Le roulé du revers est fait par combinaison d’un travail au fer et du piqué du revers (soit à la main (des points en forme de V), soit à la machine strobel). Pour que cela tienne, il faut déjà une base solide. Cette base solide est obtenue par l’assemblage des différentes couches (toile et laine, voire percaline mais la percaline est de moins en moins utilisée même en montage traditionnel). On trouve des surpiqûres autour de la ganse pour maintenir une certaine netteté du revers (sur les bords). On va ensuite venir faire le piqué évoqué plus haut pour modeler le revers (lui imprimer plus ou moins de roulé), ceci fait, on vient écraser le revers contre la poitrine (partie haute du revers). La résistance mécanique de l’assemblage plus haut va créer le roulé (on a une différence entre le haut du revers plaqué au fer, et le bas du revers qui n’a pas été travaillé au fer, cette différence de traitement couplée à la structure du revers va faire que le revers sera « sous tension » et va rouler un peu comme une feuille de papier que vous viendriez écraser sur votre bureau d’une main en laissant l’autre extrémité libre, où lorsque vous branchez un câble à une prise, la structure du câble fait qu’il va rouler sur lui même, si le câble était très souple il ne roulerait pas autant sur lui-même).
On peut aussi créer un roulé de revers sur une base thermocollée. Ce sera le même travail au fer. Le roulé sera moins durable dans le temps, et moins « nerveux » car il ne sera pas tenu par les différentes couches piquées évoquées mais soit par des différences de thermocollé (il existe différentes techniques de thermocollage, quand on dit qu’une veste est « thermocollée » ça recouvre toutes les opérations de thermocollage, suivant ce qu'on veut conférer à la veste, on va thermocoller certaines zones seulement et avec différents types de thermocolles. Le fabricant peut également jouer sur le plastron voire les différentes parties du plastron (il peut y avoir une ou plusieurs toiles qui le compose) et des autres composants (suivant la rigidité du plastron on peut le « doubler » ou non, c’est l’aspect un peu « ouaté » qu’on peut sentir entre la doublure et le plastron)
Quand on vous dit qu’une veste est semi entoilée, en réalité c’est une veste entièrement thermocollée mais dont le revers est entoilé avec un piqué strobel (par la force de chose, sauf si le fabricant se fait chier à faire une veste thermocollée mais avec des revers entoilé à la main mais bon j’ai de forts doutes. En général sur ce type de produit on trouve des « finitions main », ce qui signifie qu’on va faire une milanaise sur une boutonnière machine pour la camoufler, bref tout est fait machine pour on va rajouter quelques bricoles à la main pour pas cher (genre coudre les boutons à la main), les lecteurs sont décidément de vrais pigeons à défaut d’être de vrais ploucs).
Souvent, les blogs vous diront de pincer votre veste pour vérifier si vous sentez une couche intermédiaire entre le tissu extérieur et la doublure. Vous ne sentez rien? Bravo c’est du thermocollé bas de gamme, vous sentez quelque chose alors que c’est du PAP milieu de gamme? Bravo c’est juste un thermocollé avec un plastron. Aucunement un entoilage.
De toute façon on peut toujours trouver de l’entoilage en fibre synthétique et non en crin de cheval (ou un mélange avec du lin, de la laine etc).
L’entoilage sert à donner certaines caractéristiques esthétiques au costume (le roulé du revers par exemple), offrir un meilleur suivi des mouvements et des courbes du corps, mais également à renforcer la solidité de la veste en distribuant les forces des contraintes mécaniques (le poids du bas de la veste et également le poids de ce qu’il y a dans les poches) afin d’éviter que tout ne soit retenu par le tissu de la veste, ce qui aurait pour conséquence un costume qui se déforme en plus de se fragiliser (pour les mêmes raisons, on utilise des renforts au niveau des épaules pour contenir le poids de la manche).
En bref, quand on parle de semi entoilé, n’imaginez pas que le bas de la veste est en thermocollé et le haut avec un plastron en crin de cheval monté à l’ancienne par un italien moustachu avec des petites lunettes rondes. Le tout est arrosé de thermocolle, et sur la poitrine (de l’épaule au bas des pectoraux) on fout un plastron en tissu synthétique qui servira « d’entoilage », puis on pique le tout au strobel avant de foutre un coup de fer. Suivant l’épaisseur et la rigidité du plastron (matière et nombre de couche) on va insérer ou non une sorte de doublure (en coton ou en synthétique un peu « ouaté » pour éviter de sentir la rigidité du plastron sur notre torse), on dit merci à cette couche ouatée de nous protéger contre cet entoilage synthétique, grâce à elle on peut se sentir sartorialiste pour peu de frais et snober les ploucs sur le RER A.