Avant-propos
Salut les ploucs, c’est bientôt l’été, c’est l’heure de montrer vos petits biscotaux saillants sur les plages, et il semble donc opportun de parler d’un classique du vestiaire estival : le polo.
Je ne vais pas aborder l’origine historique du polo en tant que vêtement dans cet article ; je réserve cette partie pour un autre article passablement débile, qui sera un pot-pourri de toutes les stupidités que l’on rencontre dans le microcosme sartorial.
À la place, je préfère donc prendre un autre point de départ, qui est plus arbitraire, mais aussi beaucoup plus utilitaire, à savoir la place qu’a ce vêtement dans le vestiaire masculin. On parlera quand même un peu de l’histoire de la pièce, mais uniquement de façon anecdotique.
Pour une raison que j’ignore, la sphère "sartoriale" française a longtemps délaissé le polo, allant parfois jusqu’à le moquer, car "pas assez formel". C’est bel et bien une citation ; je précise, car il faut en tenir une couche pour reprocher son manque de formalité à un vêtement décontracté.
Enfin, ce n’est guère étonnant quand on sait que la vaste majorité des gens dans notre microcosme se prennent pour le grand Gatsby et que, dès qu’ils sortent de leur appartement tout Ikea, c’est le bal de Sissi l’impératrice dans leur tête.
J’exagère à peine, mais nous aborderons cette question plus en détail dans un article dédié au vestiaire estival. Sachez simplement que certaines personnes ont une aversion pour le polo car ce sont des idiots.
Heureusement, les temps changent. Le polo s’est aujourd’hui largement imposé, et il est désormais rare – bien que pas encore impossible – de croiser, en plein centre de Paris, un ahuri dégoulinant dans un complet en lin ou en seersucker par 30 °C. Et que l’on ne me parle pas d’impératifs professionnels : ces gens le font par plaisir masochiste, et non pour respecter un quelconque dress code.
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Paul
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Le polo, cette pièce d’apparence anodine qui, sous ses airs de simplicité, cache un génie vestimentaire insoupçonné. Figurez-vous qu’en des temps reculés, l’élégance était affaire de broderies excessives et de dentelles à n’en plus finir — heureusement, l’Histoire a eu la décence de rectifier le tir. Le polo, lui, a su s’imposer comme un compromis divin entre la rigueur du col et la souplesse du tissu. Ni trop guindé pour se prendre au sérieux, ni trop négligé pour passer pour un touriste égaré dans une station balnéaire.
Sa véritable noblesse réside dans sa versatilité : porté avec un pantalon bien taillé, il confère cette distinction feutrée qui sied aux esprits raffinés. Associé à un bermuda, il devient le complice d’une dolce vita maîtrisée. En coton piqué, il conserve ce petit relief qui lui donne du chien ; en maille fine, il se métamorphose en alternative chic, le genre à faire croire que l’on s’est habillé en pensant aux circonstances, alors que, c’était surtout une question de commodité.
Cependant, il y a des écueils à éviter — même la grandeur textile a ses faux pas. Le polo trop ajusté ? Une tragédie grecque qui souligne les moindres proéminences corporelles avec une cruauté sans nom. Trop ample ? On bascule immédiatement dans la catégorie « marin à la retraite ». Et le col trop mou, flasque comme une crêpe oubliée au bord de l’assiette ? Un désastre. Le polo peut être victime du syndrome du panneau publicitaire… Un fléau moderne où le logo de la marque s’étale avec une arrogance insolente transformant le porteur en homme-sandwich. Le polo de coton piqué rentré dans le pantalon — l’apogée du contresens stylistique et personne n’a envie d’avoir l’air d’un serveur d’hôtel des années 70. Ensuite, la question du polo à rayures… Sujet sensible, mais l’ordre doit être rétabli. Les rayures sur un polo sont souvent un pari risqué, une tentative d’originalité qui, dans 90 % des cas, tourne au désastre.
Alors, comment assurer sa dignité textile ? Simple : coupe irréprochable, col robuste, couleur sobre mais racée. En somme, assumer des choix qui témoignent d’un certain respect pour la civilisation. L’époque où l’on habillait les aristocrates en fanions de carnaval est révolue.
Reste la question des manches courtes / manches longues. Mais voilà, il y a une règle tacite qui régit cette dualité : l’âge. À vingt ans, un polo à manches longues porté négligemment sur un pantalon plat peut passer pour une tentative d’élégance bohème ; à cinquante ans, il devient une marque de sagesse assumée. Inversement, un polo à manches courtes passé un certain âge peut donner cette impression désastreuse d’un homme tentant désespérément d’arrêter le temps. Coco Chanel détestait les minijupes. Elles découvrent le genou, une partie de l’anatomie qu’elle jugeait inélégante. Le coude de l’homme serait-il le genou de la femme ? (On pourra relever subtilement les manches et, lorsque l’âge l’autorise, pourquoi pas donner au col une impulsion vers le haut.)
Ainsi, que les réfractaires au polo transpirent sous leurs costumes étriqués, quelques âmes avisées, savourent leur aisance avec distinction. Et n’oublions pas : mieux vaut un polo bien porté qu’un blazer mal assumé.
Pour ce qui est des polos manches longues où courtes, j’aurais tendance à penser qu’aujourd’hui, l’âge fait moins l’affaire que des bras « présentables ».
Si tu as 2 allumettes flasques en guise de bras à 30 ans, abstiens toi du port de manches courtes.
Sans être un TiboInShape neuneu pour autant, si tu restes un « senior » aux bras « présentables », le port du polo manches courtes à La Baule, sierra à ravir avec ta Porsche pour aller te ridiculiser auprès de la GenZ. 😉