Une fois n’est pas coutume, notre article d’aujourd’hui nous emmène loin du style ritalo-sartorial tristement célèbre du fait d’instagram, ses cols cutaway et ses rayures bengale. Tournons-nous plutôt vers le monde anglo-saxon et penchons-nous sur un grand classique du vestiaire masculin, aux multiples qualités : la chemise en flanelle.
Table des matières
Qu’est-ce qu’une chemise en flanelle ?
Au sens large, il s’agit de n’importe quelle chemise confectionnée en utilisant de la flanelle, une étoffe de laine cardée originaire du Pays de Galles. Cependant, la chemise en flanelle d’aujourd’hui présente plusieurs caractéristiques précises.
Tout d’abord, l’étoffe : si quelques maisons produisent encore des chemises en laine (on pensera notamment à la vénérable institution américaine Pendleton Woolen Mills), l’immense majorité des modèles proposés est en flanelle de coton. Regrettable mais inévitable évolution de l’industrie du vêtement.
Le motif ensuite : la chemise en flanelle est malheureusement souvent associée dans l’imaginaire collectif à un tartan criard. Rétablissons la vérité : chemise en flanelle n’est pas synonyme de chemise en tartan ou à carreaux ! En pratique, trois possibilités s’offrent à vous : les grands carreaux (dits tartan ou écossais, option la plus décontractée), les petits carreaux (de type tattersall ou Vichy), et l’uni (qui, selon la couleur, peut s’avérer très désuet). Les autres motifs de flanelle (des rayures craie par exemple) sont plutôt réservés aux costumes, vestes et pantalons.
Le type de chemise, enfin, conditionné par les détails : la chemise en flanelle est à l’origine un vêtement utilitaire, porté par les militaires et les ouvriers ; elle est donc profondément décontractée (ou « casual », pour les adeptes de l’américano-servilité). On retrouvera ainsi fréquemment un col boutonné et une voire deux poches de poitrine, bien pratiques pour ranger (au choix) votre stylo Mont-Blanc ou votre Opinel.
La chemise en flanelle : quel intérêt ?
Cette pièce présente un double intérêt, pratique et esthétique. D’un point de vue fonctionnel d’une part : la coupe est ample, l’étoffe épaisse et lourde (pour une chemise !), les poches parfois bien utiles. Vous serez donc à l’aise et au chaud, deux qualités fort appréciables lors de la mauvaise saison. Pour des raisons stylistiques d’autre part : elle est suffisamment décontractée pour être portée sans susciter l’hostilité de la masse, et ce quel que soit votre milieu social. Ceci la rend par conséquent idéale pour l’apprenti sartorialiste le plus jeune (dès le lycée) ou le plus novice (d’aucuns diraient « le plus plouc »).
Comment porter la chemise en flanelle ?
Avec un dépareillé, veste et pantalon
Si le costume ne lui sied guère (on pourrait à la rigueur imaginer porter une flanelle unie bleue ou grise associée à un costume en tweed ou en velours épais, mais le résultat paraîtra sans doute daté), la chemise en flanelle peut être associée à un dépareillé pour un résultat du plus bel effet. Afin de maintenir une certaine cohérence, il faudra choisir des pièces (veste et pantalon) dans un style sportif et rustique. On pense tout particulièrement aux tweeds, aux velours, et -pourquoi pas- aux flanelles de laines (à condition qu’elles soient plus épaisses et plus texturées).
N’essayez en revanche pas de « décontracter » une mise habillée avec une chemise en flanelle, le résultat sera catastrophique !
En lieu et place d’un cardigan
La chemise en flanelle peut servir d’alternative (très décontractée) au cardigan, à condition d’être suffisamment épaisse pour avoir l’air d’une « couche extérieure » crédible. Si elle est trop fine, l’aspect de deux chemises superposées sera sans doute curieux. On optera pour une chemise unie, telle la fameuse chemise chamois de chez L.L. Bean ou la chemise CPO (Chief Petty Officer) de la marine américaine, éventuellement pour de grands carreaux écossais.
Avec un pull
Au même titre que toute autre chemise décontractée, une flanelle peut parfaitement se glisser sous un pull-over (toujours à col rond, à moins que vous ne portiez une cravate). Ce choix présente plusieurs avantages : on gagne en chaleur ; on peut ainsi ajouter une touche de couleur à sa tenue (comme on rehausserait un costume trop sobre par une belle cravate) ; cela épargne à votre cou le contact désagréable d’un pull-over en laine. Voyez ces quelques associations réussies :
Complétez la tenue dans le même registre rustique. Un pantalon en velours, en toile de coton (de la moleskine par exemple) ou en denim feront parfaitement l’affaire. En ce qui concerne les chaussures, choisissez des mocassins penny ou blucher pour un style très américain ; dans un esprit plus européen, des derbies chasse, des brogues ou un encore une paire de Michaels seront préférables. A moins d’être un ouvrier, laissez les bottines de type Redwings aux bobos gauchistes parisiens.
Retenons en guise de conclusion que la chemise en flanelle est une pièce confortable et décontractée, qui s’intègre pourtant bien dans des mises élégantes, à condition de choisir un beau motif et de veiller à accorder les tons. Notons enfin qu’il s’agit d’une pièce peu onéreuse (on peut trouver un modèle satisfaisant pour une trentaine à une cinquantaine d’euros) et d’entretien particulièrement aisé (il suffit de la laver à la machine puis de la repasser).
Salut Plouc-en-Chef, 😉
Depuis mes 6 ans (ma première flanelle à carreaux écossais), j’ai toujours porté ce type de liquettes, rustiques et sans concessions; j’en ai eu des dizaines (peut-être 12 actuellement dans ma garde-chemises) en laine, coton, tatersall (80% coton/20% laine) et même certaines doublées de polaire. Je réapprend ici que je n’ai pas fait d’erreur de style, en tenue de pêche, chasse, dépareillé avec limace tricot de soie ou cols ouverts. Finalement cet article ne me sert à rien…