologie du client n'a pas été prise en compte. Le bouton actif est placé démesurément haut (imaginez qu'il s'agit de son nombril). Le pantalon devrait presque doubler de volume pour que le rendu soit correct.
Axes d'amélioration possibles : tout (excepté le bouton inférieur qui est au bon niveau des poches pour une fois).
Client manifestement très petit. Le patronage a été modifié mais d'une façon excessive car la veste est bien trop courte, la faute à un boutonnage actif remonté bien trop haut.
Le pantalon a une taille trop basse. Le client doit avoir un bassin très large et qui a été pris en compte en donnant beaucoup de bassin et de cuisse au pantalon. Le résultat est peu convaincant car le pantalon devient trop ajusté au niveau du genoux ce qui créé une sorte de goulot d’étranglement. La cuisse trop ample et le mollet trop fin donnent ce résultat au niveau de l'arrière de la cuisse.
La pose ne permet pas de juger le reste d'une façon très fidèle.
Axes d'amélioration possibles : tout.
Il n'y a pas grand-chose à dire si ce n'est que le costume est bien trop ajusté. Cependant, on peut faire remarquer l'absence totale de talon de manche.
Axes d'amélioration possibles : tout
Encore cette satanée disproportion au niveau des poches ! Inutile d'examiner le reste, passons au suivant.
La fente est haute, ce qui est un bon point (mieux que SuitSupply sur ce coup).
Le bouton actif est trop haut pour que le cintrage soit idéal. La poitrine devient petite alors que l'intérêt du croisé est de la dégager.
La zone entre la poitrine et l'épaule fait PAP bas de gamme : l'emmanchure semble très basse. Alors que la poitrine devrait être légèrement creuse, on trouve un embu difficilement explicable près de l'épaule (cf photo 2). Le deltoïde est moulé (cf photo 1) et l'arrière de la manche vient s'écraser contre le triceps (dernière photo) sans doute en raison de l'ajustement trop poussé de la manche et d'une posture non prise en compte.
La tenue date de 2015. Elle est plus ancienne que les photos ci-dessus où le montage de l'épaule parait plus qualitatif. Est-ce qu'il y a eu un changement de patronage et/ou atelier ?
Passons sur les goûts douteux du bonhomme en matière d'ampleur du pantalon et de chaussettes pour nous intéresser à la ligne d'épaule qui manque cruellement de netteté (assez classique sur ce genre de croisé en demi-mesure) ainsi qu'à la disproportion entre les poches et les boutons. Ces détails n’auraient pas dû échapper à l'œil expert de l'intéressé mais il était sans doute fatigué de lutter contre un col aussi rigide en tentant des postures improbables (à moins qu'il ne s'agisse d'un simple collar gap).
Le même problème que d'habitude : la position du bassin du client n'est pas prise en compte, le pantalon est plaqué sur les ischios. L'épaule manque de netteté (particulièrement visible à droite). L'aplomb de la manche est mauvais (sans doute car la posture naturelle du client n'est pas prise en compte). Si on regarde attentivement, on peut voir que le col plaque mal du côté droit.
Le mauvais aplomb se vérifie. La jupe du croisé plaque mal sur le pantalon. Les défauts du pantalon préalablement identifiés se vérifient.
Encore et toujours la disproportion au niveau des poches…
Le résultat le plus convaincant jusqu'ici. Dans l'ensemble, il n'y a pas de défaut criant mais on peut constater un manque de netteté dans la ligne d'épaule. La construction de l'épaule et du plexus signe une production industrielle mais ce n'est pas en soit un défaut.
Nous avons maintenant un client qui déçu de sa commande a fait refaire le pantalon par Lanieri et qui a fait retoucher la veste par un tiers comme cela est proposé par les conditions de vente de la marque. Nous proposons donc un avant/après.
Avant :
Le col est trop large. L'aplomb des manches est mauvais faute d'avoir pris en compte la posture du client.
La jupe ne colle pas au pantalon.
Après :
Le col a été ajusté. La jupe colle au pantalon, c'est mieux.
L'aplomb des manche a été corrigé mais ce n'est pas encore ça, faute d'une ampleur nécessaire et d'une mauvaise emmanchure. On peut cependant remarquer que le pan du croisé plaque mal, certainement en raison du mauvais cintrage (particulièrement flagrant au niveau du bas du dos). Le patronage a été mal adapté au gabarit du client.
Les défauts sont particulièrement criants. Le dos manque de netteté. Le pantalon est plaqué contre les ischios. Le deltoïde est visible.
Même principe, sauf qu’ici le client a demandé à Lanieri de refaire la veste et a fait retoucher le pantalon par un retoucheur.
Avant :
Les manches et le pantalon sont certes trop long mais c'est normal à la livraison d'un costume. Le problème réside encore et toujours dans le mauvais aplomb des manches (vous en connaissez la raison) ainsi que la disproportion de la veste (visible par rapport aux poches). Le client semble avoir un important passé sportif car ses épaules sont basses, la poitrine ainsi que le dos sont développés mais la taille reste fine. Le pantalon est d'une ampleur correcte et il ne souffre d'aucun problème postural ou d'un mollet excessivement en arrière comparé aux précédents exemples vu que le pantalon tombe parfaitement droit à l'arrière.
Malheureusement, l'adaptation du costume à ce gabarit assez particulier n'est pas très heureuse. De dos, les trapèzes ressortent excessivement et ruinent la ligne d'épaule. Les dorsaux manquent d'aisance.
Axes d’amélioration : Relâcher le dos et reprendre la poitrine (possiblement au moyen d'une pince sous le revers). Le cintrage peut également légèrement être détendu afin de limiter la compression des dorsaux. Il faut aussi redonner de l'ampleur à la manche et en modifier l'aplomb (les épaules semblent en avant).
Le souhait du client a manifestement été de faire ajuster le pantalon. Le pantalon tombe moins bien mais il est désormais prêt à rejoindre les tirailleurs si jamais la France se décidait à reformer son empire colonial.
Le boutonnage est toujours trop haut, la taille trop basse. Les poches décalées par rapport aux boutons. Le dos n'a pas été assez libéré mais le cintrage a été suffisamment détendu (le résultat fait moins cartoon). Il y a toujours un problème de poitrine. Au lieu de donner de l'ampleur à la manche, celle-ci a été réduite au point de comprimer le biceps mais on peut mettre ça sur la faute du client
Jetons maintenant un coup d’œil au vendeur Lanieri de gauche : la proportion est bonne (cf la poche qui ne remonte pas plus haut que le bouton). La ligne d'épaule est nette. La manche a assez de volume pour laisser le bras s'exprimer. Le pantalon est également assez propre. Les revers cassent un peu, sans doute en raison d'un excès de développement des pectoraux. Une pince placée sous le revers serait tout indiqué pour y remédier. Le seul défaut vraiment dirimant de la veste est que la jupe ne colle pas au pantalon, peut-être en raison de la position des bras.
Passons maintenant au “client” (vous pouvez également utiliser la photo précédente). La ligne d'épaule manque de netteté ainsi que la ligne de manche (côté gauche). La zone de boutonnage n'est pas très propre mais cela reste acceptable. En revanche, les poches remontent trop haut.
Et les autres marques de demi-mesure alors?
Scavini
Comparons avec une demi-mesure Scavini, toujours sur un croisé et sur la même personne :
La ligne d'épaule est bien plus nette mais on distingue un léger collar gap.
La veste est disproportionnée : la ligne de boutonnage a été remontée trop haut (possiblement pour raccourcir la veste sur demande du “client” ? à moins que le patronage soit déjà ainsi. Quoi qu'il en soit, les poches remontent trop haut)
Le collar gap se voit un peu mieux ici le pantalon est trop ajusté mais c'est sans doute un choix du “client”.
Le résultat laisse songeur... le costume semble avoir été déglingué par un pressing ou un
Mauvais pliage lors d'un transport en avion/train.
Le bouton actif côté gauche a certainement été déplacé par le tailleur lors de l'essayage final mais la couture n'est pas très propre car on voit les différents fils derrière le bouton.
Clotilde Rano
Clotilde Rano a pris soin de recourir à un expert pour présenter son travail.
Cette fois, pas de bras levé ou de main dans la poche pour cacher une mauvaise coupe.
Si la ligne d'épaule est assez nette, on peut s'interroger sur l'aplomb des manches qui tirebouchonnent de tous les côtés.
Le cintrage n'est pas forcément très réussi alors même que le "mannequin" est assez longiligne.
Le problème principal est le patronage qui semble dessiné pour féminiser la silhouette. La majorité des hommes ont besoin d'une compensation de carrure mais la "mode" de cette dernière décennie a été aux vestes qui gomment les caractéristiques sexuelles secondaires. La veste se retrouve étriquée pour faire un torse d'enfant (plat et sans épaule) au lieu de donner du coffre et de la carrure, et la longueur de la veste est diminuée afin de conserver une certaine harmonie dans l'horreur (faute d’élargir la carrure, il faut raccourcir la veste sous peine d'avoir un énorme rectangle en guise de veste).
Le pantalon souffre des mêmes problèmes que les tenues déjà identifiées comme ratées. Sans doute en raison d'une mauvaise posture non prise en compte.
Un effort a été fait sur l'alignement des motifs (cf col / pointrine / manche). Si vous avez mauvais goût et que vous commandez un costume avec des gros carreaux, soyez attentifs à ce que les motifs soient bien alignés.
Howard’s
Howard's, plus modeste, se contente de poster des photos avec ses clients :
Les proportions sont respectées, le travail est plutôt propre (pas de plis de tensions ignobles comme sur d'autres tenues vues précédemment). Par contre, les épaules sont ratées : La cigarette est trop prononcée (on retrouve des cigarettes identiques chez Ardentes Clipei, les deux marques recourent peut-être au même atelier) et il y a un renfoncement bien excessif entre la cigarette et le deltoïde du jeune homme.
Gardons-nous de trop critiquer la tenue de ce client, vu la taille des revers il serait susceptible de nous percuter avec sa Cadillac Deville 1964 intérieur panthère avant de nous achever à coup de bottines à talons.
Même problème ici.
Collar gap, veste disproportionnée, etc. Bref, inutile de continuer.
Maison Pen
Autant il est possible de trouver des costumes plutôt réussis :
Autant d'autres ont eu moins de chance:
Sans commentaire....
Conclusion
En conclusion, le résultat apparait en général peu convaincant et ce peu importe la marque. In fine, tout se vaut peu ou prou car les tendances dégagées pour Lanieri se retrouvent dans les autres offres de demi-mesure.
Tout d’abord beaucoup de costumes ont des problèmes de patronage qui ne sont pas liés au goût du client (que le client souhaite un costume étriqué ne change rien au fait que les boutons ne soient pas alignés sur les poches par exemple). Par ailleurs la posture des clients n'est souvent pas prise en compte (particulièrement visible pour les manches et l'arrière du pantalon). Soit les clients sont tous des autistes incapables de comprendre les consignes pour un essayage (adopter une posture naturelle, signaler quand quelque chose ne va pas car le vendeur peut avoir l'esprit ailleurs ou courir entre différents rendez-vous), soit les "conseillers" / "tailleurs" ont de la merde dans les yeux et sont tout juste capable de prendre des mesures sans adapter les patrons aux clients.
Ensuite, les marques tentent parfois de se distinguer suivant leur lieu de production. Je doute que la localisation de l'atelier (Portugal, Roumanie, Italie) change quoi que ce soit sur un plan esthétique car le résultat fait toujours industriel (absence de talon de manche par exemple). Peut-être que si c'est "made in italy" ça rassure le plouc alors que le produit terminé ressemble comme deux gouttes d'eau a un produit roumain ou chinois. La différence de prix étant sans doute plus justifiée par les meilleurs salaires des ouvriers dans tel ou tel bled plutôt qu'un savoir-faire technique particulier. L'autre différence de prix peut provenir de la qualité des matériaux employés (par exemple la qualité de la thermocolle pour votre entoilage industriel, nous abordons déjà le sujet de l’arnaque qu’est le semi entoilage industriel ici et là) ou l'amortissement des machines. Produire dans un pays où la main d'œuvre est chère n'a de sens que si techniquement le produit est mieux réalisé. Optez pour un atelier pour son savoir-faire plutôt que sur sa localisation. Pour simplifier, je préfère du fait main en Chine que du fait machine en Italie. Et surtout demandez à comparer les produits issus de différents ateliers, nombreux sont les ateliers à proposer du "fatto a mano" de piètre qualité (mieux vaut du fait machine dans ce cas, ce sera moins cher pour un résultat identique) et les vendeurs qui font passer des défauts pour des signes de qualité (très courant avec les boutonnières réalisées de travers, le point baguette irrégulier etc).
Le constat ici appliqué à la « demi-mesure » est totalement transposable à la « grande mesure » (ou « bespoke » pour les ploucs sartoriaux »). Trop de personnes pensent que le « bespoke » est la clé d’un costume bien réalisé, mais cela mérite d’être fortement nuancé par le terrain de l’expérience. Il y a tellement de charlatants/escrocs, qui plus est en France, que cela en est hautement navrant.
Tout d’abord, un costume doit s’adapter aux proportions du client. Hormis quelques tailleurs et ateliers de renommée mondiale, principalement en Grande-Bretagne et au Japon, rares sont les « tailleurs » véritablement compétents pour effectuer une vraie prise de mesures, avoir une prise conscience des particularités de chaque corps et savoir réalisé un costume digne de ce nom. C’est d’ailleurs pourquoi tant de costumes « bespoke » tombent si mal (mieux qu’en demi-mesure en général, certes, mais très loin des standards d’époque).
Ensuite, le style et la qualité de confection ont presque tous été délaissés pour l’effet « mode sartoriale ». Il faut être moderne, bien que ce mot se confond désormais avec le fait d’être un véritable saltimbanque (stylistiquement parlant, mais également dans les autres domaines). Oublions les anciennes toiles de crin de qualité, les anciens tissus « lourds » et robustes au tombé digne de ce nom, les montages tout à la main (piquage main de A jusqu’à Z sans la moindre machine, entendons-nous bien), etc. … pour laisser place à des produits déstructurés, disproportionnés, sans doublure parfois, avec du thermocollage (oui, oui, en grande mesure aussi), des matériaux de piètre qualité (tissus, doublures, toiles, fils, etc.) et SURTOUT la volonté d’aller vite (toujours plus vite). Rentabilité, toujours plus !
En grande mesure, on ne vous parlera JAMAIS de coûture en point arrière et d’autres techniques de confection réellement pertinentes. On vous parlera de « customisation » et de détails horribles qui n’ont rien à faire (la plupart du temps) sur des vêtements habillés. Enfin, habillé est peut-être un grand mot tant on voit d’abrutis se faire faire des « bespokes » qui sont tout sauf habillés. Le plus incroyable est qu’on ne parle aujourd’hui qu’avec des mots qui ne veulent rien dire réellement, en plus d’être de pures vues de l’esprit : bespoke, sartorial, etc.
A Paris, par exemple, il y a vraiment de quoi tristement rigoler. Les prix facturés sont le double (ou presque) des meilleurs tailleurs britanniques (à travail équivalent, entends-je), le travail beaucoup moins qualitatif (si tant est qu’il puisse même être comparable) et des tissus au piètre rendu. Paris, et la France en général, est devenu le centre mondial de la « plouquerie » vestimentaire. Croisés immondes, cran parisien, revers disproportionnés (en étroitesse ou en grosseur), irrespect de l’aplomb du tissu, marquage (ultra-)prononcé des plis de repassage, absurdité des tailles basses, déphasage des lignes de taille, etc., il en faudrait des dizaines de lignes de texte pour répertorier ce qui ne va pas.
Si la France a accueilli, par le passé, une bonne concentration d’excellentissimes tailleurs et couturiers (des vrais, pas comme Arnys et Cie), reconnus dans le monde entier, la réalité est tristement autre aujourd’hui. Par ailleurs, la clientèle cible des ateliers de confection est désormais ceux qui n’y connaissent rien et/ou ceux au portefeuille bien garnis.
Combien de « clients » de grande mesure savent ce qu’est une fourche de pantalon et les répercussions liées au réglage de ladite fourche ? Par contre, tout le monde fait le fier en parlant de sa « milanese » horrible qui ne lui servira jamais à rien et qui lui aura été facturée 200 euros sans le savoir, ou de ses épaules « napolitaines » … comme si Naples était la seule ville au monde où l’on y trouve un tel montage d’épaule.
Pour résumer, le costume d’aujourd’hui (PàP, demi-mesure et grande mesure) est devenu un outil de masturbation intellectuelle fait à base de grandes idioties marketing. Et les acquéreurs de tels produits ? Des gens qui suivent des courants « d’influenceurs » sans rien connaître à quoi que ce soit. Qui connaitrait Cifonelli, Ranno, Pen, etc. sans les « influenceurs » ? Personne, ou presque. Les meilleurs tailleurs au monde n’ont pas besoin de faire de bruit, car on sait qu’ils sont là. Ahah, on le voit tristement dans les photos de l’article de Sartorialisme ci-dessus. Il n’y a PAS UN SEUL costume qui tombe bien, même si « R G » essaie de faire contre mauvaise fortune bon coeur en essayant parfois de voir quelques « micro-réussites » isolées. Je le comprends, il y a de quoi s’offusquer en voyant de telles horreurs !
La belle époque du costume, du smoking, de la queue de pie, de la jacket, etc. est bien loin. Il en va de même dans tous les domaines vestimentaires. Mieux vaut ne pas aborder la question des souliers et des chemises. Gloups, ça coince !
Si je n’ai aucun intérêt particulier à dire cela, autre que celui de l’honnêteté intellectuelle, Sartorialisme est le seul blog qui a le mérite de dire que ce que la plupart des gens connaissent, idolâtrent, espèrent ou imaginent est de la pourriture en barre vendue à prix d’or. Si seulement les gens avaient idée du point auquel on les prend pour des idiots. Le pire, dans tout cela, est que les prix (tous domaines confondus) n’ont jamais été si élevés et la qualité, en retour, si mauvaise.
Pour citer Henry Ford, « c’est peut-être assez bien que les gens de la nation ne connaissent pas ou ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, car s’ils le savaient, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin ». Cela est, en définitive, tout à fait applicable à beaucoup de domaines et, à fortiori, au monde du vêtement. A 5 euros chez Zara, on sait qu’on a pas grand chose à attendre de ce qui est acheté. A 8 000 ou 9 000 euros un vêtement en grande mesure, soit quasiment le prix d’une voiture citadine neuve, c’est autre chose ! Idem pour une chemise à 700 euros (clin d’oeil à la Place Vendôme).
C’est la verité, bravo
Je suis d’accord avec tout l’essentiel de votre pavé, cependant l’on ne peut pas repprocher à des gens de découvrir des tailleurs célèbrent par le biais d’influenceurs moins profane qu’eux.
» Pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! « . Moi même j’ai découvert ce très bon blog par un heureux hasard, et tout le monde n’a pas la chance de tomber sur une mine de bons conseils enfoui au fin fond d’internet. D’ailleurs quelles sont les bon tailleurs existant dont vous parlez ?
Je suis 100% d’accord avec vous. Dire « les meilleurs tailleurs sont à l’étranger » et « eux n’ont besoin d’aucun relai de communication pour être connu »… je veux bien passer pour un plouc ignorant qui demande de grands revers dans des tissus « sapeurs » (mais grâce à ce blog et à d’autres, au moins les proportions sont a minima respectées et il faut faire des erreurs pour s’en garder la prochaine fois) mais lorsqu’on n’y connait RIEN, qu’on a AUCUNE relation à l’art tailleur (familiale ou collègues), je suis navré de vous livrer ce constat mais les influenceurs et blogs sont notre seule pitance. Parfois empoisonnée, certes, parfois des mets exquis.
Après, tout le monde n’a pas la bourse pour se payer plusieurs fois un Paris-Tokyo (ou Seoul car personnellement, et je suis peut-être un gros pigeon, mais j’aime bien les tailleurs coréens de BNTailor) et y rester de 50 à 100h au lieu de visiter ledit pays pour se faire faire un unique costume. A la rigueur, Paris-Londres est plus économique je vous l’accorde.
Une liste, je vous en serai gré pour longtemps
Je suis d’accord avec vous sur certains points. En revanche, le fantasme du tout fait main m’exaspère un peu et pour moi est une méconnaissance du métier (car si vous êtes tailleur j’en serai très étonné), n’y a-t-il pas dans les ateliers tailleur et ce depuis longtemps des machines à coudre comme la Singer 31k15 ou Pfaff 138 ? (les machines à coudre à l’époque étaient à entrainement au pied…). La machine moderne date de 1851 et il est très rare depuis 1870 de voir des vêtements entièrement cousus main (c’est-à-dire point coulé + point perdu quelle utilité pour les lignes droites pantalon *4 etc. si ce n’est que pour un passionné qui voudrait faire une pièce d’avant la révolution industrielle).
La piqueuse plate n’est donc pas le Mal absolu arrêtons, sachez que la plus grande partie de son temps un tailleur bâti et cela se fait à la main ce qui représente un travail colossal (pour quelque chose qui n’apparaîtra pas sur le costume finale). Après certaine innovation on permit d’améliorer le confort pour le tailleur la machine à piquer les revers Strobel pas celle automatique (qui coûte une fortune et est réservée à l’industrie) mais celle « à piqûre roulante » qui nécessite un savoir-faire car ce n’est pas le premier plouc du net autoproclamé spécialiste du point revers (petits chevrons) qui saura s’en servir. Il en résulte un gain de temps considérable et un entoilage aussi propre qu’un fait main !
Par exemple, j’ai un costume de mon arrière-grand-père qui doit dater d’avant 1920 fait par un petit tailleur de village dans les règles de l’art. Pourtant il est surpiqué nervure à la machine à plusieurs endroit les revers du gilet, des poches pantalons, de la doublure, des poches passepoilées, etc. Et je peux vous assurer que les détails et les finitions sont mille fois supérieur au 100% fait main tutto fatto a mano handcrafted d’aujourd’hui. La redingote qui fait le raccord entre couture des manches et petit côté de la veste chose qu’un certain tailleur ne semble plus s’embêter à faire pour les Immortels autoproclamé philosophe…
Pareil lisez le blog de Laliquette ancien de chez Lanvin les chemises sont faites machine ça n’enlève en rien la qualité de l’ouvrage une fois portée (je reconnais volontiers en revanche que les tarifs charvet, courtot etc sont excessifs selon moi).
Mais rabattre les épaules à la main, si ce n’est pour l’esthétisme n’a que peu d’intérêt en revanche plusieurs chemisiers parisien semblent avoir arrêté les boutonnières main pour des boutonnières machine. Là l’intérêt en plus d’être esthétique (lorsqu’elle est parfaitement exécutée) est d’éviter l’effilochage du tissu, car on coupe avant de coudre, tandis qu’à la machine on coupe après ce qui est moins résistant…
Une autre chose résumer l’art tailleur à Paris est très réducteur déjà à Paris il y a encore des tailleurs qui facture entre 2000 et 3000€ et dans les autres villes de France il y a des tailleurs à 1500€ et qui surtout travaille (pas comme ceux dont vous parlez qui passent plus leur temps derrière et devant leur objectif de téléphone…). Tout ça pour dire qu’il existe encore de vrais tailleurs honnêtes pratiquant des tarifs normaux vis-à-vis du temps de travail passer sur un ouvrage.
Pareil pour les fer à repasser sec de 5kg, ceux qui ont les moyens d’investir ont maintenant des fer à vapeur plus léger donc que les fers sec couplés avec des tables aspirantes qui permettent le même rendu que les fers tailleurs lourds et contraignant physiquement.
Je me répète mais c’est un peu pour répondre aussi au fait 100% main de l’article maroquinerie pour reprendre les termes utilisés ; vous croyez que Jenifer d’instagram/tiktok avec une piqueuse plate va vous fabriquer quelque chose d’intéressant ??? Non elle finira surement aux urgences en revanche « tatie Gisèle » ou pépé Jean Louis du fin fond de son village même s’il se sert d’outils « modernes » (laissez-moi rire) possède un réel savoir faire qui ne s’acquiert pas juste en faisant des ronds et des carrés sur un papier ;).
Une autre donnée que les gens oublient souvent grâce à internet on fantasme beaucoup sur avant c’était mieux ou ah les beaux objets d’avant ils savaient faire exemple meubles en bois ancien (avec vrais essence de bois laissées reposé des années avant de s’en servir pour un meuble). Eh bien sachez que les gens du XVII, XVIIIeme etc. n’avaient pas tous ce genre de meuble et loin de là donc les artisans avec un réel savoir faire qui à traverser nos époques s’adressaient à une clientèle dont on aurait jamais fait parti à l’inverse peut-être qu’au moins on aurait pas bavé dessus, le vrai malheur de notre société actuelle est peut-être de vouloir ce qu’on ne peut avoir et de fantasmer sur quelque chose qui était mieux avant mais de toute manière n’aurait pas été pour nous…
P.S. : Donc si votre employeur vous dit dorénavant vos rapports vous allez me les calligraphier avec enluminure parce que c’est un savoir faire qui disparait et puis « c’est plus zolie » vous allez acquiescez dans son sens (la mairie à répondu pour vous fini les livrets de nos parents et grands-parents écrit à l’encre par certainement le seul employé de la mairie sachant calligraphié)
Merci pour votre commentaire qui a le mérite d’avoir été écrit avec passion.
Je suis toutefois en désaccord avec une partie de celui-ci.
Vous évoquez des tailleurs français dont « les prix facturés sont le double (ou presque) des meilleurs tailleurs britanniques (à travail équivalent, entends-je), le travail beaucoup moins qualitatif (si tant est qu’il puisse même être comparable) et des tissus au piètre rendu ».
Il serait intéressant, pour la clarté de votre propos, de savoir quels tailleurs français sont visés ici. Et par conséquent, à quels tailleurs britanniques vous les comparez.
Entendons-nous sur le fait que les meilleurs tailleurs britanniques et français sont généralement internationalement reconnus. Ce sont de ces derniers dont je parle, et ma compréhension est que nous parlons des mêmes (mais je me trompe peut-être).
Les prix pratiqués pour un costume deux pièces par les plus grands tailleurs anglais débutent généralement au-delà des 5000£ (environ 6000€). A titre d’exemple, Huntsman démarre à 7000€, Henry Poole 6300€, Anderson and Shepard 6100€ et Edward Sexton un peu moins de 7000€ (les tarifs sont variables en euros en fonction de l’évolution du change, et sont issus de lectures sur le web, notamment le blog de l’ami Simon cher à Autarcie, et d’une vidéo de Kirby Allison sur les prix du Bespoke)
Les Cifonelli, Camps de Luca, Smalto ou Berluti pratiquent également des prix autour des 7000-7500€. Un tailleur comme Kenjiro Suzuki est proche des 6000€.
Nous sommes assez loin du « double (ou presque) » que vous évoquez. Mais peut-être ne parlons-nous pas des mêmes maisons (dont je ne suis pas client, pour préciser).
Je ne ferai pas de commentaires sur vos remarques concernant la qualité du travail des tailleurs français. Je vous invite toutefois à regarder une interview de Joe Morgan, de la grande maison Chittleborough and Morgan, qui est dithyranbique sur le travail de finitions des grandes maisons françaises (facilement trouvable sur YouTube). Il est reconnu pour sa grande qualité de finition, il fait même des coutures incroyables sur les entoilages qui s’apparentent à de la broderie. Il a par ailleurs formé Michael Browne qui fait lui aussi un travail merveilleux facturé à des prix conséquents (plus de 6500£).
Pour moi, deux des traits (parmi d’autres) de la « plouquerie » c’est d’être péremptoire et trop évasif dans ses affirmations.
PS: Vous me pardonnerez si les tarifs évoqués ne sont pas exacts à l’euro près.
Excellent article. Technique, clair, équilibré. Merci.
Merci pour ce nouvel article. Plus je réfléchis et plus je me dis qu’il vaut mieux acheter en seconde main : si la coupe n’est pas parfaite, on a au moins une bonne excuse et on a évité de dépenser un saladier. Ou alors, si on n’est pas contraint de travailler en costume, privilégier des pièces de reproduction (denim, etc.), pour lesquelles les matières peuvent être bonnes et les coupes n’ont pas besoin d’être aussi précises.
Très bel article dont la conclusion est sans appel: aucune plus-value à faire de la demie-mesure par rapport à du PAP pas trop mal fitté/bien retouché. Ce dernier aurait même tendance à être mieux…car psychologiquement les retouches sont plus facilement envisagées et faites par la client (qui pour une demie-mesure pensera mordicus que le costume lui va comme un gant, puisque sur-mesure, et le conservera tel quel)
Je me demande quand même s’il n’y a pas un léger biais à ne montrer que des tenues ratées: il doit bien y en avoir quelques unes de réussies dans le lot non ? Vraiment ?
Sinon, autant je trouve la lecture de tels articles de critique pure très instructive (les commentaires de coupe) et jubilatoire (le passage à la sulfateuse de nos pseudo-experts des réseaux sociaux) autant je serai preneur de recommandations plus « positives », par ex sur les crémeries où aller pour obtenir un costume décent. En effet, à vous lire je finis par me dire que rien de correct n’est disponible sur le marché et désespère de savoir quoi acheter. Peut-être un article à venir sur le sujet ? (par ex, est-ce une bonne idée d’acheter chez Suitsupply ou Spier et de faire retoucher ? Si oui, quelles coupes vous paraissent les plus intéressantes chez ces gens-là et quelles retouches s’imposent en général, de par les éventuels défauts de ladite coupe)
Un grand bravo pour votre travail, cet article était un grand cru.
Il n’y a pas vraiment de biais de sélection, on montre ce qu’on a trouvé. Vous pouvez faire l’essai en allant par exemple dans le topic consacré à Lanieri sur depiedencap. Certaines tenues ratées ne figurent d’ailleurs pas dans l’article car elles présentaient les mêmes défauts que les autres. Et puis l’article inclus quand même quelques tenues moins ratées, provenant d’ailleurs en général d’influenceurs, à croire qu’ils bénéficient d’un traitement de faveur. Il est évident que si vous cherchez suffisamment, vous allez finir par trouver des exemples qui sont mieux réussis mais ils ne reflètent pas la majorité des cas. Le seul biais de sélection concerne la nature des réseaux sociaux utilisés, l’article ne porte que sur des gens qui disent s’intéresser un minimum au vêtement, on n’a donc pas ou peu d’exemples de clients qui achètent un costume en demi pour un mariage ou un entretien pour ne plus jamais y toucher. Mais je doute très fortement qu’ils soient mieux lotis…
En ce qui concerne SuitSupply, la marque devient de moins en moins intéressante. Son heure de gloire remonte vraiment à 2017, depuis ça s’est beaucoup dégradé mais ça reste une option valable pour un petit budget. Il faut éviter les pantalons ou les croisés. Au niveau des coupes ça se joue maintenant entre leur Havana, leur Lazio et leur Sienna j’ai l’impression. La coupe Washington est la plus slim. Pour les retouches, impossible à dire ça va dépendre de votre morphologie.
Spier & Mackay est une alternative parfaitement valable. Les pantalons sont moins slims que ceux de SuitSupply. Il faut se méfier aussi au niveau des croisés, ils ne sont pas tous coupés de la même façon et parfois le bouton du bas est aligné, parfois il ne l’est pas. Au niveau des coupes en revanche c’est brouillon. Vous avez la neo cut, la neapolitan cut et puis le reste est sans nom. Peu importe la coupe, il faut en revanche toujours prendre le fit contemporary au moment de choisir la taille. Il faut en revanche payer les douanes, mais une partie est « remboursée » par la marque lors de votre prochaine commande, c’est une façon pour eux de pousser à la consommation mais ça permet de limiter l’impact des taxes.
Merci pour votre réponse. Ma foi, si vos tenues sont représentatives de ce qui est fait pour des connaisseurs cela fait assez peur…
Merci, pour vos commentaires sur Suitsupply et Spier également. J’aurais pensé que la coupe Napoli aurait plus vos faveurs, étant la plus classique: pas assez cintrée peut être?
Bonne continuation,
Pour la coupe Napoli c’est un simple oubli de ma part.
Pour SuitSupply ça va dépendre de ta morphologie aussi le mieux étant d’essayer. Par exemple pendant longtemps je préférais la coupe Havana pour ma morphologie et la Lazio aussi pas trop mal en revanche la sienna ne me va pas du tout. Puis j’ai essayé « la spalla » et « Jort » et pour moi elles ont un tombées parfait etc. Seulement ces deux dernières coupes n’existent plus parfois dans les outlets aux pays-bas et belgique.
Mais peut-être qu’avec ta morphologie ça sera un autre modèle voir aucun (cf. une chaîne Youtube qui avait totalement critiqué les coupes de chez SuitSupply mais eux ont apparemment des bras démesurés et aussi je trouve ils sont, comme dit Cristine, en « H » avec du bide or SuitSupply est très cintré donc pas pour tout le monde…
Bonjour,
selon vous, d’un point de vue pratique, quelle plage de mesures pour une veste permettraient d’avoir un fit optimal (en supposant un bon patronnage)?
Empiriquement, basé sur mon expérience, j’en suis arrivé aux déductions suivantes:
tour de poitrine (veste) = tour de poitrine (corps) + [8-10 cm]
tour de taille (veste) = tour de taille (corps) + [8-10 cm]
épaules à épaules (veste) = épaules à épaules (corps) + [0-2cm]
Avez-vous un avis sur la question?
Merci
Bonjour,
C’est plus compliqué que cela malheureusement. Le tombé d’un costume n’est pas qu’une simple histoire de rationalisation arithmétique.
Merci pour cet article très intéressant et toujours pertinent.
Un question par contre : N’y aurait-il pas dans les règles que vous évoquées un peu de dogmatisme vs la réalité du corps gens ? L’exemple me vient de la hauteur des poches vs le dernier bouton. Sur un corps parfaitement proportionné 1M85 cela me paraît pertinent. Mais par exemple quand on a les jambes assez courtes et un torse haut, on a malheureusement assez peu le choix d’avoir une veste « pas trop longue » (je ne parle pas de ras-pet) et accentuer la longueur des jambes et, si on veut bien marquer la taille avoir un point de boutonnage relativement bas. Donc si on veut garder la cohérence de la veste il me semble qu’on a malheureusement pas le choix d’avoir des poches un peu plus haute / boutons plus bas ? Ou alors il faut faire du 1 bouton…
On le voit même chez certains tailleurs de renom ce point (pas assez expert pour juger sur le fond de leur travaux ) :
– Aloisio : https://www.instagram.com/p/CPa6rmcBSV-/?utm_source=ig_web_copy_link
– Sexton : https://www.instagram.com/p/BvQy90jhESN/?utm_source=ig_web_copy_link
– Dalcuore : https://www.instagram.com/p/CfHXuT1DNeQ/?utm_source=ig_web_copy_link
Donc ma question : N’est-on pas obligé de faire quelques concessions sur certains points pour en obtenir d’autres quand on a pas des proportions parfaites ?
Merci,
Charles
https://i.imgur.com/VzvH3GN.jpg Hussein de Jordanie et Giscard. Deux extrêmes, pourtant la veste est structurée d’une façon identique. https://i.imgur.com/y12pVK8.jpg Nasser, pourtant plus grand, a une veste moins bien proportionnée.
En ce qui concerne le croisé: https://i.imgur.com/CeEkeuJ.jpg Cocteau faisait 1m70. Les proportions sont respectées. Il y a certes des altérations mais bien moins que ce qu’on peut penser. Vous pouvez aussi regarder tous les croisés A. Caraceni.
Un bon article (comme nous y a habitué ce blog que je prends un vrai plaisir à lire). Le même constat pourrait s’appliquer à certaines enseignes de grande mesure. Pour tempérer le diagnostique général assez déprimant sur la demi-mesure, l’auteur aurait pu néanmoins citer quelques exemples très positifs comme Jean-Manuel Moreau dont les résultats sont quand même d’une grande maîtrise et régularité. Certes on est à 2400 euros le costume.
https://www.instagram.com/p/CfreCwsrAgI/?igshid=MDJmNzVkMjY=
Ça c’est du revers ! Même Nadal il en a pas un comme ça !
Et l’épaule droite ? Aussi nette que la victoire de Macron aux législatives !
Merci pour cet article intéressant et approfondi. En voyant les photos, on ne peut qu’être d’accord avec votre analyse: ces costumes sont ratés, et pasxqu’un peu. C’est même inconcevable que Lanieri ait laissé partir des clients comme ça.
Peut-on pour autant en conclure que ces exemples désastreux sont reprėsentatifs des réalisations de Lanieri? Les avis sur internet semblent indiquer que l’immense majorité de la clientèle est très satisfaite. Cependant, il est probable que cette clientèle n’ait pas la connaissance ni l’expérience nécessaire pour apprécier une bonne coupe.
A mon humble avis, la demi mesure telle que proposée par Lanieri peut donner satisfaction à deux conditions :
1) ne pas faire les mesures soi-même mais se rendre dans une de leurs boutiques,
2) maitriser les notions de base sur les proportions, les matières et les couleurs.
Avec ces conditions, je crois qu’on peut arriver à un très bon résultat.
Je me trompe peut-être mais les photos présentées dans l’article montrent certainement des costumes réalisés sur la base de mesures approximatives prises par les clients eux-mêmes, sans consulter les vendeurs de Lanieri.
J’espère que Lanieri répondra à cet article et expliquera comment ils travaillent et comment leur service client conseille (ou pas) les acheteurs, et accepte (ou pas) de refaire gratuitement un costume raté.
Toute cette laine gâchée, c’est à en pleurer.
Bonjour, je découvre votre blog et je dois avouer que sa lecture est vraiment rafraîchissante,on se croirait aux belles heures de l’internet de la mode masculine des années 2000 et début 2010.
Quant à cet article, il est très juste, la France est de moins en moins bien habillée, et ce n’est pas que la faute des « clients ». Que de gâchis ! La demi-mesure est une bonne idée au départ, qui est plus ou moins équivalente au PAP+retouche dans l’approche et permet de faire d’une pierre deux coups, mais aujourd’hui la valeur ajoutée est quasi nulle pour un prix souvent bien supérieur. Les deux sont faits dans les mêmes ateliers, avec les mêmes patrons, et la seule chose qui diffère ce sont les ajustements et les fioritures sartorialisantes.
Finalement, le Suitsupply retouché par le tailleur du coin reste la meilleure façon de « bien » s’habiller lorsque l’on n’a pas 2 smics à mettre dans un costume.
Tout n’est pas si sombre, il y a donc un boulevard à prendre pour de jeunes tailleurs dont la cervelle n’a pas encore été pourrie par instagram et ses influenceuses aux revers de 30cm.
Malheureusement la France ne forme plus de jeunes tailleurs et les derniers sortis se sont précipités sur la demi-mesure et le marketing.
Quand je pense qu’en 2005 je m’en sortais avec mon tailleur napolitain pour 800€ de main d’œuvre pour un deux pièces (sans facture hein car il était déjà à la retraite)…Et je parle de grande mesure, pas de petite, demi etc
Le problème est qu’il y a 20 ans encore en Italie vous pouviez acheter des costume tout à fait corrects en PAP, grâce aux drops, et les défauts étaient marqués par des vendeurs qui connaissaient comment devait tomber un costume et corrigés par des tailleurs qui travaillaient sur les retouches à des prix quand même proportionnés aux couts des originaux (je dirais max dans le 20% du prix de départ).
Aujourd’hui plus personne connaît les bases, ni les vendeurs, ni les clients, et les petit retoucheurs ont disparus. Donc on est tous habillés comme des merdes sauf si on a un physique absolument proportionné.
Bonjour et merci pour cet article et votre travail en général.
J’ai une question qui concerne la règle de l’alignement de la ligne de poches avec le deuxième bouton inactif lorsque les poches sont inclinées.
Le deuxième bouton doit alors être aligné sur le point haut ou le point bas des poches ?
Tjs un plaisir de parcourir les réflexions et explications de ce blog! Je me sens seul parfois a être à contre-courant qd je dénonce les méthodes des marques pour vendre leur m** via les « influenceurs »
À ce sujet, je vois la tête du jeune Ivan (!) : jeune étalon fougueux qui pratique le tapinage massif pour se faire remarquer auprès des marques, gorge déployée de rigueur, revente des articles sur son vinted en toute discrétion, on touche à la crème de la crème !! Dans pas lgt il va pondre un article sur une montre Oris et/ou une parka Nobis je ne serai pas surpris ^^
Bonjour et merci pour cet article lumineux !
Faut-il mettre tout le monde dans le même panier sur la démi mesure ? Je m’habille principalement chez Husbands et je ne remarque pas ces défauts. Qu’en pensez-vous ?
Excellent article commis par vos soins, toujours documenté et appuyé par des images. Je regrette, c’est personnel, les insertions publicitaires qui truffent le site et qui ne facilite pas la lecture de l’article.
Vous écrivez, je vous cite « Le principe de l’alignement du bouton inférieur avec la ligne de poche remonte aux années 30/40 et est plus harmonieux qu’un boutonnage placé trop haut ou trop bas. »
Avez-vous des sources à partager sur ce point. Car je note après observation que c’est effectivement plus harmonieux mais à partir de quel document tailleur produit, reproduisez-vous cette « règle ». Est-elle d’inspiration anglaise? française? italienne.
Excellente journée,
Malheureusement rien n’est gratuit, les insertions publicitaires sont en dehors de notre contrôle et servent à payer l’hébergement du site ainsi que ses frais de fonctionnement. Nous vous recommandons d’utiliser un bloqueur de publicité si cela vous dérange.
C’est un principe d’harmonie qui relève tout simplement de l’esthétisme et du bon sens général. Il n’y a pas de source à énoncer, c’est une esthétique qui s’est développée partout de façon organique sans qu’un Jacomo n’ait eu besoin de la professer à ses (con)disciples.
Dans les années 20 la mode est aux silhouettes juvéniles et les proportions servent à renforcer cela. On le retrouve dans les gravures de mode de l’époque comme dans les tenues à l’internationale, vous avez ici Céline en 1918, Gabriele D’Annunzio et Cesare Pascarella aux alentours de 1922 et Édouard VIII en 1920.
À partir des années 30 cela change et le bouton devient en ligne avec la poche, cela restera la « norme » même durant les années « preppy ». Même sur des vestes très longues. Édouard VIII est encore un parfait exemple, même avec une veste aux poches très inclinées, ou sur un croisé.
Enfin, et bien que cela ne soit pas votre question cette harmonie est valable peu importe la taille. Louis de Funès et Mishima mesuraient aux alentours d’1m65, le bouton est bien aligné.
Bien à vous
Bonjour, merci pour ce très bon article et plus généralement pour votre blog, c’est une vraie mine d’or.
Je suis surpris de retrouver Scavini dans cette liste, j’en avais de très bon échos du côté des pantalons en PàP et son blog est excellent, il est certain qu’il connaît les canons qui font qu’une veste est correctement proportionnée. Je suppose que le problème vient de l’atelier et/ou du client, il est probable que l’atelier ne permette pas un ajustement suffisant au niveau du patronage lorsque le client veut raccourcir la veste, ce qui conduit à ce genre de bricolage.
Aussi, quid des manteaux? Il est encore plus difficile de trouver une crémerie de qualité pour ce qui est de la coupe, et recourir à de la demi-mesure industrielle revient à jouer à la roulette russe. C’est une pièce dont on parle beaucoup moins et qui est pourtant essentielle.
Bonne journée,
Merci.
Papier très intéressant et très déprimant…
Déprimant également l’inculture et la fainéantise des vendeurs et des zinfluenceurs. Si peu de progrès en tant d’années pour ces derniers.
Je trouve tout de même les deux premières vestes de chez Howard’s jolies.
Je crois que je vais continuer à acheter des vestes de seconde main et continuer à me faire l’œil.
Bonjour, merci pour cet excellent article et pour ce blog qui reste un des seuls à proposer ce genre de contenu.
Il est en effet bien regrettable que la qualité ait si généralement disparu de notre monde. Quel que soit le domaine finalement, on ne fait plus que de la daube. Et, tristement, ça semble satisfaire nos contemporains : le goût a disparu également, ce qui ne leur permet plus de reconnaître la qualité. C’est l’ironie de l’histoire : en fait, tout le monde (à part vos lecteurs) est content. Ceux comme nous qui s’en plaignent passent pour des pénibles inadaptés.
J’ai quelques pièces de chez Suit Supply, certaines en PàP et d’autres en MTM, et je peux confirmer que la plus-value en termes de coupe est quasi nulle. L’intérêt est de choisir son tissu et les « options » (type de poches, de doublure, d’épaule, nombre de boutons) et de corriger quelques détails comme la hauteur du bouton fonctionnel (malheureusement sans pouvoir modifier le patronage en conséquence, comme vous l’avez amplement démontré).
Le MTM n’est donc pas à rejeter absolument, mais à condition de ne pas le payer trop cher et de le prendre pour ce qu’il est : essentiellement le moyen d’obtenir un modèle qui n’est pas au catalogue en PàP.
Quant à obtenir un produit qui tombe bien, les commentaires précédents mentionnent déjà l’important : ça dépendra surtout de votre morphologie (si vous êtes plutôt « standard » ça peut passer), il faut aller en boutique, il faut connaître les bases pour exiger les modifications nécessaires. J’ajouterais que le dialogue avec le vendeur va être primordial : vous devrez vous battre et ne rien lâcher (parce qu’il va immanquablement vous dire mais non c’est pas comme ça que ça se porte). Je ne sais pas si c’est vrai, mais Julien Scavini prétend que toutes les mesures sont prises par lui-même et son blog démontre depuis de nombreuses années que c’est quelqu’un auprès de qui on devrait pouvoir obtenir de bons conseils. Il se plaint d’ailleurs assez régulièrement d’être contraint, pour satisfaire ses clients, de faire des choses qu’il n’approuve pas. (C’est d’ailleurs amusant de comparer les photos de lui-même avec celles de ses réalisations…) Finalement, les vendeurs seraient le principal axe d’amélioration pour toutes ces marques : s’ils avaient au moins quelques notions d’anatomie, de l’art tailleur et de l’histoire du vêtement, ils pourraient guider le client et pour les cas où celui-ci est lui-même intéressé, il lui serait peut-être possible d’obtenir quelque chose de pas trop mal fichu.
Mais pourquoi ces marques chercheraient-elles à s’améliorer puisque ça marche et que la plupart des clients sont contents ?
Merci pour cet article.
Commentaire laissé uniquement dans le but du référencement.
Merci, et bonne fin d’été.
SF.
Merci pour cet article éclairant. Pourriez-vous élaborer sur JM Moreau ? Les revers sont en effet très larges mais j’avais la sensation que la qualité du travail était correcte, votre réponse précédente sous forme d’une simple image me fait craindre que vous ne partagiez pas mon opinion.
Au delà des revers clownesques, l’on remarque tout de suite que la veste est disproportionnée, regardez les boutons et les poches, ça ne va pas du tout. Difficile de dire pourquoi, si le problème vient des patrons d’origine ou s’il y a eu une grossière adaptation du patronage mais peu importe, la veste est ratée.
Bonjour,
Je reviens sur la question de l’alignement du dernier bouton par rapport à la poche sur une veste croisée.
En vérifiant sur l’une de mes vestes croisées (en demi mesure fabriquée dans une célèbre usine roumaine) j’ai effectivement noté que le dernier bouton était légèrement en dessous de la ligne de poche.
Si, pour la prochaine veste, je demande que ce dernier bouton soit placé plus haut, cela implique donc que l’ensemble des boutons soient réhaussés non ?
Idéalement oui.
Malgré les quelques problèmes de patronage que l’on peut trouver ici et là, je remarque surtout que dans la majorité des cas, les costumes qui ne sont pas réussi, sont portés par des gens qui ne sont pas vraiment réussi non plus.
Bonjour,
Merci beaucoup pour cet article très intéressant.
Dans la continuité des commentaires précédents, quelle enseigne conseillez-vous donc pour un costume correctement coupé à un prix abordable (500-600) ?
Spier & Mackay semble intéressant mais est totalement en ligne, j’ai l’impression que cela va demander beaucoup de retouches pour possiblement un résultat moyen, quelle est votre moyen de fonctionner ?
La seconde main peut être intéressante mais demande malheureusement beaucoup de temps
Tout d’abord bravo et merci pour tout cela
Avez vous des livres a conseiller ? , Des marques qui font bien leur job et sinon des details a faire attention en plus de tout ceux abordes.
Une sorte de Checklist dans le cas ou j’irais faire du MTM
Bonjour,
Le seuls livres qui existent sont ceux destinés aux tailleurs et qui exposent des détails de fit, comme par exemple le livre de Roberto Cabrera. En dehors de cela, le reste c’est de la littérature interne des marques de demi, littérature qui sert à la « formation » des vendeurs. Mais ça n’est pas disponible publiquement. On peut réfléchir à faire une sorte de check-list sur le site, à voir.
Chers auteurs,
Merci —encore— pour cet article de qualité, qui vient détruire les mensonges marketings de certaines marques bien connues et ayant pignon sur rue.
Ce que l’on peut vous reprocher est toutefois que vous détruisez, sans reconstruire. Il n’est pas bien utile de savoir ce qu’il faut fuir si l’on ignore quoi désirer.
Quand ferez-vous des recommandations sous forme de guides pour les costumes (le modèle des tranches de prix adopté pour les chaussures était bien pensé) ?
Bien sincèrement.
Bonjour et merci,
Je ne sais pas s’il y aura un jour un guide du costume car même si c’est demandé et que nous savons que tous les blogs, influenceurs, youtubeurs etc en font car c’est ce qui marche le mieux, c’est totalement dénué d’intérêt. Pour la simple raison qu’il y a une majorité de paramètres qui sont individuels et qu’il est donc impossible de ne pas tomber dans un exercice encyclopédique. L’adéquation coupe/morphologie est un élément capital et il existe simplement trop de coupes et de physiques différents pour parvenir à faire un synthèse efficace. Dans la chaussure c’est différent, certes l’adéquation pied/chaussant est tout aussi importante que celle coupe/morphologie. Mais les formes ne changent pas, au contraire des patrons PAP, par exemple, la coupe Havana actuelle chez SuitSupply n’a plus grand chose à voir avec ce qu’elle était à l’origine. Pour continuer à prendre SuitSupply en exemple, la marque a la réputation de faire du slim et c’est exact, mais c’est un style qui peut parfaitement convenir à quelqu’un de menu. De la même façon (et c’est aussi quelque chose qui ne se retrouve pas en chaussure), un costume bien coupé pour quelqu’un aura l’air atroce sur quelqu’un avec une antéversion du bassin, ou tout autre problème de posture, sans que la marque soit en cause. Imaginez maintenant qu’il faut procéder de cette façon pour toutes les marques qui existent, toutes les coupes, et tous les physiques. C’est impossible. Et c’est d’ailleurs là la faiblesse de la demi: un patron plus ou moins identique pour tous, « adapté » par des modifications multiples (et anarchiques). De fait, il faudra se contenter de donner des informations très génériques. C’est pour ça que le blog a une orientation différente qui vise à forcer le lecteur a se faire sa propre culture du vêtement et surtout à former son œil. Et c’est là où je ne suis pas d’accord quand vous dites que nous ne reconstruisons pas, il y a au contraire des informations qui visent à « former » le lecteur disséminées absolument dans tous les articles. La série « la bonne coupe » aborde des questions de proportions, les articles sur la seconde main parlent des finitions, et il existe des articles sur les accords motifs/couleurs etc…
Bien à vous
Bonjour,
En relisant cet article je me suis fait la réflexion que beaucoup des problèmes mis en avant provenaient probablement du goût prononcé pour des costumes trop slim.
En effet, il me semble que si la coupe n’est pas bien exécutée, tout de suite le tissu va être en tension a plusieurs endroits et créer des plis, car il y a peu d’espace. Comme on le voit sur les problèmes de manches ou de pantalon dans cet article.
A contrario un costume ample me semble plus tolérant et dès lors qu’on fait attention au point de boutonnage et à la largeur d’épaules, le rendu sera acceptable.
S’agissant du point de boutonnage, je le vois d’ailleurs quelques centimètres au dessus du nombril si on veut vraiment le situer à la taille (soit l’endroit le plus étroit du torse)
Enfin, de par mon humble expérience, j’ai l’impression que beaucoup des défauts type plis excessifs ou creux disgracieux sont aussi dus à des tissus trop légers dans les costumes modernes, qui tombent moins bien forcément qu’une laine à 350g.
Et pour finir, ce n’est que mon avis et il vaut ce qu’il vaut, c’est qu’il faut sans doute hiérarchiser les défauts et accepter les plus minimes car il semble bien difficile de trouver un costume qui réussisse la quadrature du cercle. Pour ma part, les points non négociables sont d’avoir une veste qui couvre les fesses et boutonne à la taille, associée à un pantalon assez haut pour éviter le « shirt triangle ». La plupart des modèles Pap ne passent pas cette étape (veste trop courte, pantalon taille basse) Dans un second temps, j’essaie de maximiser le tombé et le cintrage. Le reste, je vis avec.
Un guide sur le costume serait un vrai plus je trouve sur ce blog, pas tant pour les marques que pour les recommandations de tenues (couleur, motifs, accords cravates, souliers, chaussettes, chemises) En effet, contrairement au dépareillé le costume (généralement professionnel) laisse moins de liberté et les fautes de goût sont rapidement grandes. A contrario il est également difficile dans ce cadre de s’extirper d’une certaine fadeur.
Salutations
Bonjour à tous,
J’ai travaillé pendant plusieurs années pour une des marques que vous défoncez régulièrement dans votre blog. Si je reconnais que des fois vous y allez un petit peu fort, la plupart des reproches sont amplement mérités. Sous le chant des sirènes du marketing se cache bien évidemment une réalité infiniment plus laide, résolument industrielle, qui trompe (malheureusement) encore beaucoup trop de monde à mon goût.
Il faut savoir qu’il y a quelques années encore cette entreprise cherchait à recruter uniquement de véritables passionnés ayant parfois une vraie formation de tailleur, ou tout du moins de très solides connaissances en la matière. En outre, l’entreprise avait embauché un vrai maître tailleur, ayant fait ses armes chez les grands de ce monde, qui nous assistait quotidiennement pour x ou y raison. C’est ce que j’appellerais l’âge d’or de cette entreprise, qui fut éphémère.
Récemment il y a eu un changement total de la direction, les clés ont été confiées à des boeufs qui n’y connaissent rien, qui n’y comprennent rien et qui ne s’intéressent à rien. Une de leurs premières actions fut de virer manu militari le maître tailleur car, selon eux, il ne servait à rien dans ce monde du sur mesure (sic!). Puis suivirent une à une toutes les personnes les plus compétentes qui ne cadraient plus avec la nouvelle direction que prenait la marque, dont moi. Ils embauchent désormais uniquement des vendeurs qui feront « vivre une belle expérience en boutique ». Peu importent leurs connaissances techniques ni même leurs intérêts pour le monde tailleur en général! En gros, c’est devenu la fête du slip!
Si les horribles costumes que vous avez utilisés comme exemple d’illustration n’étaient autrefois pas la norme, force est de constater qu’aujourdh’hui la tendance s’est totalement inversée. Sur la fin de ma carrière, voir des gens dépenser 1000, 1300 voire même 1700€ pour un costume et recevoir une horreur absolue en guise de résultat, où tout était à jeter, me faisait mal au coeur pour eux.
Oui mais alors, pourquoi laisser partir le client avec cette horreur ? Il y avait plusieurs cas de figure possibles :
assez rare, le client n’y connaît rien et pour lui sur mesure = merveille. Il est incapable de remarquer un collar gap et s’extasie pour un rien. Nous avions ordre de la laisser partir avec l’horreur même si cela nous faisait une mauvaise publicité (éthique professionnelle au ras des pâquerettes) car le client est satisfait.
encore plus rare, le client a des goûts de chiottes et demande volontairement un costume désastreux comme une veste d’une longueur de 67.5cm alors qu’il mesure 1m88, une veste trop cintrée pour laisser apparaître le X d’inconfort, un bas de pantalon qui colle au mollet ou encore un pantalon qui laisse 8cm de cheville apparente. On sait pertinemment que le résultat sera hideux mais on se plie aux désirs du client.
cas le plus commun, le client a un minimum de connaissances et remarque qu’il y a quand même quelque chose de foireux. Il a une date butoir qui approche, pas le temps de refaire la confection, tentative de sauvetage en retoucherie. Dans un cas sur deux il n’y a aucune nette amélioration par rapport au premier essayage, il n’a pas le choix, il en a besoin pour la semaine prochaine, il a dépensé plus de 1000 balles, tant pis il portera le costume foireux à la date imposée et ne reviendra jamais.
cas similaire au précédent mais le client n’est pas pressé et n’a pas de date butoir. On lui refait une confection de A à Z, il vient faire un nouveau essayage et le résultat n’est toujours pas à la hauteur de ses espérances. Nous avions ordre de tenter un sauvetage en retoucherie et d’informer le client que, si le résultat n’est pas à la hauteur des espérances, c’est parce qu’il est hors norme du patronage industriel qui présente des limites. S’il veut un résultat optimal il doit se tourner vers le bespoke, s’il n’est pas content c’est le même tarif, merci et au revoir. On ne le reverra jamais.
Voilà pourquoi vous trouvez de nombreuses photos de ces horreurs sur internet. Non pas forcément que le vendeur n’était pas assez qualifié pour ne pas le remarquer. À titre personnel, sur la dernière année de ma carrière, j’estimais que 9 costumes sur 10 étaient à mettre au feu.
À l’heure actuelle la marque jouit encore d’une belle image, même si elle a perdu de sa superbe, et ceci en dépit du fait qu’elle soit promue par des gros tocards en guise d’influenceurs.
On ne le répétera jamais assez mais un prêt-à-porter de qualité, bien retouché, est infiniment plus qualitatif qu’un piètre sur mesure.
Du coup après avoir lu tout que faire?
Tous les « tailleurs » sur mesure sont nul à priori et les bespoke intouchable pour le commun des mortels.
Reste le PAP mais quelle marque a une bonne coupe?