Passaggio Cravatte: histoire d’un scandale

Avant-propos

Les illustrations de cet article ainsi que les légendes qui les accompagnent jouent un rôle important dans la narration de cette affaire. Prenez soin de les lire en intégralité sous peine de manquer des points importants. Si certaines images sont trop petites, il vous suffit de faire un clic droit dessus et de choisir de les ouvrir dans nouvel onglet pour qu’elles apparaissent dans leur taille originale.

L’industrie de “l’élégance” est une excroissance cancéreuse de l’industrie du luxe, elle-même création de la bourgeoisie qui tel M Jourdain, rêvait d’être mais ne pouvait que paraître. Le véritable luxe statutaire étant réservé à ceux qui étaient et n’avaient donc point besoin de paraître. Explication de texte pour les cons : le luxe c’est un truc de parvenus et l’élégance un truc de ploucs parvenus. Il suffit de regarder les vedettes du milieu pour s’en convaincre. La parade des suçons.

Il s’agit donc d’un marché de niche, essentiellement destiné à une frange limitée de la population (Dieu merci) qui se croit détentrice d’un savoir sibyllin millénaire oublié par ses contemporains et envers lequel il pense avoir un devoir perpétuel. L’élégant se sent investi d’une mission sacrée qui le met au ban de la société, une quête divine dont il cache le coût à sa compagne, sans qu’il n’en sache lui-même précisément la nature ou le but. Il le sait, il le sent, la perpétuation d’une tradition vestimentaire oubliée repose sur ses épaules, il se DOIT de parfaire son élégance et pour cela il est à la recherche constante de la perle rare, du Saint Graal de la sape, d’une pièce exceptionnelle qui comblera un instant la vacuité de son existence. Au fond, l’élégant est un pigeon, un pigeon bon à plumer, sa quête l’exposant souvent cul nu à toute une bande de maquereaux en recherche constante de nouveaux clients. Et c’est justement l’histoire d’un de ces maquereaux que nous allons vous raconter aujourd’hui.

Enfin, ne vous emballez pas trop vite. On ne va pas vous présenter un Christophe Rocancourt, il n’en a pas le physique, ou un Jordan Belfort, il n’en a pas l’envergure. Néanmoins, un escroc aussi petit soit-il, demeure un escroc et Gianni Cerruti fait honneur à la profession. Bien que le nom soit le même, il n’a aucun lien de parenté avec Nino Cerruti fondateur du groupe Cerruti, il est simplement un petit “journaliste” de mode, du moins c’est ce qu’il racontait à une époque. Car comme tous les Italiens Gianni est un peu mythomane. C’est cette même mythomanie qui l’a poussé à s’imaginer maitre cravatier ès enculade. En tant que cravatier il n’est pas brillant, mais en matière d’enculade, grande lavoro, bellissimo, molto macaroni! Superbe.

Le protagoniste principal de cette sombre affaire, signore Gianni Cerruti, cravatier dilettante et mythomane patenté. (Source : Musella Dembech Milano)
Le protagoniste principal de cette sombre affaire, signore Gianni Cerruti, cravatier dilettante et mythomane patenté. (Source : Musella Dembech Milano)
La genèse du mal, Gianni est crapule de naissance et raconte comment déjà à l’époque il se faisait passer pour ce qu’il n’était pas. (source : L&A)
La genèse du mal, Gianni est crapule de naissance et raconte comment déjà à l’époque il se faisait passer pour ce qu’il n’était pas. (source : L&A)

Les premières années dans la cravate.

Alors, je vous vois venir, vous allez me dire “mais comment devient-on maitre cravatier” ? Vaste question. Je peux vous dire qu’il faut deux choses : du savoir-faire et du tissu. Dans le cadre de Gianni, tout commença entre 2010 et 2011 quand lui et Martha Passaggio fondirent Passaggio cravatte. L’objectif de la marque est de proposer des cravates bespoke en tissu “vintage”. Pourquoi vintage ? Parce que comme tous les escrocs Gianni a un fond d’intelligence mal placée, et il sait que c’est un argument de vente qui va attirer tous les dandys en mal d’inspiration et autres élégants de pacotille. Car il faut le savoir, en Italie si vous n’avez pas votre cravate taillée dans le Saint-Suaire à 50 ans, vous avez raté votre vie. Seulement Gianni Cerutti et sa partenaire n’ont suivi aucune formation dans le milieu, dans un sens ce sont des précurseurs de la vague des cyber “artisans” d’école de commerce. Ce sont des néophytes complets. Dès lors comment assurer l’aspect “bespoke” de “leur” production ? Il leur a suffi de trouver un atelier déjà installé. Lequel fabrique des cravates pour d’autres… vous savez, le principe des private label ? En l’occurrence l’atelier en question est situé dans les alentours de Naples et sert entre autres à, Patrizio Cappelli, quelqu'un de plutôt réputé dans le milieu. Voilà qui assurait le savoir-faire. Pour ce qui est du tissu maintenant, c’est on ne peut plus simple. Il se trouve que Gianni a obtenu par l’intermédiaire d’un ouvrier indélicat un lot de tissu Anglais volé…à Patrizio Cappelli, lot de tissu provenant de l’atelier qui à l’époque leur était commun. Patrizio Cappelli l’apprend et l’employé indélicat en question s'est retrouvé avec une tête de cheval mort dans son lit ou a appris à nager dans la baie de Naples avec des plombs aux pieds, on ne sait pas très bien. Toujours est-il que Cappelli décide de ne pas faire de scandale et Gianni, conserve donc le tissu volé, à partir duquel il va faire fabriquer des cravates, ce qui fait de lui un receleur. Pas mal pour un début, mais c’est un peu juste, on ne commence pas un business de vente de cravates uniquement avec un lot de tissu volé. Niveau sélection, c’est pas top.

Cette cravate de Passaggio a été l’une des premières réalisations de la marque et a été fabriquée avec un tissu volé chez Cappelli. (Source : Dessedwell)
Cette cravate de Passaggio a été l’une des premières réalisations de la marque et a été fabriquée avec un tissu volé chez Cappelli. (Source : Dessedwell)
Un lot de tissu provenant de chez Cappelli, le tissu est identifié comme appartement à Cappelli sur l’étiquette, et le dernier tissu est, oh surprise, le même que celui utilisé pour la cravate Passaggio présentée au-dessus. (Source : Dressedwell)
Un lot de tissu provenant de chez Cappelli, le tissu est identifié comme appartement à Cappelli sur l’étiquette, et le dernier tissu est, oh surprise, le même que celui utilisé pour la cravate Passaggio présentée au-dessus. (Source : Dressedwell)

Afin de bien comprendre la suite de l’affaire Passaggio il nous faut maintenant ouvrir une parenthèse sur les méthodes d’impression de la soie.

Les différentes techniques d’impression de la soie.

Il existe trois façons d’imprimer de la soie, la première façon, la plus ancienne correspond à l’impression par blocs. Le principe est simple, l’application complexe. Pour imprimer un motif sur un tissu il faut tout d’abord sculpter le motif dans un bloc de bois. Le bloc est ensuite trempé dans la couleur que l’on souhaite utiliser, et est positionné sur le tissu. L’ouvrier frappe ensuite le bloc avec un maillet garni de plomb pour assurer le transfert de la couleur du bloc au tissu. Il faut utiliser un bloc par couleur et il faut être extrêmement minutieux pour que le motif soit régulier. Inutile de dire qu’il s’agit d’un processus lent. Le simple fait de sculpter les motifs dans un bloc de bois est un art à part entière, pour donner une idée, les artisans qui se chargeaient de cette étape pour la célèbre maison Liberty devaient suivre un apprentissage qui durait… 7 ans. Avec la révolution industrielle et la mécanisation de l’industrie, ce processus a ensuite été adapté à la machine à vapeur. On parlait alors de “roller printing” ou parfois de “calico printing” en référence au tissu de coton communément utilisé à l’époque. En Angleterre, la dernière entreprise à imprimer la soie par blocs était David Evans & Co, elle a arrêté dans les années 80 mais la technique se pratique encore couramment en Inde.

La gravure d’un bloc est une étape chronophage et délicate à réaliser. (Source : Channel 4)
La gravure d’un bloc est une étape chronophage et délicate à réaliser. (Source : Channel 4)
La difficulté du processus tient dans l’alignement du motif et sa régularité. L’exemple utilisé dans ces photos montre un essai raté avec un espace significatif entre deux impressions. Pour s’aider les ouvriers utilisaient des petits repères pour aligner correctement chacun des blocs mais cela laisse une trace sur la soie. C’est d’ailleurs l’un des moyens existant pour repérer une soie imprimée par blocs. (Source : Channel 4)
La difficulté du processus tient dans l’alignement du motif et sa régularité. L’exemple utilisé dans ces photos montre un essai raté avec un espace significatif entre deux impressions. Pour s’aider les ouvriers utilisaient des petits repères pour aligner correctement chacun des blocs mais cela laisse une trace sur la soie. C’est d’ailleurs l’un des moyens existant pour repérer une soie imprimée par blocs. (Source : Channel 4)
La révolution industrielle a mécanisé l’impression par blocs avec les premières machines. Le principe reste le même, mais à la place de blocs de bois on utilise des motifs forgés dans du métal. (Source : Wikimedia)
La révolution industrielle a mécanisé l’impression par blocs avec les premières machines. Le principe reste le même, mais à la place de blocs de bois on utilise des motifs forgés dans du métal. (Source : Wikimedia)

À partir de 1911 une autre technique plus efficace s’est développée : l’impression par cadre, également appelée silkscreen printing en Anglais. Le principe est celui de la sérigraphie, si l’on veut simplifier à l’extrême pour ceux qui sont à la ramasse : l’impression par cadre (plat ou rotatif) revient à utiliser la méthode du pochoir. La sérigraphie est une technique d’impression qui fonctionne avec un écran formé d’une pièce de tissu aux mailles bouchées à certains endroits et ouvertes à d’autres afin de laisser ou non passer l’encre. Une fois l'écran fixé dans le cadre, le sérigraphe dépose l'encre sur le tissu. Avec une raclette d'impression l'encre est forcée au travers des mailles ouvertes du tissu mais elle est bloquée là où les mailles sont bouchées. Cela peut sembler compliqué, mais c’est en réalité assez simple. L’impression par cadre plat est en revanche un processus qui demande beaucoup de place pour son industrialisation. En effet le textile n’est pas une matière rigide. Il n’est par conséquent pas possible d’imprimer la première couleur, de retirer le textile, de laisser sécher l’encre puis de repositionner le textile au même endroit pour imprimer la couleur suivante sans risque de déformation. Pour pallier ce problème on utilise un carrousel sur lequel on fixe tous les écrans, comme sur une ligne de montage. Cela implique d’avoir beaucoup d’espace disponible puisque certaines tables d’impression dites à la lyonnaise font jusqu’à 150 mètres de longueurs.

Une gravure qui va servir à fabriquer un cadre sérigraphique à partir duquel la soie sera imprimée. (Source : Hermès)
Une gravure qui va servir à fabriquer un cadre sérigraphique à partir duquel la soie sera imprimée. (Source : Hermès)
Un ouvrier forçant la couleur à travers l’écran à l’aide d’une raclette. (Source : Medium)
Un ouvrier forçant la couleur à travers l’écran à l’aide d’une raclette. (Source : Medium)
Les tables d’impression chez Hermès, avec au premier plan un cadre. Cette photo illustre bien la place considérable dont il est nécessaire de disposer pour faire de l’impression par cadre plat à un niveau industriel. (Source : Hermès)
Les tables d’impression chez Hermès, avec au premier plan un cadre. Cette photo illustre bien la place considérable dont il est nécessaire de disposer pour faire de l’impression par cadre plat à un niveau industriel. (Source : Hermès)
Le même principe mais à un niveau artisanal. Cette photo est intéressante car elle montre bien la façon dont l’encre traverse le tissu pour colorer aussi bien l’endroit que l’envers. (Source : Ina)
Le même principe mais à un niveau artisanal. Cette photo est intéressante car elle montre bien la façon dont l’encre traverse le tissu pour colorer aussi bien l’endroit que l’envers. (Source : Ina)

La troisième et dernière technique d’impression est la plus moderne puisqu’il s’agit de l’impression par imprimante jet d’encre. Apparue à la toute fin des années 80, l’impression digitale ne se développe réellement que dans les années 90 pour connaître ensuite une croissance fulgurante. Elle utilise un processus similaire à celui que vous pouvez utiliser chez vous pour imprimer une feuille de papier mais bien évidemment adapté au textile. L’impression jet d’encre a deux avantages, elle permet de réaliser un gain de place considérable, ainsi qu’un gain de temps. En revanche l’impression textile numérique a un inconvénient majeur que Gianni semblait ignorer ou du moins il espérait que ses clients l’ignorent, l’encre ne traverse pas complètement le support, l’envers reste donc vierge. Et comme bien souvent pour des raisons techniques le tissu utilisé est blanc, l’envers est blanc. Cela rend les soies imprimées très facilement identifiable, souvenez-vous en, c’est le cœur de notre affaire.

Une imprimante textile. Vous pouvez voir le gain de place et de temps que cette technique permet d’effectuer. (Source : Economyup)
Une imprimante textile. Vous pouvez voir le gain de place et de temps que cette technique permet d’effectuer. (Source : Economyup)
Une impression jet d’encre et le stock de soie blanche chez Robert Keyte Silks Ltd, l’usine utilise également la technique de l’impression par cadre. (Source : FieldGrey)
Une impression jet d’encre et le stock de soie blanche chez Robert Keyte Silks Ltd, l’usine utilise également la technique de l’impression par cadre. (Source : FieldGrey)

Le rôle des influenceurs.

Fermons maintenant la parenthèse technique et revenons à Passaggio. En 2012, Gianni passe à l’offensive, l’opération maquereautage de masse est lancée. Il contacte plus ou moins toutes les grosses gagneuses du milieu. Huguette de Paris, Simone de Londres, et même Justine des Amériques. Toutes les tenancières des blogs en vogue du milieu, Gianni veut le plus beau bordel qui soit. Le One-Two-Two à coté c’est un clapier, le Chabanais ? Un bouge monsieur, un bouge ! Gianni a la taule la plus en vogue de tous les interwebz. À toutes ses gagneuses il donne des cravates gratuites et surtout le même discours : le signore Cerruti est un véritable artisan, ses cravates sont fabriquées à la main comme il y a plus de cents ans. Et ses tissus sont des pièces exceptionnelles, majoritairement anciennes, avec beaucoup d’années sur leur épaules (oui, oui la formule est de Gianni, j’y reviendrai). Après la petite explication sur les méthodes d’impression, vous commencez un peu à le voir venir le truc des soies anciennes ? Toujours est-il que ses gagneuses font leur travail, elles racolent comme si leur vie en dépendait. Avec les superlatifs et tout le toutim tout en ignorant bien évidemment ce qu’elles ont véritablement entre les mains.

Simone de Londres qui vante sur son blog “le style permanent” les mérites des cravates Passaggio. Il est particulièrement content de sa cravate rouge, celle en soie “vintage”. Oui, oui celle avec l’envers blanc. Celle avec la soie imprimée à l’imprimante jet d’encre. Celle qui ne doit pas avoir plus de 10 ans d’âge. C’est pas vraiment vintage, ça, 10 ans. La preuve, c’est le millésime favori d’un Cohn-Bendit ou d’un Duhamel. Quelle surprise, le spécialiste du style permanent ne sait pas de quoi il parle. Notez également la mention des “90 % ” cela va avoir son importance plus tard. (Source : Permanentstyle)
Simone de Londres qui vante sur son blog “le style permanent” les mérites des cravates Passaggio. Il est particulièrement content de sa cravate rouge, celle en soie “vintage”. Oui, oui celle avec l’envers blanc. Celle avec la soie imprimée à l’imprimante jet d’encre. Celle qui ne doit pas avoir plus de 10 ans d’âge. C’est pas vraiment vintage, ça, 10 ans. La preuve, c’est le millésime favori d’un Cohn-Bendit ou d’un Duhamel. Quelle surprise, le spécialiste du style permanent ne sait pas de quoi il parle. Notez également la mention des “90 % ” cela va avoir son importance plus tard. (Source : Permanentstyle)
Sans surprise chez Huguette de Paris les louanges sont également au rendez-vous. Notez les “méthodes centenaires” qui est un gimmick soufflé à sa gagneuse par Gianni qu’il va ensuite répéter ad nauseam à qui veut bien l’entendre. La mention d’une production “exclusivement sur mesure” a été également soufflée par Gianni, alors que ses produits sont vendus en PAP chez un certain nombre de revendeurs. Nous reviendrons également là-dessus plus tard. (Source : Parisiangentleman)
Sans surprise chez Huguette de Paris les louanges sont également au rendez-vous. Notez les “méthodes centenaires” qui est un gimmick soufflé à sa gagneuse par Gianni qu’il va ensuite répéter ad nauseam à qui veut bien l’entendre. La mention d’une production “exclusivement sur mesure” a été également soufflée par Gianni, alors que ses produits sont vendus en PAP chez un certain nombre de revendeurs. Nous reviendrons également là-dessus plus tard. (Source : Parisiangentleman)
Ce qui fait l’attractivité des tissus anciens, c’est en partie leur grande rareté. Dès lors n’est-il pas étrange que Gianni ait beaucoup de tissus “jumeaux” à savoir des lots avec les mêmes motifs mais dans des couleurs différentes ? Enfin qui sait… peut-être a-t-il mis la main sur le trésor de guerre du Duce ? (Source : Parisiangentleman)
Ce qui fait l’attractivité des tissus anciens, c’est en partie leur grande rareté. Dès lors n’est-il pas étrange que Gianni ait beaucoup de tissus “jumeaux” à savoir des lots avec les mêmes motifs mais dans des couleurs différentes ? Enfin qui sait… peut-être a-t-il mis la main sur le trésor de guerre du Duce ? (Source : Parisiangentleman)
À ce niveau le nombre de duplicatas est presque comique pour des tissus prétendument anciens. Étonnamment à l’époque personne n’a tiqué. (source : Dressedwell)
À ce niveau le nombre de duplicatas est presque comique pour des tissus prétendument anciens. Étonnamment à l’époque personne n’a tiqué. (source : Dressedwell)
Gianni en compagnie d’une partie de ses gagneuses au Pitié Uomo. (Source : Parisiangentleman)
Gianni en compagnie d’une partie de ses gagneuses au Pitié Uomo. (Source : Parisiangentleman)

Pour Gianni les affaires commencent à tourner à plein régime, il intègre alors le guide PG d’Huguette. Le fameux guide des maisons “triées sur le volet”. Comprendre par-là, celles qui acceptaient de payer une cotisation pour y figurer. Fin 2013 Gianni visiblement content du succès qu’a eu l’opération maquereautage se dit qu’il est temps de passer à la vitesse supérieure. Il devient alors affilié à Styleforum. Pour ceux qui l’ignorent Styleforum est l’une des plus grosses plateformes de discussion dédiée au vêtement “classique” dans le monde anglophone. Le site offre la possibilité aux marques qui le désirent d’ouvrir un “thread” affilié en échange d’une cotisation, qui à l’époque avoisinait les $600 par mois. Gianni y voit l’opportunité de toucher une clientèle nouvelle, plus internationale et après un court processus d'admission c’est avec la bénédiction de l’équipe administratrice de Styleforum qu’il ouvre son thread en Septembre 2013.

Passaggio dans le guide des plaisirs d’Huguette. Je rappelle que sur le même site on parlait de “la nouvelle référence mondiale de la cravate sur mesure”. À ce niveau ce n’est plus de la flagornerie mais de l’anulingus. (Source : Parisiangentleman via Archive.org)
Passaggio dans le guide des plaisirs d’Huguette. Je rappelle que sur le même site on parlait de “la nouvelle référence mondiale de la cravate sur mesure”. À ce niveau ce n’est plus de la flagornerie mais de l’anulingus. (Source : Parisiangentleman via Archive.org)

L’intronisation du cravateur par StyleForum.

Seulement, comme tous les escrocs qui gagnent un peu trop en confiance Gianni devient négligent et commet plusieurs erreurs. Notamment celle de s’engager auprès d’une communauté anglophone, alors que son niveau d’Anglais est inférieur à celui d’un élève du primaire. Il parle par exemple de “vintage thirst” pour parler de soies anciennes car Google traduit “sete” (soies en Italien) par… thirst, ça en dit long sur son niveau de professionnalisme. Mais ce n’est pas tout, il a bien remarqué que ce que l'on retient de ses cravates, c'est avant tout le fait qu'elles soient fabriquées soi-disant avec des tissus vintages et qu'elles soient “bespoke”. C'était d'ailleurs son plan depuis le début. Aux élégants ploucs pigeons de Styleforum il va présenter l’intégralité de ses tissus comme exclusivement vintage et ses cravates comme étant uniquement bespoke. Seulement souvenez-vous, sa gagneuse Simone, celle du style permanent avait déclaré que 90% des tissus étaient anciens.... Comme tous les mythomanes Gianni commence à se perdre dans ses mensonges. Et en ce qui concerne l'aspect exclusivement bespoke de l'affaire, B&Tailor en Corée du Sud vendent des cravates Passaggio en prêt à porter.... mais Gianni devait s'imaginer que c'était suffisamment loin pour que ses pigeons Occidentaux ne soient au courant. En réalité, il a même plusieurs revendeurs à travers le monde.

Gianni n'a de cesse de le répéter, il ne fait pas de prêt-à-porter. À chaque interview où la question lui est posée, sa réponse est catégorique et pourtant....  (Source: Passaggio & Uptowndandy)
Gianni n'a de cesse de le répéter, il ne fait pas de prêt-à-porter. À chaque interview où la question lui est posée, sa réponse est catégorique et pourtant.... (Source: Passaggio & Uptowndandy)
Des cravates Passaggio prétendument bespoke en vente chez B&Tailor et d’autres revendeurs. Merde, la nouvelle référence mondiale de la cravate sur mesure quand même…. (Source : Dressedwell)
Des cravates Passaggio prétendument bespoke en vente chez B&Tailor et d’autres revendeurs. Merde, la nouvelle référence mondiale de la cravate sur mesure quand même…. (Source : Dressedwell)
Vous remarquerez que B&Tailor ont également des cravates “vintage” à l'envers blanc. La marque prendra ensuite soin d'indiquer la provenance vintage entre guillemets. (Source:B&Tailor via Archive.org)
Vous remarquerez que B&Tailor ont également des cravates “vintage” à l'envers blanc. La marque prendra ensuite soin d'indiquer la provenance vintage entre guillemets. (Source:B&Tailor via Archive.org)
Le premier message de Gianni sur son thread affilié de Styleforum. Plusieurs choses sont intéressantes, et contredisent directement des éléments que nous venons juste d'exposer. La première est bien évidemment l'affirmation faite par Gianni qu'il ne fait que du bespoke. La seconde est qu'il n'utilise que des soies “anciennes” qui “ont entre 40 et 80 ans sur leurs épaules” quand je vous disais que la formule était de Gianni.... Et enfin Gianni ne veut pas ouvrir de boutique car “they are too commercial”. On croirait entendre un collégien puceau qui crache sur le reste de l'industrie musicale alors que son “groupe” ne s'est jamais produit en dehors du garage familial. (Source : Styleforum)
Le premier message de Gianni sur son thread affilié de Styleforum. Plusieurs choses sont intéressantes, et contredisent directement des éléments que nous venons juste d'exposer. La première est bien évidemment l'affirmation faite par Gianni qu'il ne fait que du bespoke. La seconde est qu'il n'utilise que des soies “anciennes” qui “ont entre 40 et 80 ans sur leurs épaules” quand je vous disais que la formule était de Gianni.... Et enfin Gianni ne veut pas ouvrir de boutique car “they are too commercial”. On croirait entendre un collégien puceau qui crache sur le reste de l'industrie musicale alors que son “groupe” ne s'est jamais produit en dehors du garage familial. (Source : Styleforum)

Le reste de l’année 2013 se passe plutôt très bien pour Gianni, c’est d’ailleurs l’année où la recherche “passaggio cravatte” atteint son maximum sur Google. Il y a bien sa tapineuse, Simone de Londres qui lui cause quelques ennuis. Elle se plaint que le tissu choisi pour sa nouvelle cravate (gratuite) n’est pas adapté à une construction 7 plis… ce que Simone oublie de mentionner c’est que c’est de sa faute puisqu’elle a choisi le tissu. C’est un problème assez commun avec les cravates Passaggio car comme les clients (et Gianni) n’y connaissent rien et que de toute façon l’intégralité ou presque du business est fait par mail, personne n’a une chance de vérifier que le tissu choisi est adapté pour être utilisé sur une cravate 7 plis. Ça peut paraître incroyable, mais pour une offre bespoke soi-disant de luxe, la vaste majorité des clients n'ont même pas la possibilité de toucher le tissu qu'ils achètent, ni même de le voir en personne (à l’exception des rares trunk show) Gianni ne prend même pas la peine d'envoyer un bout de liasse ou une sélection de petits morceaux de tissus, tout se fait par mail. Vous pouvez lire notre article “anatomie de la cravate” pour en apprendre plus sur la façon dont est, correctement, fabriquée une cravate, c'est un peu plus compliqué que de couper du tissu et de le coudre.

Non seulement chez Gianni tout se fait par email, mais en plus on paye par virement bancaire ou par Western Union… un système de paiement n’offrant pas la plus grande protection à l’acheteur en cas de conflit, mais c’est probablement un hasard. (Source:Styleforum)
Non seulement chez Gianni tout se fait par email, mais en plus on paye par virement bancaire ou par Western Union… un système de paiement n’offrant pas la plus grande protection à l’acheteur en cas de conflit, mais c’est probablement un hasard. (Source:Styleforum)
Une capture d’écran du fichier Wetransfer envoyé aux clients potentiels. (Source : Dressedwell)
Une capture d’écran du fichier Wetransfer envoyé aux clients potentiels. (Source : Dressedwell)
Simone qui se plaint d’avoir récupéré une cravate au tissu non adapté.... par sa faute. (Source : Permanentstyle)
Simone qui se plaint d’avoir récupéré une cravate au tissu non adapté.... par sa faute. (Source : Permanentstyle)

Cave ne cadas. (Prends garde à la chute.)

Malheureusement pour le petit Mozart de la soie tout va subitement se compliquer à partir d’Avril 2014. De façon fortuite le pot aux roses est découvert par l’un de ses premiers clients qui poste sur Styleforum sous le pseudonyme de C&A. Ce dernier a été surpris de voir Gianni présenter en 2014 sur Styleforum une cravate “vintage” identique à celle qu’il avait fait réaliser par Gianni en 2011 alors que Passaggio venait tout juste d'être crée. Lorsque C&A avait commandé cette cravate en 2011 il avait choisi un tissu provenant de Seteria Bianchi qui n’était pas du tout “vintage” et qui pouvait être remanufacturée sur simple commande à l’usine, il a donc été étonné de voir que Gianni présentait maintenant ce tissu comme ancien, avec beaucoup d’années sur ses épaules. À partir de là commence une “enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçons”…

Gianni présente fièrement la dernière cravate vintage qu’il a “réalisée” pour un de ses “great friend of mine customer” (Source : Styleforum)
Gianni présente fièrement la dernière cravate vintage qu’il a “réalisée” pour un de ses “great friend of mine customer” (Source : Styleforum)
Cravate réalisée dans un tissus qu’il avait déjà utilisé deux ans auparavant pour un autre client, qui malheureusement pour Gianni fréquente Styleforum sous le pseudonyme de C&A. (Source : Styleforum)
Cravate réalisée dans un tissus qu’il avait déjà utilisé deux ans auparavant pour un autre client, qui malheureusement pour Gianni fréquente Styleforum sous le pseudonyme de C&A. (Source : Styleforum)
La réponse de Gianni se montre pour le moins évasive, certes il a bien réalisé une autre cravate dans le même tissu, mais c’est fini, terminé, y’a plus de tissu. C&A est intrigué par cette réponse et va tenter d’en savoir plus…. (Source : Styleforum)
La réponse de Gianni se montre pour le moins évasive, certes il a bien réalisé une autre cravate dans le même tissu, mais c’est fini, terminé, y’a plus de tissu. C&A est intrigué par cette réponse et va tenter d’en savoir plus…. (Source : Styleforum)
Il contacte donc Seteria Bianchi, les producteurs du tissu pour savoir s’il est encore possible d’en commander. Leur réponse ne se fait pas attendre, non seulement il est possible d’en commander, mais ils lui envoient également un exemple des différentes variations de couleurs possibles (non exclusives) sur ce motif, ainsi que les quantités minima de tissu nécessaire pour lancer la fabrication. (Source : Dressedwell)
Il contacte donc Seteria Bianchi, les producteurs du tissu pour savoir s’il est encore possible d’en commander. Leur réponse ne se fait pas attendre, non seulement il est possible d’en commander, mais ils lui envoient également un exemple des différentes variations de couleurs possibles (non exclusives) sur ce motif, ainsi que les quantités minima de tissu nécessaire pour lancer la fabrication. (Source : Dressedwell)

Merde alors, Gianni aurait-il menti ? Petit à petit, tout va commencer à s’éclaircir, l’histoire des tissus volés chez Capelli fait surface, et certaines rumeurs commencent à émerger à propos de l'envers blanc de certaines des cravates Passaggio, et sans que l’on en soit encore arrivé à un scandale à proprement parler un petit nombre d'incrédules commencent à questionner Gianni sur la provenance de ses tissus. Il a beau expliquer être un antiquaire du textile, partir en campagne, faire les poubelles, se déguiser en plombier pour s’introduire chez les gens et découper leurs rideaux il n’en reste pas moins que Gianni ne parvient pas à convaincre tout le monde sur la façon dont il se procure ses soieries soi-disant anciennes. En réalité en plus d’un stock de tissus, imprimés par cadre, relativement ancien mais pas du tout rare puisqu’étant surtout composé de fins de rouleaux provenant de Canepa S.P.A (un revendeur de tissu en Italie) il utilise également des tissus Anglais récents qu’il fait passer pour Italiens et vieux. Et surtout, il utilise des tissus récents imprimés à l’imprimante jet d’encre qu’il fait passer pour des tissus imprimés “à l’ancienne” comme il y a plus de 100 ans... mais ça vous le savez parce qu'on vous l'a expliqué. À l'époque sur Styleforum, tout n'est pas aussi clair. Devant les critiques, dans un premier temps Gianni feint d’ignorer les problèmes, et surtout joue la surprise et l’émotion. Il est blessé que ses amis clients puissent douter de lui.

Quand les questions commencent à se faire pressantes, Gianni à une réponse toute trouvée. “Why cheat my customer friends ? My buisness would be finished”. La logique est implacable, la commedia dell'arte dans toute sa splendeur. (Source : Styleforum)
Quand les questions commencent à se faire pressantes, Gianni à une réponse toute trouvée. “Why cheat my customer friends ? My buisness would be finished”. La logique est implacable, la commedia dell'arte dans toute sa splendeur. (Source : Styleforum)

Comme toujours dans ces situations, les réactions sont multiples. Il y a d’abord les victimes du syndrome de Stockholm, ils prennent parti pour leur maquereau et sont contents d’être victime, si c’était à refaire, ils redonneraient volontiers leur derrière et le plus drôle est qu'ils sont majoritaires. Il y a ensuite les indécis, ils attendent de voir dans quelle direction le vent tourne avant de prendre position. Et puis il y a ceux qui ne digèrent pas d’avoir payé un “premium” pour un produit qui n’était pas aussi “exclusif” qu’il prétendait être. Le fait est que Gianni est cher… très cher. Ses prix oscillent entre 150 et 220€ mais atteignent parfois plus de 300€. Certaines mauvaises langues disent que si Gianni est aussi cher c’est parce qu’il offre 75 % de sa production à son harem de gagneuses, ses petites influenceuses qui traînent aux quatre coins de l’internet pour vanter les louanges de Passaggio. Devant la pression Gianni commence à craquer et indique qu'il est peut-être possible que, éventuellement, son stock comporte quelques reproductions...

Gianni va finalement admettre que seulement 99.9 % de ses tissus sont anciens, alors que (souvenez-vous) jusque-là il avait toujours prétendu sur Styleforum que la totalité de ses tissus étaient “vintage”. Dans sa réponse il ira même jusqu'à prétendre que dans les interviews qu'il a pu donner à d'autres médias il a toujours mentionné que certains de ses tissus étaient des reproductions.... Mais est-ce bien le cas ? (Source : Styleforum)
Gianni va finalement admettre que seulement 99.9 % de ses tissus sont anciens, alors que (souvenez-vous) jusque-là il avait toujours prétendu sur Styleforum que la totalité de ses tissus étaient “vintage”. Dans sa réponse il ira même jusqu'à prétendre que dans les interviews qu'il a pu donner à d'autres médias il a toujours mentionné que certains de ses tissus étaient des reproductions.... Mais est-ce bien le cas ? (Source : Styleforum)
Voilà au moins deux interviews de Gianni qui prouvent le contraire et où il affirme n'utiliser que des tissus anciens.
Voilà au moins deux interviews de Gianni qui prouvent le contraire et où il affirme n'utiliser que des tissus anciens.
Gianni va aller jusqu’à dire que ses clients mécontents sont en fait des concurrents qui lui font mauvaise presse….  Si jamais vous l'ignorez, un voleur a toujours peur d'être volé. (Source : Styleforum)
Gianni va aller jusqu’à dire que ses clients mécontents sont en fait des concurrents qui lui font mauvaise presse…. Si jamais vous l'ignorez, un voleur a toujours peur d'être volé. (Source : Styleforum)

Afin de ne rien arranger Henry Carter, un autre revendeur de cravates, mais honnête cette fois, explique aux membres de Styleforum dans son propre thread d'affilié la différence entre une impression jet d’encre et une impression par cadre. Vous avez le bénéfice d’avoir eu ce petit topo plus tôt dans l’article, mais pour les ploucs de SF la distinction n’est pas encore bien comprise, malgré le très grand nombre d’experts autoproclamés au savoir millénaire qui parcourent le forum, beaucoup n’y ont vu que du feu. C'est ce que l'on gagne lorsque ce sont les ratés les plus rances qui décrètent le goût du jour.

Henry Carter qui explique sur son propre thread d’affilié, que bon, Passaggio, c’est un peu de l’arnaque quand même. (Source : Styleforum)
Henry Carter qui explique sur son propre thread d’affilié, que bon, Passaggio, c’est un peu de l’arnaque quand même. (Source : Styleforum)
Petit florilège des cravates à dos blanc Passaggio (Source: Uptwondandy, shoeblogsnob, permanentstyle, styleforum, dressedwell, thefineyounggentleman)
Petit florilège des cravates à dos blanc Passaggio (Source: Uptwondandy, shoeblogsnob, permanentstyle, styleforum, dressedwell, thefineyounggentleman)

De fait c'est à ce moment que beaucoup de “customer friends” s’aperçoivent que le dos de leur cravate supposée “vintage” est tellement blanc qu’on lui reprocherait presque la colonisation, le réchauffement climatique, la génétique et tout le reste. Tous ne vont pas apprécier de s'être fait cravater de la sorte et la colère monte. Chez Styleforum c’est la panique, le feu est au bordel, il s’agit de protéger l’enfant prodige et ils font de leur mieux pour tenter d’étouffer l’affaire en supprimant beaucoup de messages et en bannissant quelques membres. Tel un Houdini, Gianni va d’ailleurs disparaitre pendant quelques temps et ignorer ses problèmes car il a un trunk show important à Londres qui arrive. Il va d’ailleurs être accompagné de sa tapineuse Polonaise aux loafers bleus, si vous ne savez pas de qui il s’agit, vous ne manquez pas grand-chose, c’est un énième influenceur morveux spécialement spécialiste, expert du vide, et professionnel artisanal du néant.

Malheureusement au retour de Gianni, la situation ne s'est pas améliorée, de plus en plus questionné sur la provenance de ses soies et sur son éthique en générale Gianni va finir par craquer et se décide à répondre à toutes les critiques qui lui sont adressées dans un message sur son thread d’affilié. Tel un discours présidentiel il multiplie les approximations, contradictions et - bien évidemment – les mensonges. Selon lui 90 % de ses tissus sont vintage, l’air de rien on a perdu 9,9 % de tissus anciens en juste quelques jours… Et puis de toute façon qu’est-ce qu’on l’emmerde, les imprimantes jets d’encres ont au moins 20 ans d’âge alors elles aussi elles sont vintages. Et probablement fabriquées à la main “like 100 years ago”. Tel le roi Midas qui transformait en or tous ce qu’il touchait, Gianni transforme en antiquité tout ce qui entre en contact avec ses mains. Quand on lui demande comment il date un tissu, affront, grando colèro, tout son savoir sur la soierie lui est venu alors que tout jeune bambino il suçait les rideaux en soie de sa grand-mère. Gianni adore la soie, depuis qu’il est tout petit il se roule dedans, il s’essuie le derrière avec, il pense comme la soie, vit comme la soie, Gianni EST la soie.
Il termine par un cinglant, “I'm apologize for this bad situation. And now let me work. I don't care the controversy.”. Merde à la fin, c’est quoi ces empêcheurs d’escroquer en rond. Le navire prend l’eau de toute part mais SF vient, une fois de plus, jeter une bouée de sauvetage à l’enfant prodige en disant qu’il n’est pas question d’accuser Gianni d’activités illicites, et que le problème est donc clos. Le message est simple : achetez les cravates de l’affilié et ne faites pas chier !

La tirade de Gianni est reproduite ici, tel une pierre de Rosette, pour le plus grand plaisir des linguistes.  Ces derniers essayent encore de comprendre le babillage du bambino prodige. (Source : Styleforum)
La tirade de Gianni est reproduite ici, tel une pierre de Rosette, pour le plus grand plaisir des linguistes. Ces derniers essayent encore de comprendre le babillage du bambino prodige. (Source : Styleforum)

Et il s’en est fallu de peu pour que l’affaire s’arrête là, heureusement pour notre plus grand bonheur il n'en est rien. Gianni est un voyou de petite envergure, son affaire c'est 50% de culot et 50% de vide, Il est parti dans la vie du pied d'imposture, il s'imagine cravatier comme Biden s'imagine président. C'est du vent, de la ventriloquie, du spectacle pour caniche. La cour des impuissants mégalomanes. Non seulement il mégote, trafic, ergote, sur la provenance des tissus, mais il entube aussi sur les délais et la qualité de fabrication. Comme nous l’avons expliqué pour passer commande chez lui, rien de plus simple, vous lui envoyez un mail, il vous répond en envoyant un fichier Wetransfer avec l’intégralité de son catalogue de tissus, vous choisissez ce que vous voulez et vous payez. Si vous avez de la chance 3 semaines après vous recevez votre cravate. À moins que ça ne soit 6 semaines, ou 12… ou 6 mois. De plus en plus de personnes se plaignent ne pas recevoir leur cravate… et quand les cravates arrivent (si elles arrivent) elles sont bien souvent défectueuses.

Bien souvent les cravates de Gianni ont des problèmes de dimension, mais elles ont aussi des défauts flagrants, comme des étiquettes cousues à l'envers ou des tissus endommagés. (Source : Styleforum)
Bien souvent les cravates de Gianni ont des problèmes de dimension, mais elles ont aussi des défauts flagrants, comme des étiquettes cousues à l'envers ou des tissus endommagés. (Source : Styleforum)

Autant les premières cravates fabriquées par Gianni provenaient bel et bien d'un atelier réputé, il semble qu'à un certain moment y ait eu un changement dans le lieu de fabrication. Aucune certitude là-dessus, mais à voir les photos de Gianni dans son “atelier” (vous pouvez en voir plus sur ce blog asiatique) on peut imaginer qu'il se partage maintenant la fabrication avec son associée Martha. Ou du moins qu'il assure lui-même certaines étapes de la fabrication... Car quand on voit comment les broderies sont effectuées….

Le travail d’un artisan de talent, sans aucun doute. Les problèmes de centrage sont évidemment là pour souligner la qualité millénaire du travail tuttofattoamano™. (Source: Dressedwell, styleforum, passaggiocravatte)
Le travail d’un artisan de talent, sans aucun doute. Les problèmes de centrage sont évidemment là pour souligner la qualité millénaire du travail tuttofattoamano™. (Source: Dressedwell, styleforum, passaggiocravatte)
Gianni joue au cravatier comme un môme jouerait à la dinette. On appréciera la machine à coudre Singer de bonne mère de famille. Un modèle d’exception utilisé par tous les artisans renommés, Edward Sexton avait la même. (Source: Passaggiocravette, dressedwell)
Gianni joue au cravatier comme un môme jouerait à la dinette. On appréciera la machine à coudre Singer de bonne mère de famille. Un modèle d’exception utilisé par tous les artisans renommés, Edward Sexton avait la même. (Source: Passaggiocravette, dressedwell)

Mais les critiques, moqueries et requêtes légitimes adressées par certains clients lésés vont rester lettre morte, Gianni semble en avoir marre de ses customer friends exigeants et il finira par quitter brutalement Styleforum en Juillet 2014 en ne renouvelant pas son statut d’affilié. Certains ne recevront jamais leurs cravates.

Du côté de l'administration de Styleforum, petit groupe de boutiquiers d'arrière loge, on souhaite le meilleur à Gianni et on passe sous silence le fait d'avoir donné des clients à un escroc. C’est de l’opportunisme de voyou, mais bon, il faut bien payer le crédit de la Porsche. Les acheteurs lésés par Passaggio, sponsor et affilié du forum peuvent aller se faire mettre. (Source : Styleforum)
Du côté de l'administration de Styleforum, petit groupe de boutiquiers d'arrière loge, on souhaite le meilleur à Gianni et on passe sous silence le fait d'avoir donné des clients à un escroc. C’est de l’opportunisme de voyou, mais bon, il faut bien payer le crédit de la Porsche. Les acheteurs lésés par Passaggio, sponsor et affilié du forum peuvent aller se faire mettre. (Source : Styleforum)
Le scandale ne sera pas sans conséquence. Les revendeurs de Passaggio liquident leur stock de cravates “uniquement fabriquées sur mesure”. (Source : Granqvist)
Le scandale ne sera pas sans conséquence. Les revendeurs de Passaggio liquident leur stock de cravates “uniquement fabriquées sur mesure”. (Source : Granqvist)
Le Mozart de la soie ne sait même pas ce qu’est un motif de type “regimental”. (Source Passaggio)
Le Mozart de la soie ne sait même pas ce qu’est un motif de type “regimental”. (Source Passaggio)

Epilogue

Est-ce pour autant la fin de notre faussaire du textile ? Non, bien sûr que non. Il va brièvement disparaître des radars mais relancera son arnaque grâce à Instagram et il aura les honneurs de Forbes, GQ, Newsweek, Esquire… dans des articles où les journalopes armés d’une forte brosse à reluire racontent dix mille flatteries d’enfiotés. Les valets bavent mot pour mot ce que leur dit leur maître Gianni, pas un ne vérifie, ils encaissent et publient leur charabiade. Au final ça ne change pas beaucoup des blogs. Plus la marchandise est vaine, plus le client est con, alors pourquoi se priver ? Il n’y a rien qu’un peu de marketing ne puisse arranger. Aux dernières nouvelles le Ponzi de la soie s'est même essayé à la politique… malheureusement Gianni n’a pas choisi le bon corps de métier pour réussir dans ce domaine, il est pseudo cravatier, pour bien faire il aurait fallu être maçon. Et puis surtout être franc. Un politicien véreux, corrompu, voire même franchement salope, tout le monde sait que ça n’existe pas.

Petit florilège des articles élogieux sur Gianni, tous datent d'après le scandale... (Source: Newsweek, Luxemagazine, GQ)
Petit florilège des articles élogieux sur Gianni, tous datent d'après le scandale... (Source: Newsweek, Luxemagazine, GQ)
Votez Gianni ! Admirez l’artisanat de l’affiche, réalisée à l'ancienne “like 100 years ago”. (Source: ilnuovolomellino)
Votez Gianni ! Admirez l’artisanat de l’affiche, réalisée à l'ancienne “like 100 years ago”. (Source: ilnuovolomellino)
À en croire cet avis laissé en Juillet 2021 sur Google review par un utilisateur mécontent, Gianni exerce toujours son art. (Source: Google)
À en croire cet avis laissé en Juillet 2021 sur Google review par un utilisateur mécontent, Gianni exerce toujours son art. (Source: Google)

Mise à jour du 27/01/2023

Un de nos lecteurs nous a fait savoir qu'avec les progrès récents effectués par l'impression numérique, il semble qu'il soit depuis peu possible d'obtenir une bonne traversée de l'encre. Cela ne change rien au contenu de l'article, mais dans le futur il sera désormais plus difficile de reconnaître une soie imprimée par sérigraphie d'une soie à l'impression numérique. La vidéo suivante montre le résultat obtenu d'une impression numérique sur de la soie:

Inspirations sartoriales sur Instagram : Mit1h

Avant-propos

Troisième article dans notre série "inspirations sartoriales sur Instagram". Si vous ne connaissez pas le principe, vous pouvez lire le premier article ici

Inspiration: Mit1h

Instagram: Mit1h

Mit1h 1

La tenue est assez remarquable car il porte une chemise grise de façon tout à fait naturelle.
L’alchimie est difficile à expliquer, le gris étant une couleur pour le moins difficile à porter pour une chemise. J’imagine que la matière est légèrement travaillée mais c’est surtout le jean bleach qui permet de porter une chemise pareille. Les mocs sont en velours clair, portés sans chaussettes comme il se doit en été. On remarque l’absence de ceinture, mais une ceinture en coton ou en cuir tressé peut être utilisée.

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Le polo gris est en revanche bien plus facile à porter et il se marie à merveille avec le beige ou l’ivoire, lesquels fonctionnent avec le violet. Je suis en revanche très sceptique sur la possibilité de porter une tenue pareille dans la vraie vie sans passer pour le clown de service. Autrement, tout est très bien coupé avec un boutonnage au bon endroit, le pantalon qui monte également à la bonne taille et qui emboite bien les hanches. La veste est à la bonne longueur (arrêtez de porter des vestes courtes comme celles des femmes, sauf si vous êtes vendeur chez un concessionnaire).

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Ce type de veste est en revanche bien plus adaptée à un jean. C’est idéal pour le printemps ou le début de l’été et même si vous êtes assez jeune ou que vous évoluez dans un milieu de gros ploucs vous ne ferez pas déguisé. A mon sens, c’est bien mieux d’assortir un jean à ce type de veste plutôt qu’à une veste marine (cliché de cadre quinqua qui veut faire « cool » (sic) tout en étant « classe » (sic) bien que la veste soit de plus en plus souvent remplacée par une doudoune imitation sac plastique). Ensuite, ce genre de veste tolère une très grande diversité de couleurs ou de pièces. Vous pouvez mettre toute sorte de chemise (rayures bleues, rouges, vertes…, de l’uni saumon, vert clair, marine, gris…) ou tenter un polo (encore une fois, la majorité des couleurs iront). Je doute que des sneakers minimalistes ou des espadrilles aillent ici en raison de la veste mais ça reste à voir, préférez des mocassins en veau velours sans chaussettes.

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Porter un pantalon taille haute et ample * n’est pas facile en l’absence de veste à moins d’avoir une très forte carrure avec des clavicules très longues pour que les épaules restent plus large que le bassin. Si malgré tout vous souhaitez porter un pantalon pareil sans veste : portez une chemise ample avec les manches retroussées juste avant les coudes comme ici et déboutonnez-la assez franchement comme ici afin de gagner le maximum d’ampleur afin de rééquilibrer la silhouette. Si cela ne suffit pas, vous pouvez porter la chemise en dehors du pantalon (uniquement possible si elle est suffisamment décontractée mais une OCBD suffit). Certes, vous perdrez les avantages visuels de la taille haute mais vous éviterez d’avoir la même allure qu’un vieillard incontinent.

*L’un va avec l’autre en général, bien que de plus en plus de marques de PAP tentent de refourguer des leggings avec un montant démesurément long pour s’engouffrer dans la hype du taille haute et malheureusement tout un tas de ploucs y adhèrent. Vous pouvez lire notre série “la bonne coupe” consacrée au pantalon pour en savoir plus sur ce sujet.

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A titre comparatif, le pantalon est plus ajusté. Il sied mieux à l’absence de veste.

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En revanche, problème inverse ici. La taille du pantalon est trop basse et il emboite mal les hanches. Le résultat est assez étrange, comme si on avait greffé des jambes d’enfants à un torse d’adulte.

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Deux enseignements à tirer : lorsque vous portez un croisé, il est possible de le rendre plus acceptable aux yeux des ploucs en le portant avec un col roulé ou un polo comme ici. Pour que l’effet escompté se produise, vous devez respecter un camaïeu (si votre veste est bleue, prenez un polo ou un col roulé bleu, si votre veste est grise, portez un polo gris ou un col roulé gris, etc) autrement vous allez de nouveau trancher et faire ressortir le croisé (ce qui se passe visuellement avec une chemise plus claire que le croisé). Veillez ensuite à ce que le polo ou le col roulé soit plus foncé. Ici la veste est bleue un peu foncé mais le polo est bleu marine. Si jamais la veste est gris moyen, vous pouvez porter un polo ou col roulé gris moyen, foncé ou carrément du noir.

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Le propos marche aussi pour toutes les vestes dont le tissu est très marqué. L’idéal est de les porter avec un polo ou un col roulé. Porté avec une chemise, un tissu de veste daté fera franchement vieillot et vous semblerez déguisé. En revanche, un col roulé ou un polo sont associés à la décontraction ou du moins à un degré de formalisme bien moindre qu’une chemise dans la tête des gens. Ce qui permet de porter des pièces plus datées en jouant sur le détournement au profit d’une certaine décontraction.

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Si vous souhaitez porter du bordeaux, violet etc, je pense que la meilleure solution est d’opter pour un cardigan comme ici.
Mis à part ça, la tenue procède d’une construction inversée par rapport aux codes classiques car le pantalon est plus foncé que la veste. Si jamais vous avez un pantalon couleur charbon, sachez qu’il se marie assez bien avec les vestes à motifs (PDG, chevrons, pieds de poule etc) peu importe la couleur des vestes (sauf le bleu clair ou moyen). Ici le chevrons gris fonctionne parfaitement mais veillez à ce que la veste soit un minimum texturée pour supporter le dépareillé. A mon sens, la tenue aurait mieux fonctionné sans le cardigan, la chemise étant blanche on pouvait en tirer profit.

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Un autre exemple d’un pantalon charbon et d’une veste à motifs. Association injustement sous-estimée. Le motif pouvant faire daté, tranchez avec une chemise en denim qui est plus actuelle. La pochette est en revanche superflue.

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La tenue est intéressante bien que je m’interroge sur la possibilité de porter une association pareille dans la vie quotidienne. Si vous voulez vous lancer dans l’aventure d’un pantalon pied de poule, c’est sans doute la bonne façon de le faire. La gabardine est assez longue et ample pour contrebalancer visuellement le pantalon. L’écharpe d’une couleur vive permet une nouvelle fois de détourner l’attention du pantalon mais on frise la tenue de clown. Quoi qu’il en soit, le choix de souliers chocolat me semble le plus adéquat pour calmer le pantalon et ajouter un peu de sobriété à cet ensemble détonnant.

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Remonter le col de la veste et nouer une écharpe par-dessus est assez récurrent chez lui. Pourquoi pas, faites-le si cela vous plaît.

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Le meilleur pour la fin : le costume est vraiment sublime. Commençons par le bas : le revers semble être entre 3 et 4cm, loin des gros revers de 5cm arborés sur des pantalons à l’ouverture de cheville de 16cm et feu de plancher le pantalon tombe correctement bien qu’un peu court (goût transalpin je suppose). Avec une pareille ampleur, on pouvait se laisser aller à faire casser le pantalon. Le pantalon est ample, monte haut (la ceinture correspond au boutonnage de la veste, comme il se doit), et emboite bien le bassin. La veste est longue (comme il se doit quand le pantalon est un véritable taille haute) avec des quartiers assez fermés. C’est également ce qui fait que les quartiers sont cohérents avec les revers. Vous pouvez lire notre article sur la “bonne coupe” consacré à la veste pour en savoir plus sur le sujet. La ligne d’épaule est parfaitement droite, et la manche assez large pour tomber correctement (sans mouler l’épaule).

Inspirations sartoriales sur Instagram : Alan See.

Avant-propos

Beaucoup de nos lecteurs nous demandent très régulièrement comment composer une tenue, si tel vêtement va bien avec un autre, si une composition est efficace ou non… Afin de vous donner quelques pistes nous avons décider de lancer une nouvelle série d'articles visant à commenter les tenues d’influenceurs et autres instagrameurs célèbres ou non. Ça permettra également de voir ce qu’ils font de bien, et ce qu’ils foirent complètement, mais que les ploucs approuvent quand même car à partir d’un certain nombre de followers, le bon sens et le bon goût deviennent facultatifs.

Inspiration: Alan See

Instagram: Alan See

Salut les petits ploucs. Flemme de faire une introduction, on passe directement aux photos.

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Ce costume croisé Caraceni présente une dernière rangée de boutons surélevée par rapport à un croisé normal, de façon à pouvoir le boutonner comme un 6x2 ou ici comme un 6x1. Ne tentez pas de boutonner votre 6x2 comme ici, les derniers boutons sont trop bas et le revers n’est pas adapté à un tel boutonnage. Cette configuration permet d’avoir une encolure assez fermée, tout en optimisant sa profondeur de façon à avoir une poitrine drapée et mise en avant (par rapport à la variante proposée par Cifonelli qui opte pour une petite poitrine). Cette configuration impose des épaules assez marquées pour contrebalancer la forte poitrine et être cohérente avec la virilité assumée de la coupe. Le cran sera également placé assez bas pour les mêmes raisons d’horizontalisation de la silhouette.

2

Lorsque le croisé est boutonné comme un 6x2, on perd le drapé de la poitrine et on raccourcit le V formé par les revers. Visuellement tout est mis sur les épaules et les manches qui paraissent disproportionnées, comme si on avait greffé des bras de bodybuilder à un anorexique. Le résultat est presque cartoonesque.

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Les épaules plus douces et la manche affinée, le résultat est nettement plus cohérent. Au demeurant, l’accord entre un costume gris et une chemise à bâtons rouges est de bon aloi. Cravate marine unie de préférence.

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Intéressant pour plusieurs raisons. La chemise blanche est traditionnellement vue comme formelle mais dans un monde où le style classique est résiduel et où plus grand chose n’a de sens, que votre chemise soit blanche, bleue, rose ou à rayures peu importe : c’est une chemise et donc un vêtement très formel pour le plouc moyen. L’avantage est de pouvoir employer la chemise blanche en lieu et place d’une chemise plus décontractée (selon les canons classiques) comme une chemise bleue. Le blanc va trancher avec le camel du cardigan et le faire ressortir, et va également trancher avec le marine de la veste pour le renforcer. En renforçant les différentes couleurs, cela permet de se passer de cravate car la tenue sera suffisamment dynamisée par l’opposition entre le blanc et les autres couleurs. L’emploi du cardigan permet également de combler le vide laissé par l’absence de cravate. Pour bien réussir ce type de tenue, l’idéal est une OCBD blanche, un cardigan pas trop lisse (la laine est légèrement feutrée ici) et une veste en flanelle. Pour le pantalon vous pouvez opter pour un pantalon de flanelle grise ou un jean (le cardigan permettant accessoirement de faciliter la transition visuelle entre la taille un peu plus basse du jean et la veste en flanelle). Bien évidemment, ne mettez pas de pochette ou pire de foulard.

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Un costume gris peut s’avérer assez triste, sinon austère. Vous pouvez le raviver avec une traditionnelle pochette en lin blanc ainsi qu’une chemise à rayures et une cravate à motifs paisley. Mais ce qui se démarque ici, c’est le cardigan camel. Dans un précédent article, nous avions vanté le cardigan comme une pièce pouvant apporter de la couleur sans vous faire passer pour un clown ou un influenceur à 3-4K abonnés sur instagram *, c’est une nouvelle illustration de l’intérêt d’avoir une petite rotation de cardigans colorés (sans abus hein). Le cardigan camel égaye un costume assez austère et sans le dénaturer. Il permet également de porter des souliers marrons voire un peu bordeaux alors que sans ce cardigan le choix se serait plutôt porté sur des souliers noirs. Des souliers en veau velours pourrait également être employés.

* (vous voyez sans doute de qui on veut parler, le genre de mec à bander sur le style ivy et à spammer des tenues sans queue ni tête pour faire rire les copains et améliorer le recensement de l’algorithme instagram et gratter des partenariats avec des marques minables. Heureusement les photos de leurs chiards ou du week-end chez belle-maman dans la cambrousse nous donne un peu de répit.)

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Un autre exemple où cette fois le cardigan tranche moins avec le reste. La veste est croisée mais peut être laissée ouverte

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Ce n’est pas ma tasse de thé mais ça le sera surement de nos ploucs de lecteurs (on en voit des cons dans les commentaires). Le marine et le marron (surtout dans ce genre de teinte) fonctionne assez bien en général. J’ai quelques doutes sur l’opposition entre l’aspect mat du lin et le brillant de la soie de la cravate mais pourquoi pas. La chemise est assez forte visuellement mais le croisé permet de limiter son exposition (on y reviendra).

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J’ai une préférence pour cette tenue bien que la cravate soit très extravagante. La cravate est moins brillante et la couleur bordeaux des motifs se marie bien avec le marron du costume.

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A mon sens, c’est encore mieux. La cravate est assez mate grâce à la soie madder. Les couleurs sont harmonieuses et la chemise blanche permet une nouvelle fois d’offrir un fond neutre tout en ravivant les couleurs par le contraste offert.

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Le même effet se retrouve ici. La cravate est visuellement assez forte et le motif assez osé.

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L’avantage du gilet droit avec un boutonnage assez haut est qu’il limite l’exposition de la cravate. Si vous avez une cravate assez excentrique, limiter son exposition permet de la tempérer.

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Ultra classique et ultra efficace. La combinaison « blazer » (inutile de venir s’exciter dans les commentaires pour nous dire que la veste n’a pas de boutons en métal, on s’en branle) et pantalon de flanelle grise peut faire un peu datée mais le port d’un col roulé permet de rendre cette combinaison fort classique tout à fait actuelle. Bien que nos plus gros connards de lecteurs vont regretter l’absence de boutons en métal, des boutons en corne permettent de rendre la tenue plus contemporaine. On peut également se féliciter de l’emploi de chukka en veau velours marron qui vont bien avec la tenue : le daim va avec la flanelle, le marron renforce l’aspect décontracté et moderne de la tenue. Bref, si vous évoluez au milieu des ploucs et que vous voulez tenter de le dépareillé c’est une combinaison gagnante. Elle vous évitera d’être marqué comme le type bizarre qui n’a jamais vu de chatte de sa vie (profil qu’on imagine assez récurent chez nos lecteurs).

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Variante de la précédente mais plus habillée bien que la cravate soit un tricot. La cravate tranchant assez peu dans le cas présent, pensez à mettre une pochette blanche ou bleu clair (mais rien d’autre) pour égayer un peu la tenue. Si jamais la cravate est plus bariolée, évitez de mettre une pochette car elle sera surement de trop.

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Autre variante, mais cette fois avec une veste sport à motifs. Plus votre veste sera rustique dans sa texture et ses motifs, et plus il sera facile de la porter parmi les ploucs. Evitez la pochette. Un jean peut être plus indiqué car le pantalon de flanelle et la veste rustique risquent de faire désuet.

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L’association d’un jean brut et d’un col roulé noir avec ce type de veste me parait bien plus adéquat pour les moins de 30 ans. Notez qu’une chemise à rayures (bleues ou rouges) vont également très bien avec un jean bleach si vous souhaitez porter une veste dans les tons beiges ou marrons.

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Le polo peut également remplacer un col roulé. Je doute qu’on vous accuse d’en faire trop.

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Encore une fois, l’idéal reste la chemise blanche (sans pochette ni cravate) si vous avez une veste texturée et sur une base gris / beige. Le pantalon sera charbon ou beige. Raffiné sans tomber dans le sartorialisme de pacotille.