Avant-propos
Nous sommes en guerre, en guerre vestimentaire. Nous ne luttons ni contre une armée ni contre une autre nation, mais l'ennemi est là. Ils sont là. Ce sont eux, nos vrais ennemis, puissants, organisés, habiles, déterminés. Vous les croisez dans les rues, dans les campagnes ou sur la toile, bien souvent masqués, aussi haineux que lâches. Vous les connaissez. Le parti des agents du désastre. Les instruments du pire. Les ploucs atteints du syndrome du perroquet mort. Ils sont là.
Bon, allez, j'arrête les vannes à tiroir. On va parler du syndrome du perroquet mort. Ne cherchez pas ce syndrome dans le DSM-5, je n'ai pas encore eu le temps de le faire reconnaître comme une maladie psychiatrique par la communauté médicale, mais ça n'est qu'une question de temps.
Les plus assidus auront reconnu dans le syndrome du perroquet mort une référence à un sketch des Monty Python, comme nous l'avons déjà abordé dans notre Do & Don't n°17, pour ceux qui ne savent pas de quoi nous parlons, ça se passe ici. Le perroquet étant une représentation allégorique des couleurs bariolées arborées par de nombreux zélégants sur leurs pochettes de poitrine. La pratique n'est pas nouvelle, cela fait bien longtemps qu'il y a des gentlemen taxidermistes qui s'emploient à mettre des animaux morts dans leur poche de poitrine pour des raisons qui dépassent l'entendement.
On pourrait penser qu'avec la tendance actuelle à la décontraction vestimentaire (Simone Crumpet vient de découvrir la chemise en denim...), ce syndrome serait en voie d'extinction. Ça n'est malheureusement pas le cas, notamment à cause des cosplayeurs d'Instagram.
Originellement, la pochette avait une fonction purement utilitaire, puisqu'il s'agissait d'un simple mouchoir, destiné à éviter l'utilisation de la manche comme pouvaient le faire les classes populaires. Petit à petit, la pochette s'est transformée en ornement, c'était déjà le cas bien avant l'invention du mouchoir en papier en 1924. Elle est devenue une sorte de symbole sans que l'on sache vraiment ce qu'il y avait bien à signifier. Aujourd'hui, les codes du vêtement classique sont totalement anachroniques, ils ne représentent plus grand-chose si ce n'est des sujets pour des débats stériles entre zélégants officiant sur les zinternets. Même la Bible des ploucs, "Dressing the Man" d'Alan Flusser, reconnaît dans un de ses épîtres que dans bien des cas "une pochette blanche ou bleue clair" suffit amplement. Pourquoi certains ignorent-ils ce commandement ? Mouvement schismatique ? Les zélégants ont bien trop l'esprit moutonnier pour cela. Hérésie ? Les zélégants ont bien trop peur de l'enfer pour cela. Société secrète ? On s'imaginerait qu'elle aurait recours à quelque chose de plus discret, comme une poignée de main, par exemple. Reste la dernière option, la plus évidente vous me direz : maladie. Mais encore faut-il trouver la nature de cette maladie. S'agit-il d'une forme de daltonisme ? De toute évidence non, puisqu'ils sont attirés par les couleurs bariolées. La raison serait donc de l'ordre du trouble psychique.... La médecine débat toujours, une hypothèse alternative serait qu'il s’agirait en réalité d'un Hanky Code.
Symptomes et manifestations cliniques
Commençons donc par voir les manifestations de ce trouble, le symptôme principal est l'adoption d'un perroquet mort, qu'ils positionnent ensuite dans leur poche de poitrine.
Il existe des variantes quant à la façon dont se présente la pathologie. Par exemple, certains arrangent leur perroquet de façon à faire croire que ce dernier va prendre son envol. Ne les contredisez pas en essayant d'expliquer qu'un perroquet mort ne peut pas voler. Ils risqueraient de devenir agressif, comme c'est le cas ici:
D'autres, au contraire, sont terrifiés à l'idée que leur précieux volatile ne se fasse la malle et vont jusqu'à lui attacher une chaîne aux pattes. Là encore, toute tentative de raisonner le malade est futile. À l'heure actuelle, il n'existe pas encore de thérapie capable de soigner ces cas désespérés.
Les personnes âgées sont également une population à risque, surtout s'il s'agit de boomers insupportables. Ces gens sont presque aussi galeux que les cyclistes urbains.
Un autre exemple de stade terminal, mais en Italie cette fois, où un pèlerinage du nom de Pitti Uomo est organisé. Des milliers de fidèles s'y pressent chaque année, dans l'espoir d'une guérison. C'est le plus grand rassemblement européen de cas désespérés après Lourdes.
Certains deviennent de véritables jardins zoologiques:
D'autres exploitent leur maladie et se lancent dans la publicité, ici la nouvelle mascotte pour la boisson Tropico:
Bien évidemment, nous ne restons pas ici les bras croisés à nous moquer. Nous avons mis en place une structure pour la prise en charge de ces malades.
Dans nos asiles… heu, hôpitaux, nous tentons tant bien que mal de rassembler ces pauvres âmes égarées afin d'éviter qu'elles ne contaminent la population. À grand coup de médicaments et d'électrochocs, nous tentons de les ramener à la raison. Et bien évidemment, nous prenons soin de leur bien-être. En plus des nombreuses activités ludiques (dessin, zumba, reniflage de derrière…), nous organisons parfois des concours de perroquets morts pour que nos patients puissent mettre des mots sur leurs maux. Voici donc la sélection "Perroquet d'or 2024"
Nous travaillons avec les plus grands spécialistes du milieu. Notamment Hugo Chavez Divizio, du Johns Hopkins Hospital.
L'autre étant Didier Marcello Mastroianni, de l'université Italienne de Bologne
Enfin, pour compléter cette analyse très poussée du syndrome, nous allons parler de deux variants qui sont plus rares, mais particulièrement virulents. Le premier est celui dit du "perroquet historique". Au lieu d'avoir des couleurs bariolées, le patient exhibe une scène tirée bien souvent de tableaux de maîtres ou d'œuvres classiques, comme c'est le cas ici:
Dans ce cas, notre traitement est le suivant :
Notre traitement est le suivant :Le second variant dit de la "fiente de perroquet". Cette fois-ci, le perroquet se trouve en compétition directe avec les revers du porteur. Le perroquet se sentant menacé sur son propre territoire prend alors son envol (métaphoriquement, je rappelle que ces perroquets sont morts) laissant ses déjections dans la poche du porteur. Cette tache est parfois blanche, parfois d’une autre couleur, tout dépend de l’alimentation de l’animal.
Exemple ici:
Ou encore là (le perroquet avait visiblement une alimentation radioactive)
Bien évidemment, notre recherche n'aurait pas été complète sans donner la parole aux taxidermistes qui réalisent ces perroquets morts et les proposent à la vente. Notre question a été simple : est-ce un business profitable ?
Voici leur réaction:
Comment éviter la contagion?
Déjà, ne pas être un plouc, ça aide. Aujourd'hui, le principe de base de la pochette est… de ne pas avoir d'utilité. Nous l'avons déjà dit, c'était à l'origine un simple mouchoir destiné à recevoir les sécrétions nasales, c'était d'autant plus vrai à une époque où le tabac à priser était encore à la mode. Nous avons déjà établi que c'est un ornement et à ce titre, vous pouvez parfaitement vous en passer. Je vais aller plus loin et dire que dans 90 % des cas, une pochette est parfaitement superflue. Elle n'apporte absolument rien à la tenue. Et je parle là d'une pochette parfaitement banale, pas d'un perroquet mort. Pire, l'exercice est périlleux, puisqu'une pochette mal choisie peut vous faire tomber dans le plouquisme très rapidement. Il y a des mongoles qui estiment que puisque la pochette n'a plus d'utilité elle est appartient au le domaine "de la frivolité", du "fun" et donc de la "décontraction". Relisez le début de la phrase, et vous savez ce que je pense de ces déductions qui sentent le QI à deux décimales.
Dans le cadre des tenues "décontractées", la pochette est bien souvent totalement superflue comme vous pouvez le voir ici:
Deux tenues pour ainsi dire identiques. L'une sans pochette, l'autre avec. L'apport visuel de la pochette est négligeable. Il n'est pas non plus désagréable dans la mesure où la pochette se fond dans la tenue, mais il est parfaitement possible de s'en passer.
Le même principe de tenue, mais avec une pochette blanche. Même sans la moustache de simp, ça fait tout de suite un peu plouc.
L'idéal pour une pochette est soit de rehausser (légèrement) la tenue, soit de se fondre dans cette dernière.
Toujours dans un registre habillé, la pochette blanche peut éventuellement être utilisée pour rehausser un costume gris, car souvent perçu comme austère.
Sans pochette:
Un simple pochette blanche relèverait l'ensemble, même si à mon sens la tenue fonctionne parfaitement sans.
Même principe, mais sur un costume bleu, le conseil est particulièrement valable si la cravate tranche assez peu avec la tenue.
La pochette doit être cohérente avec le reste de la tenue.
Il n'y a pas vraiment besoin d'en faire plus:
À moins d'être un Sapeur Congolais qui se branle sur ses pochettes Sulka comme il le ferait avec des culottes usagées achetées sur internet, il n'y a pas besoin d'en faire des tonnes: