Petit manuel de survie sartorialiste en open space

Les codes vestimentaires n’ont jamais été aussi relâchés dans les entreprises. Et pourtant, à en croire les experts, le moral des salariés français est au plus bas. Faut-il y voir une relation de cause à effet ? Une chose est sûre, pour le sartorialiste qui a juré sur une paire de John Lobb de ne jamais trahir les lois sacramentelles de l’élégance classique, la vie de bureau peut vite devenir un enfer.

Avant-propos

Ce modeste guide s’adresse prioritairement aux employés qui fréquentent des environnements de travail où les termes open space, conf call, slides et burn-out permettent de donner un peu de contenance à des fonctions qui n’en ont à peu près aucune. Dans ces bureaux de seconde zone, où le costume a été banni par le régime du casual lifestyle, le sartorialiste mène une lutte quotidienne contre la barbarie du cool. Pour tous ceux qu’une mauvaise fortune condamne à la domesticité salariale, le sartorialisme représente bien plus qu’un délire érotomane sur instagram ; c’est une philosophie de combat. 

Décrypter les codes vestimentaires de l’entreprise

Qu’ils soient écrits ou tacites, les codes vestimentaires ont valeur de norme sociale et concourent, en tant que tels, à la cohésion du groupe. S’éloigner de ces règles, c’est prendre le risque d’être considéré comme déviant ; ce qui peut rapidement devenir problématique, particulièrement dans le monde de l’entreprise où l’intégration est une condition de survie. Voilà pourquoi tout bon sartorialiste se doit de maîtriser les usages vestimentaires en vigueur dans son environnement professionnel, y compris s’il les désapprouve.

Les spécialistes du menswear ont l’habitude de situer les registres stylistiques les plus couramment observés dans les entreprises sur une échelle allant de la tenue la plus stricte (formal) à la plus décontractée (casual), en passant par des niveaux intermédiaires (business casual et smart casual). 

Cette classification, qui doit sans doute son pragmatisme à ses origines anglo-saxonnes, permet d’identifier rapidement le code vestimentaire d’une unité de travail. Quelques illustrations permettront de se faire une idée de la méthode et de soulager provisoirement les neurones de nos plus jeunes lecteurs (fainéants et analphabètes comme chacun sait).

Une silhouette éminemment formelle composée d’un imposant trois-pièces bleu marine marié à une cravate de soie un peu folâtre sur fond de popeline blanche, le tout accompagné des éternels richelieus noirs ‒ méticuleusement cirés comme il se doit. La tenue idéale si vous êtes PDG d’une société du CAC 40 ou l’héritier putatif de ce dernier. Source : Andreas Weinas.
Une silhouette éminemment formelle composée d’un imposant trois-pièces bleu marine marié à une cravate de soie un peu folâtre sur fond de popeline blanche, le tout accompagné des éternels richelieus noirs ‒ méticuleusement cirés comme il se doit. La tenue idéale si vous êtes PDG d’une société du CAC 40 ou l’héritier putatif de ce dernier. Source : Andreas Weinas.
Une tenue business-casual façon scandinave, construite autour d’une veste sport gris texturé, d’un pantalon en twill de coton sable et de mocassins à pampilles en veau-velours marron. Autrefois, cette tenue aurait à peine été bonne pour emmener Marie-Cécile faire un tour de barque mais elle vous vaudra aujourd’hui les quolibets débiles de Seb, le blaireau du service informatique (Note : lorsqu’il s’est marié avec Lolo, Seb a opté pour une cérémonie champêtre). Source : @blugiallose.
Une tenue business-casual façon scandinave, construite autour d’une veste sport gris texturé, d’un pantalon en twill de coton sable et de mocassins à pampilles en veau-velours marron. Autrefois, cette tenue aurait à peine été bonne pour emmener Marie-Cécile faire un tour de barque mais elle vous vaudra aujourd’hui les quolibets débiles de Seb, le blaireau du service informatique (Note : lorsqu’il s’est marié avec Lolo, Seb a opté pour une cérémonie champêtre). Source : @blugiallose.
Une variation en smart-casual élaborée à partir d’un luxueux cardigan en maille bleu marine couvrant nonchalamment une chemise oxford bleu ciel à col boutonné, de  l’indispensable jean selveldge brut et de mocassins marron patinés par le temps. A la fois chic et moderne, ce look devrait vous permettre de passer relativement inaperçu, tout en ayant pour plusieurs milliers d’euros de frusques sur le dos. Source : Permanent Style.
Une variation en smart-casual élaborée à partir d’un luxueux cardigan en maille bleu marine couvrant nonchalamment une chemise oxford bleu ciel à col boutonné, de l’indispensable jean selveldge brut et de mocassins marron patinés par le temps. A la fois chic et moderne, ce look devrait vous permettre de passer relativement inaperçu, tout en ayant pour plusieurs milliers d’euros de frusques sur le dos. Source : Permanent Style.
Un look casual qui allie blouson en coton vert militaire, t-shirt gris clair débordant sur jean brut semi-slim et sneakers minimalistes blanches. Conseil de style : usez un peu et ajoutez un gilet jaune ; vous êtes prêt pour aller casser du sartorialiste. Source : @sunspelclothing.
Un look casual qui allie blouson en coton vert militaire, t-shirt gris clair débordant sur jean brut semi-slim et sneakers minimalistes blanches. Conseil de style : usez un peu et ajoutez un gilet jaune ; vous êtes prêt pour aller casser du sartorialiste. Source : @sunspelclothing.

Certains secteurs professionnels comme le droit, les finances ou encore les pompes funèbres, sont réputés plus conservateurs que d’autres. Notons également que dans certaines organisations, les tenues les plus formelles sont réservées aux membres du personnel encadrant ; lesquels verront généralement d’un très mauvais oeil vos audaces vestimentaires et chercheront à vous détruire en représailles (ce à quoi ils se seraient employés de toutes les manières puisque c’est précisément l’objet de leurs fonctions). 

D’autres indices tels que le spectre chromatique, les marques ou la qualité des étoffes vous donneront de précieux indices sur les rapports de force au sein de l’unité de travail mais aussi sur les principales caractéristiques identitaires de vos collègues : statut professionnel, orientation sexuelle, patrimoine, confession religieuse, opinions politiques… etc. Autant de renseignements qui pourront être mis à profit dans le cadre de vos plans de carrière machiavéliques.

Faire preuve de mesure

Il faut se faire à l’idée que dans bon nombre de milieux professionnels, où le jean-basket règne désormais en maître absolu, le costume-cravate fait aujourd’hui figure d’anti-conformisme. Paradoxalement, la tenue de prédilection du sartorialiste, qui a longtemps incarné le symbole du conservatisme bourgeois, est devenue une forme de subversion sous l’ère digitale. On s’est d’ailleurs félicités un peu vite d’une supposée libéralisation des codes vestimentaires au sein de l’entreprise, alors qu’on assistait en réalité au remplacement d’un uniforme par un autre…

Le gourou des sartorialistes millionnaires, Monsieur Hugo Jacomet, a dit : “aujourd’hui, les vrais rebelles sont ceux qui portent le costume” (citation approximative, amen).
Le gourou des sartorialistes millionnaires, Monsieur Hugo Jacomet, a dit : “aujourd’hui, les vrais rebelles sont ceux qui portent le costume” (citation approximative, amen).

Il est toujours possible de forcer les limites du code vestimentaire de votre entreprise mais pas de beaucoup, sauf à vous sacrifier littéralement sur l’autel de la cause sartoriale. Rappelons tout de même, à des fins préventives, les principaux risques psycho-sociaux encourus : toxicomanie, harcèlement, syndrome anxio-réactionnel,  déchéance sociale (liste non exhaustive). 

Dans certains contextes, le degré business casual représentera déjà un niveau de formalité élevé compte tenu de la légèreté des mœurs et du goût très prononcé de vos collègues pour les lookbooks des pires enseignes de prêt-à-jeter. On déconseillera, dans un premier temps, de dépasser de plus d’un cran le niveau de formalité moyen observé dans l’unité de travail. Dans une logique de management bienveillant et empathique, vous pouvez aussi choisir d’habituer progressivement les yeux de vos collègues à la splendeur de mise et, qui sait, susciter des vocations sartoriales (on peut rêver). 

Ne perdez pas de vue votre allure générale ainsi que la cohérence entre votre tenue et votre statut social. Une inadéquation trop flagrante entre votre mise et votre identité véritable produira immanquablement une dissonance cognitive, laquelle se traduira par un malaise assez déplorable en terme de gestion d’image de soi. Le pire consisterait évidemment à donner dans le cosplay, en jouant les gentlemen à la petite semaine ou les dandys décadents, alors qu’aussi loin que vous pouvez remonter dans votre arbre généalogique, il n’y a pas l’ombre d’un titre de noblesse. Et même si l’un de vos lointains aïeux a été fait chevalier de Sainte-Verge (79), ce n’est franchement pas une raison pour vous la raconter. 

L’élégance est indéniablement une affaire de contexte et il ne faudrait surtout pas confondre votre petit bureau avec le pitti uomo. Dans son livre intitulé Le Courtisan - que les amateurs de sprezzatura pepperoni n’ont pas pris la peine de lire et encore moins de comprendre - Castiglione explique qu’en toute chose, la médiocrité est plus louable que l’excellence. Il faut comprendre par là que la mesure est une vertu cardinale de l’élégance et que l’excès est son péché mortel. Pour le dire encore autrement, être trop bien habillé c’est être mal habillé.

Opter pour le flexible dress code

Dans un environnement défiguré par les ravages du look valley casual, nous ne saurions trop inciter nos lecteurs à opter pour un style rassurant, du moins jusqu’à ce qu’ils parviennent à s’imposer dans les plus hautes sphères de leur entreprise. Après avoir identifié le registre stylistique en vigueur au bureau, il s’agira de déterminer les occasions de passer au registre supérieur (ce qui constitue évidemment le but ultime de tout sartorialiste). 

Cette aptitude à la souplesse vestimentaire, la banque d’investissement américaine Goldman Sachs en a fait une doctrine avec son flexible dress code (auquel nous avons déjà consacré un article). Concrètement, il s’agit pour le collaborateur de développer une capacité à adapter en permanence ses tenues à son environnement professionnel. Cela étant, à moins que vous ne soyez trader dans ladite firme, la stratégie de la flexibilité peut vite s’avérer assez ruineuse. C’est pourquoi, nous vous recommandons d’opter pour des pièces à la fois polyvalentes et relativement intemporelles, de manière à pouvoir construire des tenues au gré des circonstances. 

Nous avons sélectionné pour vous quelques pièces hybrides, reconnues les meilleurs arbiter elegantiarum de la blogosphère et d’ailleurs pour leur fort potentiel d’adaptation.

La veste sport se mariera avec la plupart des pantalons dépareillés, y compris les jeans à condition d’opter pour une coupe relativement droite. A noter que si la plupart des costumes ne doivent jamais ô grand jamais être dépareillés, sous peine d’excommunication du cercle sartorialiste, certains modèles permettent de faire coup double, notamment si vous optez pour une veste coupée dans un tissu texturé et dotée d’épaules souples et de poches plaquées, c’est-à-dire les caractéristiques habituelles de la veste sport. Source : Drake's.
La veste sport se mariera avec la plupart des pantalons dépareillés, y compris les jeans à condition d’opter pour une coupe relativement droite. A noter que si la plupart des costumes ne doivent jamais ô grand jamais être dépareillés, sous peine d’excommunication du cercle sartorialiste, certains modèles permettent de faire coup double, notamment si vous optez pour une veste coupée dans un tissu texturé et dotée d’épaules souples et de poches plaquées, c’est-à-dire les caractéristiques habituelles de la veste sport. Source : Drake's.
Si le pantalon en flanelle gris est l’un des pivots de la garde-robe sartoriale, c’est parce qu’il est le compagnon idéal de la veste sport. Notez qu’il accompagnera tout aussi bien des pièces plus décontractées, comme un blouson en cuir veau-velour ou un pull col-roulé, ce qui ne manquera pas de faire craquer les rombières du service comptabilité. Source : He Spoke Style.
Si le pantalon en flanelle gris est l’un des pivots de la garde-robe sartoriale, c’est parce qu’il est le compagnon idéal de la veste sport. Notez qu’il accompagnera tout aussi bien des pièces plus décontractées, comme un blouson en cuir veau-velour ou un pull col-roulé, ce qui ne manquera pas de faire craquer les rombières du service comptabilité. Source : He Spoke Style.
Les derbies marron foncé incarnent le soulier polyvalent par excellence. Elles se porteront aussi bien avec un pantalon habillé qu’avec un chino ou un jean à condition toutefois que sa coupe ne soit pas calquée sur celle d’un legging. Ici un demi-chasse de chez Zonkey Boot. Sources : @burzanblog (gauche), @gongdrew (droite).
Les derbies marron foncé incarnent le soulier polyvalent par excellence. Elles se porteront aussi bien avec un pantalon habillé qu’avec un chino ou un jean à condition toutefois que sa coupe ne soit pas calquée sur celle d’un legging. Ici un demi-chasse de chez Zonkey Boot. Sources : @burzanblog (gauche), @gongdrew (droite).
Les chemises à col italien se prêtent pour la plupart aussi bien au port de la cravate que sans. La même chose pourrait éventuellement être tentée avec un col dit button-down, même si l’option cravate suscite encore un débat dans la mouvance sartorialiste intégriste. Source : Trunk Clothiers (gauche), Drake's (droite).
Les chemises à col italien se prêtent pour la plupart aussi bien au port de la cravate que sans. La même chose pourrait éventuellement être tentée avec un col dit button-down, même si l’option cravate suscite encore un débat dans la mouvance sartorialiste intégriste. Source : Trunk Clothiers (gauche), Drake's (droite).
Un par-dessus bien coupé, relativement souple et surtout assez long vous apportera de l’allure en toute circonstance et pourra être facilement être utilisé dans une registre tant formel que casual. Source : Andreas Weinas.
Un par-dessus bien coupé, relativement souple et surtout assez long vous apportera de l’allure en toute circonstance et pourra être facilement être utilisé dans une registre tant formel que casual. Source : Andreas Weinas.
Le cardigan est sans doute la maille préférée du sartorialiste. Glissé sous une veste ou porté comme une veste, il permet d’envisager tous les registres stylistiques. Source : Permanent Style.
<a href="https://www.sartorialisme.com/cardigan-style-sartorial/">
Apprenez-en plus sur le cardigan en lisant notre article dédié</a>
Le cardigan est sans doute la maille préférée du sartorialiste. Glissé sous une veste ou porté comme une veste, il permet d’envisager tous les registres stylistiques. Source : Permanent Style. Apprenez-en plus sur le cardigan en lisant notre article dédié

D’un point de vue psycho-social, il pourrait être judicieux d’intégrer dans votre tenue au moins l’un des signes ostensibles d’appartenance au groupe, afin de satisfaire aux instincts grégaires de vos collègues sans pour autant céder à l’appel de la vulgarité. La chemise en jean, les sneakers minimalistes ou le bombers en laine pourraient ainsi devenir de précieux alliés pour aller remplir vos tableurs excel. 

Notons qu’il est plus facile d’obtenir des tenues décontractées cohérentes à partir d’une garde robe relativement formelle que l’inverse. C’est sans doute ce qui explique le succès du business casual depuis plusieurs décennies. Attention toutefois ; ce style est bien plus complexe à maîtriser qu’il n’y paraît et peut vite s’avérer désastreux si vous confondez encore veste de costume et veste sport, par exemple.

Cultiver des soft skills

De nos jours, la revendication d’une élégance classique et intemporelle ‒ parfois assez fantasmée, il faut bien le reconnaître ‒ peut vite prendre des allures de provocation. D’autant que dans l’inconscient collectif, le costume continue d’incarner le symbole ostentatoire d’une classe sociale qui concentre les pouvoirs politiques et économiques (quoique assez largement désavouée par l’opinion publique). Si vous n’en êtes pas persuadé, allez donc faire un tour dans un rassemblement gilet jaune en costume croisé bleu marine à rayure tennis.

En revanche, il n’y a franchement plus rien de subversif à s’afficher dans une tenue logotypée prétendument avant-gardiste ou à porter des marques se revendiquant d’on-ne-sait quelle contre-culture moribonde, sauf à affirmer son adhésion aux valeurs de la consommation de masse. De même, personne ou presque ne s’étonne de voir des adolescents prépubères manipuler des smartphone dont la valeur peut dépasser le millier d’euros, alors qu’une simple pochette délicatement plié dans la poche d’une veste suscitera à coup sûr l’indignation d’un parterre de collègues.   

A une époque où l’apparence semble avoir pris le dessus sur le fond, où la réalité virtuelle prétend dépasser la réalité matérielle, il est crucial d’interroger sa propre cohérence. Les vêtements sont un langage muet et il faut prendre garde de ne pas trop les faire mentir. Plutôt que de vouloir jouer un rôle, cherchez à sublimer votre personnalité profonde. En peu de mots, privilégiez l’esprit plutôt que la tenue. Ainsi, vous éviterez peut-être d’être de ceux qui, comme le léopard dans la fable de La Fontaine, « n’ont que l’habit pour tous talents ».

La chemise en flanelle : une pièce décontractée idéale pour l’automne

Une fois n’est pas coutume, notre article d’aujourd’hui nous emmène loin du style ritalo-sartorial tristement célèbre du fait d’instagram, ses cols cutaway et ses rayures bengale. Tournons-nous plutôt vers le monde anglo-saxon et penchons-nous sur un grand classique du vestiaire masculin, aux multiples qualités : la chemise en flanelle.

Sources : Kiel James Patrick (gauche), Five Point Fox (centre), @gezzaseyes (droite).
Sources : Kiel James Patrick (gauche), Five Point Fox (centre), @gezzaseyes (droite).

Qu’est-ce qu’une chemise en flanelle ?

Au sens large, il s’agit de n’importe quelle chemise confectionnée en utilisant de la flanelle, une étoffe de laine cardée originaire du Pays de Galles. Cependant, la chemise en flanelle d’aujourd’hui présente plusieurs caractéristiques précises.
Tout d’abord, l’étoffe : si quelques maisons produisent encore des chemises en laine (on pensera notamment à la vénérable institution américaine Pendleton Woolen Mills), l’immense majorité des modèles proposés est en flanelle de coton. Regrettable mais inévitable évolution de l’industrie du vêtement.
Le motif ensuite : la chemise en flanelle est malheureusement souvent associée dans l’imaginaire collectif à un tartan criard. Rétablissons la vérité : chemise en flanelle n’est pas synonyme de chemise en tartan ou à carreaux ! En pratique, trois possibilités s’offrent à vous : les grands carreaux (dits tartan ou écossais, option la plus décontractée), les petits carreaux (de type tattersall ou Vichy), et l’uni (qui, selon la couleur, peut s’avérer très désuet). Les autres motifs de flanelle (des rayures craie par exemple) sont plutôt réservés aux costumes, vestes et pantalons.

À gauche, le tristement célèbre « buffalo plaid » : une immondice à réserver aux déguisements de cow-boy. À droite, un tartan « Blackwatch » de chez Holland and Sherry.
À gauche, le tristement célèbre « buffalo plaid » : une immondice à réserver aux déguisements de cow-boy. À droite, un tartan « Blackwatch » de chez Holland and Sherry.

Le type de chemise, enfin, conditionné par les détails : la chemise en flanelle est à l’origine un vêtement utilitaire, porté par les militaires et les ouvriers ; elle est donc profondément décontractée (ou « casual », pour les adeptes de l’américano-servilité). On retrouvera ainsi fréquemment un col boutonné et une voire deux poches de poitrine, bien pratiques pour ranger (au choix) votre stylo Mont-Blanc ou votre Opinel.

La poche de poitrine (toujours une poche plaquée) peut être -du moins au plus décontracté- simple, boutonnée, ou à rabat. On évitera de porter en ville la poche à rabat, résolument beaucoup trop sport.
La poche de poitrine (toujours une poche plaquée) peut être -du moins au plus décontracté- simple, boutonnée, ou à rabat. On évitera de porter en ville la poche à rabat, résolument beaucoup trop sport.

La chemise en flanelle : quel intérêt ?

Cette pièce présente un double intérêt, pratique et esthétique. D’un point de vue fonctionnel d’une part : la coupe est ample, l’étoffe épaisse et lourde (pour une chemise !), les poches parfois bien utiles. Vous serez donc à l’aise et au chaud, deux qualités fort appréciables lors de la mauvaise saison. Pour des raisons stylistiques d’autre part : elle est suffisamment décontractée pour être portée sans susciter l’hostilité de la masse, et ce quel que soit votre milieu social. Ceci la rend par conséquent idéale pour l’apprenti sartorialiste le plus jeune (dès le lycée) ou le plus novice (d’aucuns diraient « le plus plouc »).

Même le pire des plébéiens n’oserait qualifier de telles tenues de « trop habillées ». Source : Kiel James Patrick (droite).
Même le pire des plébéiens n’oserait qualifier de telles tenues de « trop habillées ». Source : Kiel James Patrick (droite).

Comment porter la chemise en flanelle ?

Avec un dépareillé, veste et pantalon

Si le costume ne lui sied guère (on pourrait à la rigueur imaginer porter une flanelle unie bleue ou grise associée à un costume en tweed ou en velours épais, mais le résultat paraîtra sans doute daté), la chemise en flanelle peut être associée à un dépareillé pour un résultat du plus bel effet. Afin de maintenir une certaine cohérence, il faudra choisir des pièces (veste et pantalon) dans un style sportif et rustique. On pense tout particulièrement aux tweeds, aux velours, et -pourquoi pas- aux flanelles de laines (à condition qu’elles soient plus épaisses et plus texturées).

Choix judicieux des matières (tweed, flanelle, veau velours) et des couleurs (tons beiges et gris) : la tenue est parfaitement cohérente. Source : Bruce Boyer, Drake's.
Choix judicieux des matières (tweed, flanelle, veau velours) et des couleurs (tons beiges et gris) : la tenue est parfaitement cohérente. Source : Bruce Boyer, Drake's.
Il s’agit ici sans doute d’une chemise en popeline ou en twill de coton ; elle pourrait tout à fait être remplacée par une flanelle à petits carreaux (Vichy ou tattersall) pour une tenue encore plus chaude. Cette fois encore, l’ensemble est cohérent car d’inspiration rustique : veste en velours côtelé et cravate en tricot. Source : Drake's.
Il s’agit ici sans doute d’une chemise en popeline ou en twill de coton ; elle pourrait tout à fait être remplacée par une flanelle à petits carreaux (Vichy ou tattersall) pour une tenue encore plus chaude. Cette fois encore, l’ensemble est cohérent car d’inspiration rustique : veste en velours côtelé et cravate en tricot. Source : Drake's.
Ici, une chemise à col boutonné à motif tattersall associée à un cardigan en maille épaisse. Celui-ci remplace admirablement une veste sport dans cette tenue des plus confortables pour l’hiver. Source : Vanda Fine Clothing. <a href="https://www.sartorialisme.com/le-cardigan/">
À ce propos, vous pouvez lire notre article sur le cardigan</a>
Ici, une chemise à col boutonné à motif tattersall associée à un cardigan en maille épaisse. Celui-ci remplace admirablement une veste sport dans cette tenue des plus confortables pour l’hiver. Source : Vanda Fine Clothing. À ce propos, vous pouvez lire notre article sur le cardigan

N’essayez en revanche pas de « décontracter » une mise habillée avec une chemise en flanelle, le résultat sera catastrophique !

Cette horreur se passe de tout commentaire. J’invite le petit malin qui objectera qu’il s’agit d’un costume et non d’un dépareillé à reproduire l’expérience avec un blazer marine et un pantalon gris : la résultante sera pareillement épouvantable.
Cette horreur se passe de tout commentaire. J’invite le petit malin qui objectera qu’il s’agit d’un costume et non d’un dépareillé à reproduire l’expérience avec un blazer marine et un pantalon gris : la résultante sera pareillement épouvantable.

En lieu et place d’un cardigan

La chemise en flanelle peut servir d’alternative (très décontractée) au cardigan, à condition d’être suffisamment épaisse pour avoir l’air d’une « couche extérieure » crédible. Si elle est trop fine, l’aspect de deux chemises superposées sera sans doute curieux. On optera pour une chemise unie, telle la fameuse chemise chamois de chez L.L. Bean ou la chemise CPO (Chief Petty Officer) de la marine américaine, éventuellement pour de grands carreaux écossais.

Steve McQueen portant une chemise CPO ; on devine en dessous un col, qui pourrait être celui d’un pull Aran beige crème.
Steve McQueen portant une chemise CPO ; on devine en dessous un col, qui pourrait être celui d’un pull Aran beige crème.
La chemise CPO, ici associée à un chino blanc et des baskets en toile dans un style très preppy. Source: The Illustrated Book of Ivy.
La chemise CPO, ici associée à un chino blanc et des baskets en toile dans un style très preppy. Source: The Illustrated Book of Ivy.
Une chemise de type chamois, avec deux poches à rabats. On peut regretter le choix d’un tee-shirt en guise de première couche : une chemise en oxford ou en chambray eût été préférable.
Une chemise de type chamois, avec deux poches à rabats. On peut regretter le choix d’un tee-shirt en guise de première couche : une chemise en oxford ou en chambray eût été préférable.
Avec un tartan dans des tons verts, cette fois-ci. La superposition fonctionne ici car la (sur)chemise est épaisse et présente des poches. Source : Drake's.
Avec un tartan dans des tons verts, cette fois-ci. La superposition fonctionne ici car la (sur)chemise est épaisse et présente des poches. Source : Drake's.

Avec un pull

Au même titre que toute autre chemise décontractée, une flanelle peut parfaitement se glisser sous un pull-over (toujours à col rond, à moins que vous ne portiez une cravate). Ce choix présente plusieurs avantages : on gagne en chaleur ; on peut ainsi ajouter une touche de couleur à sa tenue (comme on rehausserait un costume trop sobre par une belle cravate) ; cela épargne à votre cou le contact désagréable d’un pull-over en laine. Voyez ces quelques associations réussies :

chemise sous pull

Complétez la tenue dans le même registre rustique. Un pantalon en velours, en toile de coton (de la moleskine par exemple) ou en denim feront parfaitement l’affaire. En ce qui concerne les chaussures, choisissez des mocassins penny ou blucher pour un style très américain ; dans un esprit plus européen, des derbies chasse, des brogues ou un encore une paire de Michaels seront préférables. A moins d’être un ouvrier, laissez les bottines de type Redwings aux bobos gauchistes parisiens.

Remplacez les bottes par une paire de chaussures plus civilisée, et vous obtiendrez une fort belle tenue de ville tout en gardant le charme sans égal du gentilhomme fermier que vous n’êtes pas. Source : Salt Water New England.
Remplacez les bottes par une paire de chaussures plus civilisée, et vous obtiendrez une fort belle tenue de ville tout en gardant le charme sans égal du gentilhomme fermier que vous n’êtes pas. Source : Salt Water New England.
Un tartan aux couleurs vives associé à un pull à torsades d’un bleu éclatant : le style est résolument preppy. Le pantalon en velours côtelé et les brogues ajoutent un peu de maturité à l’ensemble, évitant ainsi de tomber complètement dans la caricature du « frat boy » des universités nord-américaines. Source : Five Point Fox.
Un tartan aux couleurs vives associé à un pull à torsades d’un bleu éclatant : le style est résolument preppy. Le pantalon en velours côtelé et les brogues ajoutent un peu de maturité à l’ensemble, évitant ainsi de tomber complètement dans la caricature du « frat boy » des universités nord-américaines. Source : Five Point Fox.

Retenons en guise de conclusion que la chemise en flanelle est une pièce confortable et décontractée, qui s’intègre pourtant bien dans des mises élégantes, à condition de choisir un beau motif et de veiller à accorder les tons. Notons enfin qu’il s’agit d’une pièce peu onéreuse (on peut trouver un modèle satisfaisant pour une trentaine à une cinquantaine d’euros) et d’entretien particulièrement aisé (il suffit de la laver à la machine puis de la repasser).

Guide des finitions sartoriales de la chemise

Salut les petits clous !

Après avoir rappelé quelques éléments fondamentaux sur la chemise et le polo, on va s'attaquer aux fameux détails sartoriaux qui agitent tant les sartorialafistes d'instagram. Trêve de bavardage on passe à la démonstration technique.

Ici vous pouvez voir des coutures anglaises main avec des surpiqures main. La couture anglaise ne laisse deviner qu'une seule ligne de couture, ce qui permet d'avoir un rendu plus épuré. Cela n'a d'intérêt que si la couture est fine. Si c'est pour avoir une couture grossièrement faite par un bras cassé ce n'est pas la peine. Idem laissez les "détails sartoriaux" contrastants ou colorés aux zozos d'instagram ou du pitti uomo.

Plus le nombre de piqûres par centimètre est élevé, plus la chemise est durable et résistante.
Plus le nombre de piqûres par centimètre est élevé, plus la chemise est durable et résistante.

Concernant les fronces aux épaules, c’est normalement un signe de fait main mais c’est facilement imitable à la machine donc ça ne veut rien dire sur la qualité du montage. Veillez à ne pas prendre une épaule trop froncée car le rendu sera rapidement trop féminin. Remarque globale : plus le nombre d’opérations main est élevé et plus la chemise sera fragile au lavage et repassage, le fait main n’apporte quasiment rien en terme de confort, c’est purement esthétique. Le gain de confort ressenti tient au fait que souvent le fait main est réalisé sur une chemise mesure, c’est la coupe de la manche qui fait le confort.

finitions sartoriales (1)

En théorie, plus le nombre de fronces aux poignets est élevé et plus la chemise est « de qualité » mais à titre personnel je n’ai pas vu de grandes différences en terme de qualité entre le montage main ou machine ou entre les différents montages main. Mais c’est esthétiquement plus plaisant d’avoir un poignet froncé à la main, enfin à mon sens.

finitions sartoriales (2)

Il en est de même pour les fronces dans le dos, le gain d'aisance est quasi inexistant (de même pour l'empiècement dos coupé en biais). Préférez les pinces (en haut du dos) même si c'est moins instagramo-sartorial.
Pensez également aux pinces en bas du dos, si vous êtes naturellement assez cambré, cela va améliorer la silhouette et limiter visuellement la rondeur de votre ventre (la cambrure fait ressortir le peu de ventre que l'on a).

En haut : dos froncé. En bas : pinces en bas du dos. A droite : pinces en haut du dos, ici centrées.
En haut : dos froncé. En bas : pinces en bas du dos. A droite : pinces en haut du dos, ici centrées.

Le montage des boutons est assez varié, même un cousu parallèle machine peut être très solide s’il est exécuté correctement et au pire vous pouvez toujours recoudre un bouton correctement donc ce n’est pas un détail particulièrement dirimant lors de l’achat. Le cousu zampa di gallina permet de garantir que les boutons ont été cousus à la main et qu’un soin particulier y a été apporté. Le dessin formé par les fils représente une patte de poule.

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Par contre soyez attentif à la qualité du bouton ainsi qu’au montage sous le bouton :

Plus le fil enroulé sous le bouton forme une tigé épaisse et mieux c’est.
Plus le fil enroulé sous le bouton forme une tigé épaisse et mieux c’est.

Pour le bouton en lui même: plus il est épais et mieux c’est, il a plus de chance d’être bien solide et de ne pas se fissurer. Le plastique permet maintenant de bien imiter le nacre, mais si vous voulez vraiment du nacre il faut regarder sa couleur sous le bouton: s’il est bien blanc c’est du nacre, si c’est jaune c’est du trocas. La présence de particules noires trahit une mauvaise qualité.

Autre détail, assez rare, qui empêche la chemise de sortir du pantalon. On remarque que la dernière bouttonière est à l'horizontal, ce qui permet de donner un peu de jeu. Si vous portez des pantalons taille haute, vous pouvez ne pas la boutonner pour être pleinement à l'aise.
Autre détail, assez rare, qui empêche la chemise de sortir du pantalon. On remarque que la dernière bouttonière est à l'horizontal, ce qui permet de donner un peu de jeu. Si vous portez des pantalons taille haute, vous pouvez ne pas la boutonner pour être pleinement à l'aise.

La boutonnière peut être faite main ou machine, d’expérience cela a peu d’incidence. Ici vous avez une comparaison entre une boutonnière main (gauche) et machine (droite).

finitions sartoriales (3)

Les ourlets (bords du tissu) peuvent aussi être rouloutées main, le seul intérêt est esthétique.

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Le travetto est un point de renfort assez utile, sur les chemises on le trouve sur les pattes capucins ou alors en guise d’hirondelle. Sur les polos on le trouve également en bas de la gorge et permet de renforcer un endroit qui se détériore assez vite. En revanche, la présence ou l’absence d’une hirondelle ou même d’un travetto sur une patte capucin ne présente pas d’utilité particulière, il y a de fortes chances d’user la chemise ou le polo à d’autres niveaux (par exemple les aisselles) avant que le bas du polo ou ses poignets ne vous lachent…

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Vous trouverez ci-dessous différentes variantes d’hirondelles, aucune n’est supérieure à l’autre. Le choix est avant tout esthétique.

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Soyez attentif à l'alignement des motifs, d'autant plus si les motifs sont épais.

Sur la photo de gauche, on note un alignement entre les rayures du col et celles du torse. La position du col étant assez hasardeuse, cet alignement ne me semble pas essentiel, contrairement à celui aux épaules (photo de droite) ou entre les deux empiècements dos (photo du haut).
Sur la photo de gauche, on note un alignement entre les rayures du col et celles du torse. La position du col étant assez hasardeuse, cet alignement ne me semble pas essentiel, contrairement à celui aux épaules (photo de droite) ou entre les deux empiècements dos (photo du haut).

Le décalage à l'emmanchure se trouve facilement en PAP, c’est assez simple à réaliser et cela apporte rapidement une plus value inutile (à priori c’est plus facile à repasser mais je n’ai noté aucune différence…). Le confort apporté tient plus au sur mesure qu’au décalage de l’emmanchure en tant que tel (le décalage de l’emmanchure n’est que la résultante d’un décalage de la manche vers l’avant en fonction de la morphologie du porteur), ce n’est qu'une façon de copier le sur-mesure mais cela n’a aucun intérêt en soi.

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Un col entoilé est déjà assez rare sur une chemise, et encore plus sur un polo car il faudrait qu’il ait un véritable col de chemise (on serait alors sur un « polo camicia » très orienté sur le coté chemise), l’avantage du col entoilé est de ne pas « buller », mais si vous prenez une chemise avec col thermocollé de confection correcte (colle soupoudrée et non appliquée en couche)  le col ne bullera pas. De même, ce n’est pas le thermocollage du col qui peut donner un effet cartonneux ou désagréable car le thermocollage n’est pas fait du coté peau (le thermocollage ne concerne qu’une face de la triplure, celle opposée au coté peau, ce qui fait que le coté peau est « libre » et non pas collé). En bref, l’entoilage du col n’a plus aucun avantage sur un thermocollage de qualité (mis à part celui de fanfaronner sur instagram ou sur un forum).

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Le pied de col peut être monté à la main.
Le pied de col peut être monté à la main.
Le col doit également être courbé pour rester collé au torse.
Le col doit également être courbé pour rester collé au torse.

Sur certains polos ou chemises vous pouvez trouver une petite attache au dessus de l’étiquette pour suspendre votre polo, j’en cherche encore l’utilité mais ça a le mérite d’exister et de rallonger un peu plus l’article pour avoir un bon référencement google.

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Les vrais détails utiles comme les passants de cravate (même principe que les passants de ceinture mais sous le col, pour maintenir la cravate dans la même position en toute circonstance) sont manifestement tombés dans l’oubli.

A défaut de trouver une photo correcte, j'ai tenté de faire un croquis. Notez que les passants se situent sur la retombée de col et non sur le pied de col.
A défaut de trouver une photo correcte, j'ai tenté de faire un croquis. Notez que les passants se situent sur la retombée de col et non sur le pied de col.

Nous allons terminer sur le col:

Les chemises habillées sont dotées de baleines au niveau des pointes du col. Il s’agit en règle général d’une pièce de plastique mais on en trouve dans différents matériaux (or, argent, bronze, cuivre, aluminium, écailles…).

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Cette pièce a pour rôle de rigidifier le col, lequel doit être le plus rigide, droit et stable possible (sauf effet de style ou col spéciaux):

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Les pointes du col ne doivent aucunement rebiquer vers l’intérieur:

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Et le col ne doit pas paraître mou ou gondolé (vers l’intérieur ou l’extérieur):

col mou

La molesse du col va trahir la faible qualité de la chemise ou alors son coté casual, mais à l’inverse on peut porter une chemise habillée sans baleine si on veut la décontracter:

Antonio Ciongoli (Eidos Napoli)
Antonio Ciongoli (Eidos Napoli)

De cette façon, on se retrouve avec une tenue de col proche de ce qui existe en matière de chemise à col « polo » ou « boutonné ».

La tenue du col tient aussi bien de son montage que de la qualité des baleines. Malheureusement les baleines en plastique fournies avec la majorité des chemises de confection industrielle sont très fines et très souples, ce qui n’améliore pas vraiment sa tenue puisque la baleine va se plier. Il arrive même que seule une baleine plie, si bien que le col sera asymétrique (une pointe droite et une pointe qui gondole ou rebique par exemple).

Les baleines rigides, par exemple celles en métal, permettent d’éviter cet inconvénient et les pointes du col seront parfaitement droites et ne bougeront pas d’un pouce. En revanche, les baleines rigides sont bien souvent plus épaisses que les souples et il se peut qu’on devine leur présence sous le col (présence d’une petite bosse ou d’un léger renflement). Il se peut aussi que la forme du col ou sa dimension ne permette pas de loger parfaitement une baleine rigide, elle dépassera alors de sa loge et fera une bosse au niveau du col (il suffit d’un ou deux millimètres en trop…) alors que ce problème est facilement résolu avec une baleine souple en plastique que l’on peut découper pour l’adapter au mieux.

Le problème des baleines en métal est que sur le long terme le tissu puisse être abîmé par le frottement du métal, raison sans doute pour laquelle les baleines en métal sont légèrement plus épaisses que celles en plastiques et avec des bords légèrement arrondis pour limiter leur côté abrasif.

Concernant le choix du métal, il peut se porter sur un métal vil puisque les métaux précieux n’ont ici aucun avantage… Que la baleine soit en or ou en acier, sa durée de vie ou son utilisation seront identiques et nul ne verra la matière de vos baleines…

Sur le marché, vous pouvez trouvé des chemises auxquelles des baleines sont déjà cousues dans le col (baleines fixes) et des chemises avec des baleines amovibles.

Bilan des baleines fixes:

L’avantage des baleines fixes est qu’il n’y a plus besoin de penser à les ôter le soir venu, et inversement il est inutile de penser à les mettre le matin.
Mais les baleines fixes présentent les défauts de leurs qualités, il se peut qu’à terme elles marquent le tissu du col lors du repassage (je n’ai cependant jamais observé une telle marque, les baleines fixes étant en général dans un plastique très fin et souple). Lorsque la chemise est portée sans cravate, la rigidité des baleines crée un décalage assez malheureux, du moins en théorie puisque la finesse et souplesse des baleines fixes s’accommodent d’un port sans cravate. Mais encore une fois, le port avec cravate se trouve affecté d’un manque criant de rigidité.

Bilan des baleines amovibles:

Lorsque les baleines sont amovibles, il faut penser à les ôter avant le lavage de la chemise et avant le repassage, au risque de marquer le tissu (encore plus si la baleine est rigide). Puis, il faut penser à les mettre lorsque l’on enfile sa chemise.
Mais ces petits tracas ne sont rien comparés aux avantages des baleines amovibles. On peut choisir de porter sa chemise sans baleines (lorsqu’elle est portée sans cravate ou avec une cravate mais dans un ensemble décontracté) ou avec des baleines plus ou moins rigides mais également plus ou moins courtes.

Pour ces raisons, il est préférable de privilégier les chemises avec baleines amovibles.