Avant-propos
Les illustrations de cet article ainsi que les légendes qui les accompagnent jouent un rôle important dans la narration de cette affaire. Prenez soin de les lire en intégralité sous peine de manquer des points importants. Si certaines images sont trop petites, il vous suffit de faire un clic droit dessus et de choisir de les ouvrir dans nouvel onglet pour qu’elles apparaissent dans leur taille originale.
L’industrie de “l’élégance” est une excroissance cancéreuse de l’industrie du luxe, elle-même création de la bourgeoisie qui tel M Jourdain, rêvait d’être mais ne pouvait que paraître. Le véritable luxe statutaire étant réservé à ceux qui étaient et n’avaient donc point besoin de paraître. Explication de texte pour les cons : le luxe c’est un truc de parvenus et l’élégance un truc de ploucs parvenus. Il suffit de regarder les vedettes du milieu pour s’en convaincre. La parade des suçons.
Il s’agit donc d’un marché de niche, essentiellement destiné à une frange limitée de la population (Dieu merci) qui se croit détentrice d’un savoir sibyllin millénaire oublié par ses contemporains et envers lequel il pense avoir un devoir perpétuel. L’élégant se sent investi d’une mission sacrée qui le met au ban de la société, une quête divine dont il cache le coût à sa compagne, sans qu’il n’en sache lui-même précisément la nature ou le but. Il le sait, il le sent, la perpétuation d’une tradition vestimentaire oubliée repose sur ses épaules, il se DOIT de parfaire son élégance et pour cela il est à la recherche constante de la perle rare, du Saint Graal de la sape, d’une pièce exceptionnelle qui comblera un instant la vacuité de son existence. Au fond, l’élégant est un pigeon, un pigeon bon à plumer, sa quête l’exposant souvent cul nu à toute une bande de maquereaux en recherche constante de nouveaux clients. Et c’est justement l’histoire d’un de ces maquereaux que nous allons vous raconter aujourd’hui.
Enfin, ne vous emballez pas trop vite. On ne va pas vous présenter un Christophe Rocancourt, il n’en a pas le physique, ou un Jordan Belfort, il n’en a pas l’envergure. Néanmoins, un escroc aussi petit soit-il, demeure un escroc et Gianni Cerruti fait honneur à la profession. Bien que le nom soit le même, il n’a aucun lien de parenté avec Nino Cerruti fondateur du groupe Cerruti, il est simplement un petit “journaliste” de mode, du moins c’est ce qu’il racontait à une époque. Car comme tous les Italiens Gianni est un peu mythomane. C’est cette même mythomanie qui l’a poussé à s’imaginer maitre cravatier ès enculade. En tant que cravatier il n’est pas brillant, mais en matière d’enculade, grande lavoro, bellissimo, molto macaroni! Superbe.
Les premières années dans la cravate.
Alors, je vous vois venir, vous allez me dire “mais comment devient-on maitre cravatier” ? Vaste question. Je peux vous dire qu’il faut deux choses : du savoir-faire et du tissu. Dans le cadre de Gianni, tout commença entre 2010 et 2011 quand lui et Martha Passaggio fondirent Passaggio cravatte. L’objectif de la marque est de proposer des cravates bespoke en tissu “vintage”. Pourquoi vintage ? Parce que comme tous les escrocs Gianni a un fond d’intelligence mal placée, et il sait que c’est un argument de vente qui va attirer tous les dandys en mal d’inspiration et autres élégants de pacotille. Car il faut le savoir, en Italie si vous n’avez pas votre cravate taillée dans le Saint-Suaire à 50 ans, vous avez raté votre vie. Seulement Gianni Cerutti et sa partenaire n’ont suivi aucune formation dans le milieu, dans un sens ce sont des précurseurs de la vague des cyber “artisans” d’école de commerce. Ce sont des néophytes complets. Dès lors comment assurer l’aspect “bespoke” de “leur” production ? Il leur a suffi de trouver un atelier déjà installé. Lequel fabrique des cravates pour d’autres… vous savez, le principe des private label ? En l’occurrence l’atelier en question est situé dans les alentours de Naples et sert entre autres à, Patrizio Cappelli, quelqu'un de plutôt réputé dans le milieu. Voilà qui assurait le savoir-faire. Pour ce qui est du tissu maintenant, c’est on ne peut plus simple. Il se trouve que Gianni a obtenu par l’intermédiaire d’un ouvrier indélicat un lot de tissu Anglais volé…à Patrizio Cappelli, lot de tissu provenant de l’atelier qui à l’époque leur était commun. Patrizio Cappelli l’apprend et l’employé indélicat en question s'est retrouvé avec une tête de cheval mort dans son lit ou a appris à nager dans la baie de Naples avec des plombs aux pieds, on ne sait pas très bien. Toujours est-il que Cappelli décide de ne pas faire de scandale et Gianni, conserve donc le tissu volé, à partir duquel il va faire fabriquer des cravates, ce qui fait de lui un receleur. Pas mal pour un début, mais c’est un peu juste, on ne commence pas un business de vente de cravates uniquement avec un lot de tissu volé. Niveau sélection, c’est pas top.
Afin de bien comprendre la suite de l’affaire Passaggio il nous faut maintenant ouvrir une parenthèse sur les méthodes d’impression de la soie.
Les différentes techniques d’impression de la soie.
Il existe trois façons d’imprimer de la soie, la première façon, la plus ancienne correspond à l’impression par blocs. Le principe est simple, l’application complexe. Pour imprimer un motif sur un tissu il faut tout d’abord sculpter le motif dans un bloc de bois. Le bloc est ensuite trempé dans la couleur que l’on souhaite utiliser, et est positionné sur le tissu. L’ouvrier frappe ensuite le bloc avec un maillet garni de plomb pour assurer le transfert de la couleur du bloc au tissu. Il faut utiliser un bloc par couleur et il faut être extrêmement minutieux pour que le motif soit régulier. Inutile de dire qu’il s’agit d’un processus lent. Le simple fait de sculpter les motifs dans un bloc de bois est un art à part entière, pour donner une idée, les artisans qui se chargeaient de cette étape pour la célèbre maison Liberty devaient suivre un apprentissage qui durait… 7 ans. Avec la révolution industrielle et la mécanisation de l’industrie, ce processus a ensuite été adapté à la machine à vapeur. On parlait alors de “roller printing” ou parfois de “calico printing” en référence au tissu de coton communément utilisé à l’époque. En Angleterre, la dernière entreprise à imprimer la soie par blocs était David Evans & Co, elle a arrêté dans les années 80 mais la technique se pratique encore couramment en Inde.
À partir de 1911 une autre technique plus efficace s’est développée : l’impression par cadre, également appelée silkscreen printing en Anglais. Le principe est celui de la sérigraphie, si l’on veut simplifier à l’extrême pour ceux qui sont à la ramasse : l’impression par cadre (plat ou rotatif) revient à utiliser la méthode du pochoir. La sérigraphie est une technique d’impression qui fonctionne avec un écran formé d’une pièce de tissu aux mailles bouchées à certains endroits et ouvertes à d’autres afin de laisser ou non passer l’encre. Une fois l'écran fixé dans le cadre, le sérigraphe dépose l'encre sur le tissu. Avec une raclette d'impression l'encre est forcée au travers des mailles ouvertes du tissu mais elle est bloquée là où les mailles sont bouchées. Cela peut sembler compliqué, mais c’est en réalité assez simple. L’impression par cadre plat est en revanche un processus qui demande beaucoup de place pour son industrialisation. En effet le textile n’est pas une matière rigide. Il n’est par conséquent pas possible d’imprimer la première couleur, de retirer le textile, de laisser sécher l’encre puis de repositionner le textile au même endroit pour imprimer la couleur suivante sans risque de déformation. Pour pallier ce problème on utilise un carrousel sur lequel on fixe tous les écrans, comme sur une ligne de montage. Cela implique d’avoir beaucoup d’espace disponible puisque certaines tables d’impression dites à la lyonnaise font jusqu’à 150 mètres de longueurs.
La troisième et dernière technique d’impression est la plus moderne puisqu’il s’agit de l’impression par imprimante jet d’encre. Apparue à la toute fin des années 80, l’impression digitale ne se développe réellement que dans les années 90 pour connaître ensuite une croissance fulgurante. Elle utilise un processus similaire à celui que vous pouvez utiliser chez vous pour imprimer une feuille de papier mais bien évidemment adapté au textile. L’impression jet d’encre a deux avantages, elle permet de réaliser un gain de place considérable, ainsi qu’un gain de temps. En revanche l’impression textile numérique a un inconvénient majeur que Gianni semblait ignorer ou du moins il espérait que ses clients l’ignorent, l’encre ne traverse pas complètement le support, l’envers reste donc vierge. Et comme bien souvent pour des raisons techniques le tissu utilisé est blanc, l’envers est blanc. Cela rend les soies imprimées très facilement identifiable, souvenez-vous en, c’est le cœur de notre affaire.
Le rôle des influenceurs.
Fermons maintenant la parenthèse technique et revenons à Passaggio. En 2012, Gianni passe à l’offensive, l’opération maquereautage de masse est lancée. Il contacte plus ou moins toutes les grosses gagneuses du milieu. Huguette de Paris, Simone de Londres, et même Justine des Amériques. Toutes les tenancières des blogs en vogue du milieu, Gianni veut le plus beau bordel qui soit. Le One-Two-Two à coté c’est un clapier, le Chabanais ? Un bouge monsieur, un bouge ! Gianni a la taule la plus en vogue de tous les interwebz. À toutes ses gagneuses il donne des cravates gratuites et surtout le même discours : le signore Cerruti est un véritable artisan, ses cravates sont fabriquées à la main comme il y a plus de cents ans. Et ses tissus sont des pièces exceptionnelles, majoritairement anciennes, avec beaucoup d’années sur leur épaules (oui, oui la formule est de Gianni, j’y reviendrai). Après la petite explication sur les méthodes d’impression, vous commencez un peu à le voir venir le truc des soies anciennes ? Toujours est-il que ses gagneuses font leur travail, elles racolent comme si leur vie en dépendait. Avec les superlatifs et tout le toutim tout en ignorant bien évidemment ce qu’elles ont véritablement entre les mains.
Pour Gianni les affaires commencent à tourner à plein régime, il intègre alors le guide PG d’Huguette. Le fameux guide des maisons “triées sur le volet”. Comprendre par-là, celles qui acceptaient de payer une cotisation pour y figurer. Fin 2013 Gianni visiblement content du succès qu’a eu l’opération maquereautage se dit qu’il est temps de passer à la vitesse supérieure. Il devient alors affilié à Styleforum. Pour ceux qui l’ignorent Styleforum est l’une des plus grosses plateformes de discussion dédiée au vêtement “classique” dans le monde anglophone. Le site offre la possibilité aux marques qui le désirent d’ouvrir un “thread” affilié en échange d’une cotisation, qui à l’époque avoisinait les $600 par mois. Gianni y voit l’opportunité de toucher une clientèle nouvelle, plus internationale et après un court processus d'admission c’est avec la bénédiction de l’équipe administratrice de Styleforum qu’il ouvre son thread en Septembre 2013.
L’intronisation du cravateur par StyleForum.
Seulement, comme tous les escrocs qui gagnent un peu trop en confiance Gianni devient négligent et commet plusieurs erreurs. Notamment celle de s’engager auprès d’une communauté anglophone, alors que son niveau d’Anglais est inférieur à celui d’un élève du primaire. Il parle par exemple de “vintage thirst” pour parler de soies anciennes car Google traduit “sete” (soies en Italien) par… thirst, ça en dit long sur son niveau de professionnalisme. Mais ce n’est pas tout, il a bien remarqué que ce que l'on retient de ses cravates, c'est avant tout le fait qu'elles soient fabriquées soi-disant avec des tissus vintages et qu'elles soient “bespoke”. C'était d'ailleurs son plan depuis le début. Aux élégants ploucs pigeons de Styleforum il va présenter l’intégralité de ses tissus comme exclusivement vintage et ses cravates comme étant uniquement bespoke. Seulement souvenez-vous, sa gagneuse Simone, celle du style permanent avait déclaré que 90% des tissus étaient anciens.... Comme tous les mythomanes Gianni commence à se perdre dans ses mensonges. Et en ce qui concerne l'aspect exclusivement bespoke de l'affaire, B&Tailor en Corée du Sud vendent des cravates Passaggio en prêt à porter.... mais Gianni devait s'imaginer que c'était suffisamment loin pour que ses pigeons Occidentaux ne soient au courant. En réalité, il a même plusieurs revendeurs à travers le monde.
Le reste de l’année 2013 se passe plutôt très bien pour Gianni, c’est d’ailleurs l’année où la recherche “passaggio cravatte” atteint son maximum sur Google. Il y a bien sa tapineuse, Simone de Londres qui lui cause quelques ennuis. Elle se plaint que le tissu choisi pour sa nouvelle cravate (gratuite) n’est pas adapté à une construction 7 plis… ce que Simone oublie de mentionner c’est que c’est de sa faute puisqu’elle a choisi le tissu. C’est un problème assez commun avec les cravates Passaggio car comme les clients (et Gianni) n’y connaissent rien et que de toute façon l’intégralité ou presque du business est fait par mail, personne n’a une chance de vérifier que le tissu choisi est adapté pour être utilisé sur une cravate 7 plis. Ça peut paraître incroyable, mais pour une offre bespoke soi-disant de luxe, la vaste majorité des clients n'ont même pas la possibilité de toucher le tissu qu'ils achètent, ni même de le voir en personne (à l’exception des rares trunk show) Gianni ne prend même pas la peine d'envoyer un bout de liasse ou une sélection de petits morceaux de tissus, tout se fait par mail. Vous pouvez lire notre article “anatomie de la cravate” pour en apprendre plus sur la façon dont est, correctement, fabriquée une cravate, c'est un peu plus compliqué que de couper du tissu et de le coudre.
Cave ne cadas. (Prends garde à la chute.)
Malheureusement pour le petit Mozart de la soie tout va subitement se compliquer à partir d’Avril 2014. De façon fortuite le pot aux roses est découvert par l’un de ses premiers clients qui poste sur Styleforum sous le pseudonyme de C&A. Ce dernier a été surpris de voir Gianni présenter en 2014 sur Styleforum une cravate “vintage” identique à celle qu’il avait fait réaliser par Gianni en 2011 alors que Passaggio venait tout juste d'être crée. Lorsque C&A avait commandé cette cravate en 2011 il avait choisi un tissu provenant de Seteria Bianchi qui n’était pas du tout “vintage” et qui pouvait être remanufacturée sur simple commande à l’usine, il a donc été étonné de voir que Gianni présentait maintenant ce tissu comme ancien, avec beaucoup d’années sur ses épaules. À partir de là commence une “enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçons”…
Merde alors, Gianni aurait-il menti ? Petit à petit, tout va commencer à s’éclaircir, l’histoire des tissus volés chez Capelli fait surface, et certaines rumeurs commencent à émerger à propos de l'envers blanc de certaines des cravates Passaggio, et sans que l’on en soit encore arrivé à un scandale à proprement parler un petit nombre d'incrédules commencent à questionner Gianni sur la provenance de ses tissus. Il a beau expliquer être un antiquaire du textile, partir en campagne, faire les poubelles, se déguiser en plombier pour s’introduire chez les gens et découper leurs rideaux il n’en reste pas moins que Gianni ne parvient pas à convaincre tout le monde sur la façon dont il se procure ses soieries soi-disant anciennes. En réalité en plus d’un stock de tissus, imprimés par cadre, relativement ancien mais pas du tout rare puisqu’étant surtout composé de fins de rouleaux provenant de Canepa S.P.A (un revendeur de tissu en Italie) il utilise également des tissus Anglais récents qu’il fait passer pour Italiens et vieux. Et surtout, il utilise des tissus récents imprimés à l’imprimante jet d’encre qu’il fait passer pour des tissus imprimés “à l’ancienne” comme il y a plus de 100 ans... mais ça vous le savez parce qu'on vous l'a expliqué. À l'époque sur Styleforum, tout n'est pas aussi clair. Devant les critiques, dans un premier temps Gianni feint d’ignorer les problèmes, et surtout joue la surprise et l’émotion. Il est blessé que ses amis clients puissent douter de lui.
Comme toujours dans ces situations, les réactions sont multiples. Il y a d’abord les victimes du syndrome de Stockholm, ils prennent parti pour leur maquereau et sont contents d’être victime, si c’était à refaire, ils redonneraient volontiers leur derrière et le plus drôle est qu'ils sont majoritaires. Il y a ensuite les indécis, ils attendent de voir dans quelle direction le vent tourne avant de prendre position. Et puis il y a ceux qui ne digèrent pas d’avoir payé un “premium” pour un produit qui n’était pas aussi “exclusif” qu’il prétendait être. Le fait est que Gianni est cher… très cher. Ses prix oscillent entre 150 et 220€ mais atteignent parfois plus de 300€. Certaines mauvaises langues disent que si Gianni est aussi cher c’est parce qu’il offre 75 % de sa production à son harem de gagneuses, ses petites influenceuses qui traînent aux quatre coins de l’internet pour vanter les louanges de Passaggio. Devant la pression Gianni commence à craquer et indique qu'il est peut-être possible que, éventuellement, son stock comporte quelques reproductions...
Afin de ne rien arranger Henry Carter, un autre revendeur de cravates, mais honnête cette fois, explique aux membres de Styleforum dans son propre thread d'affilié la différence entre une impression jet d’encre et une impression par cadre. Vous avez le bénéfice d’avoir eu ce petit topo plus tôt dans l’article, mais pour les ploucs de SF la distinction n’est pas encore bien comprise, malgré le très grand nombre d’experts autoproclamés au savoir millénaire qui parcourent le forum, beaucoup n’y ont vu que du feu. C'est ce que l'on gagne lorsque ce sont les ratés les plus rances qui décrètent le goût du jour.
De fait c'est à ce moment que beaucoup de “customer friends” s’aperçoivent que le dos de leur cravate supposée “vintage” est tellement blanc qu’on lui reprocherait presque la colonisation, le réchauffement climatique, la génétique et tout le reste. Tous ne vont pas apprécier de s'être fait cravater de la sorte et la colère monte. Chez Styleforum c’est la panique, le feu est au bordel, il s’agit de protéger l’enfant prodige et ils font de leur mieux pour tenter d’étouffer l’affaire en supprimant beaucoup de messages et en bannissant quelques membres. Tel un Houdini, Gianni va d’ailleurs disparaitre pendant quelques temps et ignorer ses problèmes car il a un trunk show important à Londres qui arrive. Il va d’ailleurs être accompagné de sa tapineuse Polonaise aux loafers bleus, si vous ne savez pas de qui il s’agit, vous ne manquez pas grand-chose, c’est un énième influenceur morveux spécialement spécialiste, expert du vide, et professionnel artisanal du néant.
Malheureusement au retour de Gianni, la situation ne s'est pas améliorée, de plus en plus questionné sur la provenance de ses soies et sur son éthique en générale Gianni va finir par craquer et se décide à répondre à toutes les critiques qui lui sont adressées dans un message sur son thread d’affilié. Tel un discours présidentiel il multiplie les approximations, contradictions et - bien évidemment – les mensonges. Selon lui 90 % de ses tissus sont vintage, l’air de rien on a perdu 9,9 % de tissus anciens en juste quelques jours… Et puis de toute façon qu’est-ce qu’on l’emmerde, les imprimantes jets d’encres ont au moins 20 ans d’âge alors elles aussi elles sont vintages. Et probablement fabriquées à la main “like 100 years ago”. Tel le roi Midas qui transformait en or tous ce qu’il touchait, Gianni transforme en antiquité tout ce qui entre en contact avec ses mains. Quand on lui demande comment il date un tissu, affront, grando colèro, tout son savoir sur la soierie lui est venu alors que tout jeune bambino il suçait les rideaux en soie de sa grand-mère. Gianni adore la soie, depuis qu’il est tout petit il se roule dedans, il s’essuie le derrière avec, il pense comme la soie, vit comme la soie, Gianni EST la soie.
Il termine par un cinglant, “I'm apologize for this bad situation. And now let me work. I don't care the controversy.”. Merde à la fin, c’est quoi ces empêcheurs d’escroquer en rond. Le navire prend l’eau de toute part mais SF vient, une fois de plus, jeter une bouée de sauvetage à l’enfant prodige en disant qu’il n’est pas question d’accuser Gianni d’activités illicites, et que le problème est donc clos. Le message est simple : achetez les cravates de l’affilié et ne faites pas chier !
Et il s’en est fallu de peu pour que l’affaire s’arrête là, heureusement pour notre plus grand bonheur il n'en est rien. Gianni est un voyou de petite envergure, son affaire c'est 50% de culot et 50% de vide, Il est parti dans la vie du pied d'imposture, il s'imagine cravatier comme Biden s'imagine président. C'est du vent, de la ventriloquie, du spectacle pour caniche. La cour des impuissants mégalomanes. Non seulement il mégote, trafic, ergote, sur la provenance des tissus, mais il entube aussi sur les délais et la qualité de fabrication. Comme nous l’avons expliqué pour passer commande chez lui, rien de plus simple, vous lui envoyez un mail, il vous répond en envoyant un fichier Wetransfer avec l’intégralité de son catalogue de tissus, vous choisissez ce que vous voulez et vous payez. Si vous avez de la chance 3 semaines après vous recevez votre cravate. À moins que ça ne soit 6 semaines, ou 12… ou 6 mois. De plus en plus de personnes se plaignent ne pas recevoir leur cravate… et quand les cravates arrivent (si elles arrivent) elles sont bien souvent défectueuses.
Autant les premières cravates fabriquées par Gianni provenaient bel et bien d'un atelier réputé, il semble qu'à un certain moment y ait eu un changement dans le lieu de fabrication. Aucune certitude là-dessus, mais à voir les photos de Gianni dans son “atelier” (vous pouvez en voir plus sur ce blog asiatique) on peut imaginer qu'il se partage maintenant la fabrication avec son associée Martha. Ou du moins qu'il assure lui-même certaines étapes de la fabrication... Car quand on voit comment les broderies sont effectuées….
Mais les critiques, moqueries et requêtes légitimes adressées par certains clients lésés vont rester lettre morte, Gianni semble en avoir marre de ses customer friends exigeants et il finira par quitter brutalement Styleforum en Juillet 2014 en ne renouvelant pas son statut d’affilié. Certains ne recevront jamais leurs cravates.
Epilogue
Est-ce pour autant la fin de notre faussaire du textile ? Non, bien sûr que non. Il va brièvement disparaître des radars mais relancera son arnaque grâce à Instagram et il aura les honneurs de Forbes, GQ, Newsweek, Esquire… dans des articles où les journalopes armés d’une forte brosse à reluire racontent dix mille flatteries d’enfiotés. Les valets bavent mot pour mot ce que leur dit leur maître Gianni, pas un ne vérifie, ils encaissent et publient leur charabiade. Au final ça ne change pas beaucoup des blogs. Plus la marchandise est vaine, plus le client est con, alors pourquoi se priver ? Il n’y a rien qu’un peu de marketing ne puisse arranger. Aux dernières nouvelles le Ponzi de la soie s'est même essayé à la politique… malheureusement Gianni n’a pas choisi le bon corps de métier pour réussir dans ce domaine, il est pseudo cravatier, pour bien faire il aurait fallu être maçon. Et puis surtout être franc. Un politicien véreux, corrompu, voire même franchement salope, tout le monde sait que ça n’existe pas.
Mise à jour du 27/01/2023
Un de nos lecteurs nous a fait savoir qu'avec les progrès récents effectués par l'impression numérique, il semble qu'il soit depuis peu possible d'obtenir une bonne traversée de l'encre. Cela ne change rien au contenu de l'article, mais dans le futur il sera désormais plus difficile de reconnaître une soie imprimée par sérigraphie d'une soie à l'impression numérique. La vidéo suivante montre le résultat obtenu d'une impression numérique sur de la soie: