Quand les influenceurs découvrent la chemise en denim

Avant-propos

Il y a quelque chose de fascinant – et d'un peu exaspérant – dans la manière dont certains influenceurs semblent redécouvrir des concepts qui existent depuis des lustres, puis les exploitent de façon gimmick. Il n’aura échappé à personne que, depuis au moins quatre ans, tout le monde s'habille de manière plus décontractée, abandonnant ainsi les vêtements à connotation formelle. Cela semble avoir déclenché une réaction en chaîne chez les influenceurs experts en cravates sept plis, qui ont été obligés de s'adapter sous peine de devenir insignifiants. Le résultat ne s'est pas fait attendre, et il y a eu une batterie de changements radicaux qui peuvent se résumer à : "Je viens de virer ma cravate et remplacer ma chemise en popeline par une chemise en jean." Autant de radicalisme à notre époque est absolument bouleversant, le monde n'est pas fait pour des révolutions aussi révolutionnaires. Bref, il y a eu un barrage d'artillerie, et à pratiquement une semaine d’écart, on retrouvait Simone Crouton, Peter Zottolo et Mitchell Moss dans des tenues avec une chemise en denim, à croire qu'ils s'étaient donnés le mot.

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La nouvelle "tendance"

Source: Instagram Urbancomposition
Source: Instagram Urbancomposition
Source: Instagram Permanentstylelondon
Source: Instagram Permanentstylelondon
Source: Instagram menswearmusings
Source: Instagram menswearmusings

Notez que des trois menswearmusings est le seul à être resté fidèle à la pochette, par fidélité au hanky code sartorial. Leur timing est amusant, mais guère surprenant. Les influenceurs fonctionnent tous de la même façon ; leur cerveau n’a qu’un logiciel, celui des algorithmes, et comme si cela ne suffisait pas, ils se copient les uns les autres.

Source: Instagram menswearmusings
Source: Instagram menswearmusings

Il était d'ailleurs sapé de la même façon pour la dernière édition du Pitti Uomo, qui tient maintenant plus du rassemblement de COTOREP que du trade show.

D'ailleurs sans surprise il n'était pas le seul, puisque cette année il y avait une chiée de chemise en denim au Pitti.

Error 404, can't compute. (Source: Instagram)
Error 404, can't compute. (Source: Instagram)
Le style Far West et MST est en vogue. (Source: WWD)
Le style Far West et MST est en vogue. (Source: WWD)
Mauvais cosplay de Sébastien Tellier (Source: Instagram)
Mauvais cosplay de Sébastien Tellier (Source: Instagram)
On a aussi le classique riche qui cosplay en pauvre. Je me demande juste s'il a poussé la vice à sentir la pisse et la Maximator. (Source: WWD)
On a aussi le classique riche qui cosplay en pauvre. Je me demande juste s'il a poussé la vice à sentir la pisse et la Maximator. (Source: WWD)
Job title: Bull semen collector. (Source WWD)
Job title: Bull semen collector. (Source WWD)
Forcément Rubinacci garde la cravate car il a du stock à écouler.  (Source GQ)
Forcément Rubinacci garde la cravate car il a du stock à écouler. (Source GQ)

La tendance est actée car on la retrouvait aussi à la Fashion Week, avec une forte présence du denim on denim, aka the canadian tuxedo, aka le look du lumberjack pédé.

Source: Fashion Week
Source: Fashion Week

Ça existe depuis les années 70, et c'est toujours aussi moche.

(Source: Status Quo)
(Source: Status Quo)

L'origine du mal

En ce qui concerne les influenceurs, cela les arrange. Ils n’ont également qu’un seul sujet de prédilection à la fois : globalement, pour eux, il n’y a qu’UN style : celui qu’ils prônent, celui des marques qui veulent bien leur donner de l’argent. Les types fonctionnent donc tous en unisson, puisqu’ils vont là où il y a de l’argent à prendre. À une époque, c’était la guerre des cravates 7 plis, des pochettes roulottées mains et tout le monde se battait pour savoir "qui c'est qui avait le Goodyear le plus durable de la planète dans le meilleur couir du monde". Aujourd’hui, c’est la chemise en denim western fabriquée À LEUH JAPON. Car en réalité, les influenceurs n’aiment pas LE vêtement, ils aiment l’argent. Si demain leur niche venait à s’assécher, ils se lanceraient dans un sujet parallèle où ils pourraient conserver une partie de leur audience : les cigares, les steaks, les spiritueux ou les salons de massage, pour eux, c’est la même chose. Notez, je ne leur reproche pas d’aimer l’argent, c’est très bien l’argent. À mon sens, il est plus grave qu’ils aient tous autant de personnalité qu’une serpillière à foutre, et qu’ils pensent découvrir l’eau chaude à chaque fois que les tendances changent. Ces gens sont des girouettes perpétuelles. Il faudrait faire une étude de faisabilité pour voir s'ils peuvent permettre de fournir une petite ville de province en électricité tant ils moulinent dans le vent.

Pour Crouton et Moss, avant 2019, le denim, ça n’existait pour ainsi dire pas. L’un pensait que c’était un tissu avec lequel on pouvait faire des costumes croisés bespoke chez Chifonelli ou des collaborations avec un chemisier italien ; l’autre n’en portait pratiquement jamais, en dehors du " casual friday", et jamais avec une veste sport. Je n’ai pas été vérifier pour Zottolo, parce que, franchement, j’aurais trop l’impression de consulter un numéro de "Têtu".

Par curiosité, j’ai été voir ce que Simone avait en stock sur son blog sur le sujet du jean. En 2014, il pense que c’est une matière intéressante, au même titre que les vestes rase pet trop étroites et les grigris à porter au poignet, car cela permet de "saper le conservatisme attaché au costume". On croirait entendre une féministe intersectionnelle à la fête de l'Huma… et le pire c'est que c'est une citation.

L'inspiration denim selon Simone, so 2014, so plouc.  Source: permanent style
L'inspiration denim selon Simone, so 2014, so plouc.  Source: permanent style

Le seul point où il n’a pas totalement tort, c’est quand il évoque le fait que les costumes en jean n’ont rien de neuf, puisqu’ils existaient déjà du temps de l’infâme Tommy Nutter. J’ai toujours un article en cours sur lui et sur Sexton ; je ne sais pas quand il sortira, car je suis actuellement le seul rédacteur encore à l’œuvre et j’ai un véritable métier à côté, mais c’est toujours un sujet au programme. Tout ce que l’on peut dire, c’est que la période Nutter, et plus globalement les années 70, n’étaient pas vraiment une époque glorieuse pour le vêtement masculin. Notez qu’il parle du jean dans le cadre du "tailoring". Car il y a eu longtemps, chez Crouton comme chez d’autres, cette perception que c’était un style "total", et que tous les hommes portaient des complets trois pièces et un fedora pour aller chercher leur croissant à la boulangerie du coin un dimanche matin. On a eu notre équivalent en français avec le style "sartorial", qui est plus ou moins le même non-sens. C’est pour cela que nous préférons l’expression "style classique", mais passons.

Le point d’orgue est atteint en 2017, quand il "commande" un costume (mal coupé et mal proportionné) en jean chez Chifonelli. 2017 est une période sombre, car nous sommes au sommet d’une mode débile qui faisait la promotion de combinaisons improbables et importables… comme un costume en jean. C’était à cette époque que les gens pensaient rendre leur tenue "plus décontractée" en mettant des pochettes sur des vestes sport, ou en faisant faire des patines bariolées sur des Richelieus. Les patines sont mortes, pas encore les pochettes...

Notez que dans tout l’article, Simone n’explique jamais la logique de sa démarche. Je soupçonne qu’il n’y en ait pas. L’objectif était simplement de faire parler de lui avec une pièce extravagante, comme lorsque le journaliste automobile Chris Harris avait acheté une Lamborghini au début de sa carrière pour faire parler de lui. C’est une pratique assez commune dans la heu… " presse" ? On peut supposer que l’idée derrière ce costume en jean était de "rendre moins formel" le croisé. Ce qui est une démarche globalement stupide. Je sais que nous en parlons sur le blog et que nous donnons des conseils sur comment y parvenir. Mais, à titre personnel, je trouve la démarche débile. Une veste croisée plus décontractée porte un nom : c’est une veste à boutonnage droit… Vouloir "décontracter" quelque chose c'est vouloir se compliquer la vie. Mais comme je disais, ce ne sont que des suppositions. J’imagine qu’il y a une raison parfaitement logique pour justifier un costume croisé en jean....

"Un vêtement décontracté" stade de débilité avancé: patient incurable. (Source: Permanent style)
"Un vêtement décontracté" stade de débilité avancé: patient incurable. (Source: Permanent style)

Je note deux choses particulièrement hilarantes dans l’article. La première est que Simone mentionne avoir refusé un boutonnage en configuration 6x1 "car trop tapageur". Dixit le type qui vient de recevoir un costume en jean croisé Chifonelli. C’est l’équivalent vestimentaire de parader sur les Champs-Élysées avec des plumes dans le cul, mais à les demander noires plutôt qu’argentées, car sinon ça serait trop tapageur.

Un autre point dans la même veine : il aurait préféré une épaule de type "chemise", qui aurait selon lui rendu la veste moins "dramatique" et donc plus versatile… au risque de me répéter, on parle d’un croisé en jean de chez Cifo. La versatilité d’une telle pièce se passe surtout dans la tête du porteur…

Il ne me semble jamais avoir vu de photo avec le costume complet. Ni même de photo du pantalon. Peut-être que je me trompe, car très franchement je n’allais pas passer des heures à chercher. Mais je pense que c’est parce que c’était un foirage complet. Les photos ultra-proches du sujet dans l’article original vont dans ce sens.

Dès qu'on prend un peu de distance, on prend conscience du niveau de foirage... (Source: Permanent style)
Dès qu'on prend un peu de distance, on prend conscience du niveau de foirage... (Source: Permanent style)

Il serait toutefois de mauvaise foi de ne pas mentionner qu’en 2017, il parle pour la première fois de chemise en jean, dans le cadre d’une collaboration avec Luca Avitabile, un chemisier italien. Sur le principe, on n’est pas loin de la veste en jean Cifo. À savoir qu’on a l’impression qu’il s’agit surtout d’une excuse. Je ne vois pas bien pourquoi ils ont favorisé le jean au chambray, si ce n’est pour faire parler. La démarche est à peu près la même.

Il y a eu un tournant avec la période de la panique sanitaire mondiale. À partir de ce moment, le vêtement s’est rapidement décontracté. On le voit assez clairement chez Simone, qui se met à parler beaucoup plus de jean qu’auparavant : il fait la promotion de Bryceland, il découvre la chemise western, etc. On a l’impression qu’il a récemment découvert quelque chose et en parle comme s’il venait de percer un mystère oublié du vestiaire masculin. Un peu façon "Martine au Grand Orient", "Martine fait sa première délation"... Soyons clairs : la chemise en denim n'est pas une nouveauté. Elle a été adoptée par les amateurs de sape depuis des décennies, des cowboys des plaines (qui n'existent que dans vos rêves et au Tegsas) aux ouvriers des grandes villes, jusqu'aux icônes de style contemporain. Mais quand un influenceur comme Simone s'empare du sujet, c'est comme si la chemise en denim venait tout juste de descendre des cieux, auréolée d'une lumière divine : "On va pouvoir faire des tunes avec nos chemises denim DU JAPONEUH !" Ça fait déjà des années que les marques de private label 2.0 se font des couilles en or avec des jeans nippons, il serait temps que le "monde sartorial" s’empare du sujet.

Je trouve cet engouement assez amusant : en général, quand les influenceurs commencent à parler d’un truc, c’est le moment d’aller voir ailleurs. Car ça va devenir débile très rapidement. Sur les réseaux, vous allez voir toute une réflexion sur les vertus cachées de la chemise en denim – sa texture robuste, sa capacité à se patiner avec le temps, sa versatilité… Ils vont faire des compétitions de distance, sur les toiles les plus robustes, les plus ceci, les moins cela. Lui et beaucoup d’autres semblent totalement ignorer que l'héritage vestimentaire est bien plus vaste et riche qu'ils ne l'imaginent, et cela ne fait qu'accentuer ce fossé entre ceux qui « vivent » la sape et ceux qui en « parlent ». Les chemises en denim n'ont pas besoin d'une nouvelle légitimité. Elles appartiennent à l'histoire du vêtement masculin, même si, à mon sens, elles n’ont pas un grand intérêt, à moins de vouloir faire son Gainsbourg sale, ou de jouer à Brokeback Mountain. Mais avant d’en parler plus en détail, je voulais juste revenir sur un point : dans les années 90, on voyait des chemises en jean un peu partout… mais Simone devait avoir la tête coincée entre ses fesses pour s’en apercevoir.

Bernard Rapp à France Télévision (au milieu) en 1997. (Source: Getty)
Bernard Rapp à France Télévision (au milieu) en 1997. (Source: Getty)

Delon était très coutumier du fait également (toutes ces photos sont des années 90)

(Source: Getty)
(Source: Getty)
(Source: Getty)
(Source: Getty)
(Source: Getty)
(Source: Getty)

Mais c'était loin d'être le seul.

On a ici Bernard Shaw. (Source: Getty)
On a ici Bernard Shaw. (Source: Getty)
Aznavour (Source: Getty)
Aznavour (Source: Getty)
Niels Arestrup (Source: Getty)
Niels Arestrup (Source: Getty)

Gainsbourg portait très souvent une chemise en denim.

(Source: Instagram)
(Source: Instagram)

C'est juste que chez lui c'était devenu une signature, comme son alcoolisme. C'est un style qui fonctionne bien hein, "le style crade", mais ça demande un certain niveau, le puceau de 18 ans qui veut se la jouer chanteur de varièt incompris va passer pour un gros autiste s'il a envie de copier ça.

Une tempête dans un verre d'eau

Maintenant que l’on a fait ce petit saut dans le temps, il est temps de dire pourquoi la chemise en jean n’est pas la révélation attendue. À titre personnel, je trouve que c’est un vêtement qui n’est ni confortable ni très pratique. Le jean, en veste comme en chemise d’ailleurs, ne protège ni du vent, ni du froid, ni de la pluie. Le denim est historiquement un tissu de travail, conçu pour être robuste et résistant, pas pour être confortable. Il est associé aux vêtements utilitaires, aux cow-boys et aux ouvriers avant d’être récupéré par la mode décontractée. Je comprends l’inspiration workwear et je vois ce que certains en font, mais cela n'est pas très intéressant. C'est plus un gimmick qui va et qui vient comme tous les gimmicks. Ça peut avoir son utilité, parfois ça fonctionne bien, mais globalement c'est assez "meh" et c'est une rustine pour les influenceurs qui ont besoin de toujours parler de "trucs neufs".

Il faut aussi noter que la chemise en denim est utilisée par les bobos depuis fort longtemps. Quand je vois ça: je vois ce genre d'énergie.

Source: Instagram)
Source: Instagram)

Mais globalement ça n'est pas ultra intéressant.

On se demande ce que vient faire la pochette là dedans. (Source: Instagram)
On se demande ce que vient faire la pochette là dedans. (Source: Instagram)
Mouais... (Source: Instagram)
Mouais... (Source: Instagram)
Cosplay (Source: Bryceland)
Cosplay (Source: Bryceland)

Parfois on frise le ridicule tant la parodie est prononcée :

(Source: Instagram)
(Source: Instagram)
(Source: Alittlebitofrest)
(Source: Alittlebitofrest)

On a aussi rapidement un effet Used car salesman, Florida, colorized. Comme ici:

(Source: Instagram)
(Source: Instagram)
 Il a l'air cool ce reboot d'Indiana Jones. (Source: alittlebitofrest)
 Il a l'air cool ce reboot d'Indiana Jones. (Source: alittlebitofrest)

Pendant ce temps, en Fronce, on arrive à faire pire. Personne n'a encore envoyé le mémo à Huguette que le denim c'était décontracté maintenant. Chez lui on est resté bloqué en 2017. Du coup quand ils sortent un article sur le sujet ça donne un beau tas de fumier écolo bio 2.0

"La terreur du Marais" (Source: PG)
"La terreur du Marais" (Source: PG)
 "La question est vite répondue" (Source: PG)
 "La question est vite répondue" (Source: PG)
"Je ne sais pas choisir des vêtements à ma taille, mais je vais tout t'apprendre sur la sape" (Source: PG)
"Je ne sais pas choisir des vêtements à ma taille, mais je vais tout t'apprendre sur la sape" (Source: PG)
Dimitri Popov, le boucher de Vladivostok, son sens du style est tellement à chier qu'il est une arme chimique. Les Russes sont en train d'envisager son déploiement en Ukraine. La France espère les en décourager avec leur nouvelle arme secrète. (Source: PG)
Dimitri Popov, le boucher de Vladivostok, son sens du style est tellement à chier qu'il est une arme chimique. Les Russes sont en train d'envisager son déploiement en Ukraine. La France espère les en décourager avec leur nouvelle arme secrète. (Source: PG)

L'arme secrète de la France :

Les Russes doivent se chier dessus...  (Source: Instagram)
Les Russes doivent se chier dessus... (Source: Instagram)

La chemise en flanelle : une pièce décontractée idéale pour l’automne

Une fois n’est pas coutume, notre article d’aujourd’hui nous emmène loin du style ritalo-sartorial tristement célèbre du fait d’instagram, ses cols cutaway et ses rayures bengale. Tournons-nous plutôt vers le monde anglo-saxon et penchons-nous sur un grand classique du vestiaire masculin, aux multiples qualités : la chemise en flanelle.

Sources : Kiel James Patrick (gauche), Five Point Fox (centre), @gezzaseyes (droite).
Sources : Kiel James Patrick (gauche), Five Point Fox (centre), @gezzaseyes (droite).

Qu’est-ce qu’une chemise en flanelle ?

Au sens large, il s’agit de n’importe quelle chemise confectionnée en utilisant de la flanelle, une étoffe de laine cardée originaire du Pays de Galles. Cependant, la chemise en flanelle d’aujourd’hui présente plusieurs caractéristiques précises.
Tout d’abord, l’étoffe : si quelques maisons produisent encore des chemises en laine (on pensera notamment à la vénérable institution américaine Pendleton Woolen Mills), l’immense majorité des modèles proposés est en flanelle de coton. Regrettable mais inévitable évolution de l’industrie du vêtement.
Le motif ensuite : la chemise en flanelle est malheureusement souvent associée dans l’imaginaire collectif à un tartan criard. Rétablissons la vérité : chemise en flanelle n’est pas synonyme de chemise en tartan ou à carreaux ! En pratique, trois possibilités s’offrent à vous : les grands carreaux (dits tartan ou écossais, option la plus décontractée), les petits carreaux (de type tattersall ou Vichy), et l’uni (qui, selon la couleur, peut s’avérer très désuet). Les autres motifs de flanelle (des rayures craie par exemple) sont plutôt réservés aux costumes, vestes et pantalons.

À gauche, le tristement célèbre « buffalo plaid » : une immondice à réserver aux déguisements de cow-boy. À droite, un tartan « Blackwatch » de chez Holland and Sherry.
À gauche, le tristement célèbre « buffalo plaid » : une immondice à réserver aux déguisements de cow-boy. À droite, un tartan « Blackwatch » de chez Holland and Sherry.

Le type de chemise, enfin, conditionné par les détails : la chemise en flanelle est à l’origine un vêtement utilitaire, porté par les militaires et les ouvriers ; elle est donc profondément décontractée (ou « casual », pour les adeptes de l’américano-servilité). On retrouvera ainsi fréquemment un col boutonné et une voire deux poches de poitrine, bien pratiques pour ranger (au choix) votre stylo Mont-Blanc ou votre Opinel.

La poche de poitrine (toujours une poche plaquée) peut être -du moins au plus décontracté- simple, boutonnée, ou à rabat. On évitera de porter en ville la poche à rabat, résolument beaucoup trop sport.
La poche de poitrine (toujours une poche plaquée) peut être -du moins au plus décontracté- simple, boutonnée, ou à rabat. On évitera de porter en ville la poche à rabat, résolument beaucoup trop sport.

La chemise en flanelle : quel intérêt ?

Cette pièce présente un double intérêt, pratique et esthétique. D’un point de vue fonctionnel d’une part : la coupe est ample, l’étoffe épaisse et lourde (pour une chemise !), les poches parfois bien utiles. Vous serez donc à l’aise et au chaud, deux qualités fort appréciables lors de la mauvaise saison. Pour des raisons stylistiques d’autre part : elle est suffisamment décontractée pour être portée sans susciter l’hostilité de la masse, et ce quel que soit votre milieu social. Ceci la rend par conséquent idéale pour l’apprenti sartorialiste le plus jeune (dès le lycée) ou le plus novice (d’aucuns diraient « le plus plouc »).

Même le pire des plébéiens n’oserait qualifier de telles tenues de « trop habillées ». Source : Kiel James Patrick (droite).
Même le pire des plébéiens n’oserait qualifier de telles tenues de « trop habillées ». Source : Kiel James Patrick (droite).

Comment porter la chemise en flanelle ?

Avec un dépareillé, veste et pantalon

Si le costume ne lui sied guère (on pourrait à la rigueur imaginer porter une flanelle unie bleue ou grise associée à un costume en tweed ou en velours épais, mais le résultat paraîtra sans doute daté), la chemise en flanelle peut être associée à un dépareillé pour un résultat du plus bel effet. Afin de maintenir une certaine cohérence, il faudra choisir des pièces (veste et pantalon) dans un style sportif et rustique. On pense tout particulièrement aux tweeds, aux velours, et -pourquoi pas- aux flanelles de laines (à condition qu’elles soient plus épaisses et plus texturées).

Choix judicieux des matières (tweed, flanelle, veau velours) et des couleurs (tons beiges et gris) : la tenue est parfaitement cohérente. Source : Bruce Boyer, Drake's.
Choix judicieux des matières (tweed, flanelle, veau velours) et des couleurs (tons beiges et gris) : la tenue est parfaitement cohérente. Source : Bruce Boyer, Drake's.
Il s’agit ici sans doute d’une chemise en popeline ou en twill de coton ; elle pourrait tout à fait être remplacée par une flanelle à petits carreaux (Vichy ou tattersall) pour une tenue encore plus chaude. Cette fois encore, l’ensemble est cohérent car d’inspiration rustique : veste en velours côtelé et cravate en tricot. Source : Drake's.
Il s’agit ici sans doute d’une chemise en popeline ou en twill de coton ; elle pourrait tout à fait être remplacée par une flanelle à petits carreaux (Vichy ou tattersall) pour une tenue encore plus chaude. Cette fois encore, l’ensemble est cohérent car d’inspiration rustique : veste en velours côtelé et cravate en tricot. Source : Drake's.
Ici, une chemise à col boutonné à motif tattersall associée à un cardigan en maille épaisse. Celui-ci remplace admirablement une veste sport dans cette tenue des plus confortables pour l’hiver. Source : Vanda Fine Clothing. <a href="https://www.sartorialisme.com/le-cardigan/">
À ce propos, vous pouvez lire notre article sur le cardigan</a>
Ici, une chemise à col boutonné à motif tattersall associée à un cardigan en maille épaisse. Celui-ci remplace admirablement une veste sport dans cette tenue des plus confortables pour l’hiver. Source : Vanda Fine Clothing. À ce propos, vous pouvez lire notre article sur le cardigan

N’essayez en revanche pas de « décontracter » une mise habillée avec une chemise en flanelle, le résultat sera catastrophique !

Cette horreur se passe de tout commentaire. J’invite le petit malin qui objectera qu’il s’agit d’un costume et non d’un dépareillé à reproduire l’expérience avec un blazer marine et un pantalon gris : la résultante sera pareillement épouvantable.
Cette horreur se passe de tout commentaire. J’invite le petit malin qui objectera qu’il s’agit d’un costume et non d’un dépareillé à reproduire l’expérience avec un blazer marine et un pantalon gris : la résultante sera pareillement épouvantable.

En lieu et place d’un cardigan

La chemise en flanelle peut servir d’alternative (très décontractée) au cardigan, à condition d’être suffisamment épaisse pour avoir l’air d’une « couche extérieure » crédible. Si elle est trop fine, l’aspect de deux chemises superposées sera sans doute curieux. On optera pour une chemise unie, telle la fameuse chemise chamois de chez L.L. Bean ou la chemise CPO (Chief Petty Officer) de la marine américaine, éventuellement pour de grands carreaux écossais.

Steve McQueen portant une chemise CPO ; on devine en dessous un col, qui pourrait être celui d’un pull Aran beige crème.
Steve McQueen portant une chemise CPO ; on devine en dessous un col, qui pourrait être celui d’un pull Aran beige crème.
La chemise CPO, ici associée à un chino blanc et des baskets en toile dans un style très preppy. Source: The Illustrated Book of Ivy.
La chemise CPO, ici associée à un chino blanc et des baskets en toile dans un style très preppy. Source: The Illustrated Book of Ivy.
Une chemise de type chamois, avec deux poches à rabats. On peut regretter le choix d’un tee-shirt en guise de première couche : une chemise en oxford ou en chambray eût été préférable.
Une chemise de type chamois, avec deux poches à rabats. On peut regretter le choix d’un tee-shirt en guise de première couche : une chemise en oxford ou en chambray eût été préférable.
Avec un tartan dans des tons verts, cette fois-ci. La superposition fonctionne ici car la (sur)chemise est épaisse et présente des poches. Source : Drake's.
Avec un tartan dans des tons verts, cette fois-ci. La superposition fonctionne ici car la (sur)chemise est épaisse et présente des poches. Source : Drake's.

Avec un pull

Au même titre que toute autre chemise décontractée, une flanelle peut parfaitement se glisser sous un pull-over (toujours à col rond, à moins que vous ne portiez une cravate). Ce choix présente plusieurs avantages : on gagne en chaleur ; on peut ainsi ajouter une touche de couleur à sa tenue (comme on rehausserait un costume trop sobre par une belle cravate) ; cela épargne à votre cou le contact désagréable d’un pull-over en laine. Voyez ces quelques associations réussies :

chemise sous pull

Complétez la tenue dans le même registre rustique. Un pantalon en velours, en toile de coton (de la moleskine par exemple) ou en denim feront parfaitement l’affaire. En ce qui concerne les chaussures, choisissez des mocassins penny ou blucher pour un style très américain ; dans un esprit plus européen, des derbies chasse, des brogues ou un encore une paire de Michaels seront préférables. A moins d’être un ouvrier, laissez les bottines de type Redwings aux bobos gauchistes parisiens.

Remplacez les bottes par une paire de chaussures plus civilisée, et vous obtiendrez une fort belle tenue de ville tout en gardant le charme sans égal du gentilhomme fermier que vous n’êtes pas. Source : Salt Water New England.
Remplacez les bottes par une paire de chaussures plus civilisée, et vous obtiendrez une fort belle tenue de ville tout en gardant le charme sans égal du gentilhomme fermier que vous n’êtes pas. Source : Salt Water New England.
Un tartan aux couleurs vives associé à un pull à torsades d’un bleu éclatant : le style est résolument preppy. Le pantalon en velours côtelé et les brogues ajoutent un peu de maturité à l’ensemble, évitant ainsi de tomber complètement dans la caricature du « frat boy » des universités nord-américaines. Source : Five Point Fox.
Un tartan aux couleurs vives associé à un pull à torsades d’un bleu éclatant : le style est résolument preppy. Le pantalon en velours côtelé et les brogues ajoutent un peu de maturité à l’ensemble, évitant ainsi de tomber complètement dans la caricature du « frat boy » des universités nord-américaines. Source : Five Point Fox.

Retenons en guise de conclusion que la chemise en flanelle est une pièce confortable et décontractée, qui s’intègre pourtant bien dans des mises élégantes, à condition de choisir un beau motif et de veiller à accorder les tons. Notons enfin qu’il s’agit d’une pièce peu onéreuse (on peut trouver un modèle satisfaisant pour une trentaine à une cinquantaine d’euros) et d’entretien particulièrement aisé (il suffit de la laver à la machine puis de la repasser).

Guide des finitions sartoriales de la chemise

Salut les petits clous !

Après avoir rappelé quelques éléments fondamentaux sur la chemise et le polo, on va s'attaquer aux fameux détails sartoriaux qui agitent tant les sartorialafistes d'instagram. Trêve de bavardage on passe à la démonstration technique.

Ici vous pouvez voir des coutures anglaises main avec des surpiqures main. La couture anglaise ne laisse deviner qu'une seule ligne de couture, ce qui permet d'avoir un rendu plus épuré. Cela n'a d'intérêt que si la couture est fine. Si c'est pour avoir une couture grossièrement faite par un bras cassé ce n'est pas la peine. Idem laissez les "détails sartoriaux" contrastants ou colorés aux zozos d'instagram ou du pitti uomo.

Plus le nombre de piqûres par centimètre est élevé, plus la chemise est durable et résistante.
Plus le nombre de piqûres par centimètre est élevé, plus la chemise est durable et résistante.

Concernant les fronces aux épaules, c’est normalement un signe de fait main mais c’est facilement imitable à la machine donc ça ne veut rien dire sur la qualité du montage. Veillez à ne pas prendre une épaule trop froncée car le rendu sera rapidement trop féminin. Remarque globale : plus le nombre d’opérations main est élevé et plus la chemise sera fragile au lavage et repassage, le fait main n’apporte quasiment rien en terme de confort, c’est purement esthétique. Le gain de confort ressenti tient au fait que souvent le fait main est réalisé sur une chemise mesure, c’est la coupe de la manche qui fait le confort.

finitions sartoriales (1)

En théorie, plus le nombre de fronces aux poignets est élevé et plus la chemise est « de qualité » mais à titre personnel je n’ai pas vu de grandes différences en terme de qualité entre le montage main ou machine ou entre les différents montages main. Mais c’est esthétiquement plus plaisant d’avoir un poignet froncé à la main, enfin à mon sens.

finitions sartoriales (2)

Il en est de même pour les fronces dans le dos, le gain d'aisance est quasi inexistant (de même pour l'empiècement dos coupé en biais). Préférez les pinces (en haut du dos) même si c'est moins instagramo-sartorial.
Pensez également aux pinces en bas du dos, si vous êtes naturellement assez cambré, cela va améliorer la silhouette et limiter visuellement la rondeur de votre ventre (la cambrure fait ressortir le peu de ventre que l'on a).

En haut : dos froncé. En bas : pinces en bas du dos. A droite : pinces en haut du dos, ici centrées.
En haut : dos froncé. En bas : pinces en bas du dos. A droite : pinces en haut du dos, ici centrées.

Le montage des boutons est assez varié, même un cousu parallèle machine peut être très solide s’il est exécuté correctement et au pire vous pouvez toujours recoudre un bouton correctement donc ce n’est pas un détail particulièrement dirimant lors de l’achat. Le cousu zampa di gallina permet de garantir que les boutons ont été cousus à la main et qu’un soin particulier y a été apporté. Le dessin formé par les fils représente une patte de poule.

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Par contre soyez attentif à la qualité du bouton ainsi qu’au montage sous le bouton :

Plus le fil enroulé sous le bouton forme une tigé épaisse et mieux c’est.
Plus le fil enroulé sous le bouton forme une tigé épaisse et mieux c’est.

Pour le bouton en lui même: plus il est épais et mieux c’est, il a plus de chance d’être bien solide et de ne pas se fissurer. Le plastique permet maintenant de bien imiter le nacre, mais si vous voulez vraiment du nacre il faut regarder sa couleur sous le bouton: s’il est bien blanc c’est du nacre, si c’est jaune c’est du trocas. La présence de particules noires trahit une mauvaise qualité.

Autre détail, assez rare, qui empêche la chemise de sortir du pantalon. On remarque que la dernière bouttonière est à l'horizontal, ce qui permet de donner un peu de jeu. Si vous portez des pantalons taille haute, vous pouvez ne pas la boutonner pour être pleinement à l'aise.
Autre détail, assez rare, qui empêche la chemise de sortir du pantalon. On remarque que la dernière bouttonière est à l'horizontal, ce qui permet de donner un peu de jeu. Si vous portez des pantalons taille haute, vous pouvez ne pas la boutonner pour être pleinement à l'aise.

La boutonnière peut être faite main ou machine, d’expérience cela a peu d’incidence. Ici vous avez une comparaison entre une boutonnière main (gauche) et machine (droite).

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Les ourlets (bords du tissu) peuvent aussi être rouloutées main, le seul intérêt est esthétique.

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Le travetto est un point de renfort assez utile, sur les chemises on le trouve sur les pattes capucins ou alors en guise d’hirondelle. Sur les polos on le trouve également en bas de la gorge et permet de renforcer un endroit qui se détériore assez vite. En revanche, la présence ou l’absence d’une hirondelle ou même d’un travetto sur une patte capucin ne présente pas d’utilité particulière, il y a de fortes chances d’user la chemise ou le polo à d’autres niveaux (par exemple les aisselles) avant que le bas du polo ou ses poignets ne vous lachent…

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Vous trouverez ci-dessous différentes variantes d’hirondelles, aucune n’est supérieure à l’autre. Le choix est avant tout esthétique.

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Soyez attentif à l'alignement des motifs, d'autant plus si les motifs sont épais.

Sur la photo de gauche, on note un alignement entre les rayures du col et celles du torse. La position du col étant assez hasardeuse, cet alignement ne me semble pas essentiel, contrairement à celui aux épaules (photo de droite) ou entre les deux empiècements dos (photo du haut).
Sur la photo de gauche, on note un alignement entre les rayures du col et celles du torse. La position du col étant assez hasardeuse, cet alignement ne me semble pas essentiel, contrairement à celui aux épaules (photo de droite) ou entre les deux empiècements dos (photo du haut).

Le décalage à l'emmanchure se trouve facilement en PAP, c’est assez simple à réaliser et cela apporte rapidement une plus value inutile (à priori c’est plus facile à repasser mais je n’ai noté aucune différence…). Le confort apporté tient plus au sur mesure qu’au décalage de l’emmanchure en tant que tel (le décalage de l’emmanchure n’est que la résultante d’un décalage de la manche vers l’avant en fonction de la morphologie du porteur), ce n’est qu'une façon de copier le sur-mesure mais cela n’a aucun intérêt en soi.

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Un col entoilé est déjà assez rare sur une chemise, et encore plus sur un polo car il faudrait qu’il ait un véritable col de chemise (on serait alors sur un « polo camicia » très orienté sur le coté chemise), l’avantage du col entoilé est de ne pas « buller », mais si vous prenez une chemise avec col thermocollé de confection correcte (colle soupoudrée et non appliquée en couche)  le col ne bullera pas. De même, ce n’est pas le thermocollage du col qui peut donner un effet cartonneux ou désagréable car le thermocollage n’est pas fait du coté peau (le thermocollage ne concerne qu’une face de la triplure, celle opposée au coté peau, ce qui fait que le coté peau est « libre » et non pas collé). En bref, l’entoilage du col n’a plus aucun avantage sur un thermocollage de qualité (mis à part celui de fanfaronner sur instagram ou sur un forum).

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Le pied de col peut être monté à la main.
Le pied de col peut être monté à la main.
Le col doit également être courbé pour rester collé au torse.
Le col doit également être courbé pour rester collé au torse.

Sur certains polos ou chemises vous pouvez trouver une petite attache au dessus de l’étiquette pour suspendre votre polo, j’en cherche encore l’utilité mais ça a le mérite d’exister et de rallonger un peu plus l’article pour avoir un bon référencement google.

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Les vrais détails utiles comme les passants de cravate (même principe que les passants de ceinture mais sous le col, pour maintenir la cravate dans la même position en toute circonstance) sont manifestement tombés dans l’oubli.

A défaut de trouver une photo correcte, j'ai tenté de faire un croquis. Notez que les passants se situent sur la retombée de col et non sur le pied de col.
A défaut de trouver une photo correcte, j'ai tenté de faire un croquis. Notez que les passants se situent sur la retombée de col et non sur le pied de col.

Nous allons terminer sur le col:

Les chemises habillées sont dotées de baleines au niveau des pointes du col. Il s’agit en règle général d’une pièce de plastique mais on en trouve dans différents matériaux (or, argent, bronze, cuivre, aluminium, écailles…).

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Cette pièce a pour rôle de rigidifier le col, lequel doit être le plus rigide, droit et stable possible (sauf effet de style ou col spéciaux):

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Les pointes du col ne doivent aucunement rebiquer vers l’intérieur:

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Et le col ne doit pas paraître mou ou gondolé (vers l’intérieur ou l’extérieur):

col mou

La molesse du col va trahir la faible qualité de la chemise ou alors son coté casual, mais à l’inverse on peut porter une chemise habillée sans baleine si on veut la décontracter:

Antonio Ciongoli (Eidos Napoli)
Antonio Ciongoli (Eidos Napoli)

De cette façon, on se retrouve avec une tenue de col proche de ce qui existe en matière de chemise à col « polo » ou « boutonné ».

La tenue du col tient aussi bien de son montage que de la qualité des baleines. Malheureusement les baleines en plastique fournies avec la majorité des chemises de confection industrielle sont très fines et très souples, ce qui n’améliore pas vraiment sa tenue puisque la baleine va se plier. Il arrive même que seule une baleine plie, si bien que le col sera asymétrique (une pointe droite et une pointe qui gondole ou rebique par exemple).

Les baleines rigides, par exemple celles en métal, permettent d’éviter cet inconvénient et les pointes du col seront parfaitement droites et ne bougeront pas d’un pouce. En revanche, les baleines rigides sont bien souvent plus épaisses que les souples et il se peut qu’on devine leur présence sous le col (présence d’une petite bosse ou d’un léger renflement). Il se peut aussi que la forme du col ou sa dimension ne permette pas de loger parfaitement une baleine rigide, elle dépassera alors de sa loge et fera une bosse au niveau du col (il suffit d’un ou deux millimètres en trop…) alors que ce problème est facilement résolu avec une baleine souple en plastique que l’on peut découper pour l’adapter au mieux.

Le problème des baleines en métal est que sur le long terme le tissu puisse être abîmé par le frottement du métal, raison sans doute pour laquelle les baleines en métal sont légèrement plus épaisses que celles en plastiques et avec des bords légèrement arrondis pour limiter leur côté abrasif.

Concernant le choix du métal, il peut se porter sur un métal vil puisque les métaux précieux n’ont ici aucun avantage… Que la baleine soit en or ou en acier, sa durée de vie ou son utilisation seront identiques et nul ne verra la matière de vos baleines…

Sur le marché, vous pouvez trouvé des chemises auxquelles des baleines sont déjà cousues dans le col (baleines fixes) et des chemises avec des baleines amovibles.

Bilan des baleines fixes:

L’avantage des baleines fixes est qu’il n’y a plus besoin de penser à les ôter le soir venu, et inversement il est inutile de penser à les mettre le matin.
Mais les baleines fixes présentent les défauts de leurs qualités, il se peut qu’à terme elles marquent le tissu du col lors du repassage (je n’ai cependant jamais observé une telle marque, les baleines fixes étant en général dans un plastique très fin et souple). Lorsque la chemise est portée sans cravate, la rigidité des baleines crée un décalage assez malheureux, du moins en théorie puisque la finesse et souplesse des baleines fixes s’accommodent d’un port sans cravate. Mais encore une fois, le port avec cravate se trouve affecté d’un manque criant de rigidité.

Bilan des baleines amovibles:

Lorsque les baleines sont amovibles, il faut penser à les ôter avant le lavage de la chemise et avant le repassage, au risque de marquer le tissu (encore plus si la baleine est rigide). Puis, il faut penser à les mettre lorsque l’on enfile sa chemise.
Mais ces petits tracas ne sont rien comparés aux avantages des baleines amovibles. On peut choisir de porter sa chemise sans baleines (lorsqu’elle est portée sans cravate ou avec une cravate mais dans un ensemble décontracté) ou avec des baleines plus ou moins rigides mais également plus ou moins courtes.

Pour ces raisons, il est préférable de privilégier les chemises avec baleines amovibles.