Petit manuel de survie sartorialiste en open space

Les codes vestimentaires n’ont jamais été aussi relâchés dans les entreprises. Et pourtant, à en croire les experts, le moral des salariés français est au plus bas. Faut-il y voir une relation de cause à effet ? Une chose est sûre, pour le sartorialiste qui a juré sur une paire de John Lobb de ne jamais trahir les lois sacramentelles de l’élégance classique, la vie de bureau peut vite devenir un enfer.

Ce modeste guide s’adresse prioritairement aux employés qui fréquentent des environnements de travail où les termes open space, conf call, slides et burn-out permettent de donner un peu de contenance à des fonctions qui n’en ont à peu près aucune. Dans ces bureaux de seconde zone, où le costume a été banni par le régime du casual lifestyle, le sartorialiste mène une lutte quotidienne contre la barbarie du cool. Pour tous ceux qu’une mauvaise fortune condamne à la domesticité salariale, le sartorialisme représente bien plus qu’un délire érotomane sur instagram ; c’est une philosophie de combat. 

Décrypter les codes vestimentaires de l’entreprise

Qu’ils soient écrits ou tacites, les codes vestimentaires ont valeur de norme sociale et concourent, en tant que tels, à la cohésion du groupe. S’éloigner de ces règles, c’est prendre le risque d’être considéré comme déviant ; ce qui peut rapidement devenir problématique, particulièrement dans le monde de l’entreprise où l’intégration est une condition de survie. Voilà pourquoi tout bon sartorialiste se doit de maîtriser les usages vestimentaires en vigueur dans son environnement professionnel, y compris s’il les désapprouve.

Les spécialistes du menswear ont l’habitude de situer les registres stylistiques les plus couramment observés dans les entreprises sur une échelle allant de la tenue la plus stricte (formal) à la plus décontractée (casual), en passant par des niveaux intermédiaires (business casual et smart casual). 

Cette classification, qui doit sans doute son pragmatisme à ses origines anglo-saxonnes, permet d’identifier rapidement le code vestimentaire d’une unité de travail. Quelques illustrations permettront de se faire une idée de la méthode et de soulager provisoirement les neurones de nos plus jeunes lecteurs (fainéants et analphabètes comme chacun sait).

Une silhouette éminemment formelle composée d’un imposant trois-pièces bleu marine marié à une cravate de soie un peu folâtre sur fond de popeline blanche, le tout accompagné des éternels richelieus noirs ‒ méticuleusement cirés comme il se doit. La tenue idéale si vous êtes PDG d’une société du CAC 40 ou l’héritier putatif de ce dernier. Source : Andreas Weinas.
Une silhouette éminemment formelle composée d’un imposant trois-pièces bleu marine marié à une cravate de soie un peu folâtre sur fond de popeline blanche, le tout accompagné des éternels richelieus noirs ‒ méticuleusement cirés comme il se doit. La tenue idéale si vous êtes PDG d’une société du CAC 40 ou l’héritier putatif de ce dernier. Source : Andreas Weinas.
Une tenue business-casual façon scandinave, construite autour d’une veste sport gris texturé, d’un pantalon en twill de coton sable et de mocassins à pampilles en veau-velours marron. Autrefois, cette tenue aurait à peine été bonne pour emmener Marie-Cécile faire un tour de barque mais elle vous vaudra aujourd’hui les quolibets débiles de Seb, le blaireau du service informatique (Note : lorsqu’il s’est marié avec Lolo, Seb a opté pour une cérémonie champêtre). Source : @blugiallose.
Une tenue business-casual façon scandinave, construite autour d’une veste sport gris texturé, d’un pantalon en twill de coton sable et de mocassins à pampilles en veau-velours marron. Autrefois, cette tenue aurait à peine été bonne pour emmener Marie-Cécile faire un tour de barque mais elle vous vaudra aujourd’hui les quolibets débiles de Seb, le blaireau du service informatique (Note : lorsqu’il s’est marié avec Lolo, Seb a opté pour une cérémonie champêtre). Source : @blugiallose.
Une variation en smart-casual élaborée à partir d’un luxueux cardigan en maille bleu marine couvrant nonchalamment une chemise oxford bleu ciel à col boutonné, de  l’indispensable jean selveldge brut et de mocassins marron patinés par le temps. A la fois chic et moderne, ce look devrait vous permettre de passer relativement inaperçu, tout en ayant pour plusieurs milliers d’euros de frusques sur le dos. Source : Permanent Style.
Une variation en smart-casual élaborée à partir d’un luxueux cardigan en maille bleu marine couvrant nonchalamment une chemise oxford bleu ciel à col boutonné, de l’indispensable jean selveldge brut et de mocassins marron patinés par le temps. A la fois chic et moderne, ce look devrait vous permettre de passer relativement inaperçu, tout en ayant pour plusieurs milliers d’euros de frusques sur le dos. Source : Permanent Style.
Un look casual qui allie blouson en coton vert militaire, t-shirt gris clair débordant sur jean brut semi-slim et sneakers minimalistes blanches. Conseil de style : usez un peu et ajoutez un gilet jaune ; vous êtes prêt pour aller casser du sartorialiste. Source : @sunspelclothing.
Un look casual qui allie blouson en coton vert militaire, t-shirt gris clair débordant sur jean brut semi-slim et sneakers minimalistes blanches. Conseil de style : usez un peu et ajoutez un gilet jaune ; vous êtes prêt pour aller casser du sartorialiste. Source : @sunspelclothing.

Certains secteurs professionnels comme le droit, les finances ou encore les pompes funèbres, sont réputés plus conservateurs que d’autres. Notons également que dans certaines organisations, les tenues les plus formelles sont réservées aux membres du personnel encadrant ; lesquels verront généralement d’un très mauvais oeil vos audaces vestimentaires et chercheront à vous détruire en représailles (ce à quoi ils se seraient employés de toutes les manières puisque c’est précisément l’objet de leurs fonctions). 

D’autres indices tels que le spectre chromatique, les marques ou la qualité des étoffes vous donneront de précieux indices sur les rapports de force au sein de l’unité de travail mais aussi sur les principales caractéristiques identitaires de vos collègues : statut professionnel, orientation sexuelle, patrimoine, confession religieuse, opinions politiques… etc. Autant de renseignements qui pourront être mis à profit dans le cadre de vos plans de carrière machiavéliques.

Faire preuve de mesure

Il faut se faire à l’idée que dans bon nombre de milieux professionnels, où le jean-basket règne désormais en maître absolu, le costume-cravate fait aujourd’hui figure d’anti-conformisme. Paradoxalement, la tenue de prédilection du sartorialiste, qui a longtemps incarné le symbole du conservatisme bourgeois, est devenue une forme de subversion sous l’ère digitale. On s’est d’ailleurs félicités un peu vite d’une supposée libéralisation des codes vestimentaires au sein de l’entreprise, alors qu’on assistait en réalité au remplacement d’un uniforme par un autre…

Le gourou des sartorialistes millionnaires, Monsieur Hugo Jacomet, a dit : “aujourd’hui, les vrais rebelles sont ceux qui portent le costume” (citation approximative, amen).
Le gourou des sartorialistes millionnaires, Monsieur Hugo Jacomet, a dit : “aujourd’hui, les vrais rebelles sont ceux qui portent le costume” (citation approximative, amen).

Il est toujours possible de forcer les limites du code vestimentaire de votre entreprise mais pas de beaucoup, sauf à vous sacrifier littéralement sur l’autel de la cause sartoriale. Rappelons tout de même, à des fins préventives, les principaux risques psycho-sociaux encourus : toxicomanie, harcèlement, syndrome anxio-réactionnel,  déchéance sociale (liste non exhaustive). 

Dans certains contextes, le degré business casual représentera déjà un niveau de formalité élevé compte tenu de la légèreté des mœurs et du goût très prononcé de vos collègues pour les lookbooks des pires enseignes de prêt-à-jeter. On déconseillera, dans un premier temps, de dépasser de plus d’un cran le niveau de formalité moyen observé dans l’unité de travail. Dans une logique de management bienveillant et empathique, vous pouvez aussi choisir d’habituer progressivement les yeux de vos collègues à la splendeur de mise et, qui sait, susciter des vocations sartoriales (on peut rêver). 

Ne perdez pas de vue votre allure générale ainsi que la cohérence entre votre tenue et votre statut social. Une inadéquation trop flagrante entre votre mise et votre identité véritable produira immanquablement une dissonance cognitive, laquelle se traduira par un malaise assez déplorable en terme de gestion d’image de soi. Le pire consisterait évidemment à donner dans le cosplay, en jouant les gentlemen à la petite semaine ou les dandys décadents, alors qu’aussi loin que vous pouvez remonter dans votre arbre généalogique, il n’y a pas l’ombre d’un titre de noblesse. Et même si l’un de vos lointains aïeux a été fait chevalier de Sainte-Verge (79), ce n’est franchement pas une raison pour vous la raconter. 

L’élégance est indéniablement une affaire de contexte et il ne faudrait surtout pas confondre votre petit bureau avec le pitti uomo. Dans son livre intitulé Le Courtisan - que les amateurs de sprezzatura pepperoni n’ont pas pris la peine de lire et encore moins de comprendre - Castiglione explique qu’en toute chose, la médiocrité est plus louable que l’excellence. Il faut comprendre par là que la mesure est une vertu cardinale de l’élégance et que l’excès est son péché mortel. Pour le dire encore autrement, être trop bien habillé c’est être mal habillé.

Opter pour le flexible dress code

Dans un environnement défiguré par les ravages du look valley casual, nous ne saurions trop inciter nos lecteurs à opter pour un style rassurant, du moins jusqu’à ce qu’ils parviennent à s’imposer dans les plus hautes sphères de leur entreprise. Après avoir identifié le registre stylistique en vigueur au bureau, il s’agira de déterminer les occasions de passer au registre supérieur (ce qui constitue évidemment le but ultime de tout sartorialiste). 

Cette aptitude à la souplesse vestimentaire, la banque d’investissement américaine Goldman Sachs en a fait une doctrine avec son flexible dress code (auquel nous avons déjà consacré un article). Concrètement, il s’agit pour le collaborateur de développer une capacité à adapter en permanence ses tenues à son environnement professionnel. Cela étant, à moins que vous ne soyez trader dans ladite firme, la stratégie de la flexibilité peut vite s’avérer assez ruineuse. C’est pourquoi, nous vous recommandons d’opter pour des pièces à la fois polyvalentes et relativement intemporelles, de manière à pouvoir construire des tenues au gré des circonstances. 

Nous avons sélectionné pour vous quelques pièces hybrides, reconnues les meilleurs arbiter elegantiarum de la blogosphère et d’ailleurs pour leur fort potentiel d’adaptation.

La veste sport se mariera avec la plupart des pantalons dépareillés, y compris les jeans à condition d’opter pour une coupe relativement droite. A noter que si la plupart des costumes ne doivent jamais ô grand jamais être dépareillés, sous peine d’excommunication du cercle sartorialiste, certains modèles permettent de faire coup double, notamment si vous optez pour une veste coupée dans un tissu texturé et dotée d’épaules souples et de poches plaquées, c’est-à-dire les caractéristiques habituelles de la veste sport. Source : Drake's.
La veste sport se mariera avec la plupart des pantalons dépareillés, y compris les jeans à condition d’opter pour une coupe relativement droite. A noter que si la plupart des costumes ne doivent jamais ô grand jamais être dépareillés, sous peine d’excommunication du cercle sartorialiste, certains modèles permettent de faire coup double, notamment si vous optez pour une veste coupée dans un tissu texturé et dotée d’épaules souples et de poches plaquées, c’est-à-dire les caractéristiques habituelles de la veste sport. Source : Drake's.
Si le pantalon en flanelle gris est l’un des pivots de la garde-robe sartoriale, c’est parce qu’il est le compagnon idéal de la veste sport. Notez qu’il accompagnera tout aussi bien des pièces plus décontractées, comme un blouson en cuir veau-velour ou un pull col-roulé, ce qui ne manquera pas de faire craquer les rombières du service comptabilité. Source : He Spoke Style.
Si le pantalon en flanelle gris est l’un des pivots de la garde-robe sartoriale, c’est parce qu’il est le compagnon idéal de la veste sport. Notez qu’il accompagnera tout aussi bien des pièces plus décontractées, comme un blouson en cuir veau-velour ou un pull col-roulé, ce qui ne manquera pas de faire craquer les rombières du service comptabilité. Source : He Spoke Style.
Les derbies marron foncé incarnent le soulier polyvalent par excellence. Elles se porteront aussi bien avec un pantalon habillé qu’avec un chino ou un jean à condition toutefois que sa coupe ne soit pas calquée sur celle d’un legging. Ici un demi-chasse de chez Zonkey Boot. Sources : @burzanblog (gauche), @gongdrew (droite).
Les derbies marron foncé incarnent le soulier polyvalent par excellence. Elles se porteront aussi bien avec un pantalon habillé qu’avec un chino ou un jean à condition toutefois que sa coupe ne soit pas calquée sur celle d’un legging. Ici un demi-chasse de chez Zonkey Boot. Sources : @burzanblog (gauche), @gongdrew (droite).
Les chemises à col italien se prêtent pour la plupart aussi bien au port de la cravate que sans. La même chose pourrait éventuellement être tentée avec un col dit button-down, même si l’option cravate suscite encore un débat dans la mouvance sartorialiste intégriste. Source : Trunk Clothiers (gauche), Drake's (droite).
Les chemises à col italien se prêtent pour la plupart aussi bien au port de la cravate que sans. La même chose pourrait éventuellement être tentée avec un col dit button-down, même si l’option cravate suscite encore un débat dans la mouvance sartorialiste intégriste. Source : Trunk Clothiers (gauche), Drake's (droite).
Un par-dessus bien coupé, relativement souple et surtout assez long vous apportera de l’allure en toute circonstance et pourra être facilement être utilisé dans une registre tant formel que casual. Source : Andreas Weinas.
Un par-dessus bien coupé, relativement souple et surtout assez long vous apportera de l’allure en toute circonstance et pourra être facilement être utilisé dans une registre tant formel que casual. Source : Andreas Weinas.
Le cardigan est sans doute la maille préférée du sartorialiste. Glissé sous une veste ou porté comme une veste, il permet d’envisager tous les registres stylistiques. Source : Permanent Style.
<a href="https://www.sartorialisme.com/cardigan-style-sartorial/">
Apprenez-en plus sur le cardigan en lisant notre article dédié</a>
Le cardigan est sans doute la maille préférée du sartorialiste. Glissé sous une veste ou porté comme une veste, il permet d’envisager tous les registres stylistiques. Source : Permanent Style. Apprenez-en plus sur le cardigan en lisant notre article dédié

D’un point de vue psycho-social, il pourrait être judicieux d’intégrer dans votre tenue au moins l’un des signes ostensibles d’appartenance au groupe, afin de satisfaire aux instincts grégaires de vos collègues sans pour autant céder à l’appel de la vulgarité. La chemise en jean, les sneakers minimalistes ou le bombers en laine pourraient ainsi devenir de précieux alliés pour aller remplir vos tableurs excel. 

Notons qu’il est plus facile d’obtenir des tenues décontractées cohérentes à partir d’une garde robe relativement formelle que l’inverse. C’est sans doute ce qui explique le succès du business casual depuis plusieurs décennies. Attention toutefois ; ce style est bien plus complexe à maîtriser qu’il n’y paraît et peut vite s’avérer désastreux si vous confondez encore veste de costume et veste sport, par exemple.

Cultiver des soft skills

De nos jours, la revendication d’une élégance classique et intemporelle ‒ parfois assez fantasmée, il faut bien le reconnaître ‒ peut vite prendre des allures de provocation. D’autant que dans l’inconscient collectif, le costume continue d’incarner le symbole ostentatoire d’une classe sociale qui concentre les pouvoirs politiques et économiques (quoique assez largement désavouée par l’opinion publique). Si vous n’en êtes pas persuadé, allez donc faire un tour dans un rassemblement gilet jaune en costume croisé bleu marine à rayure tennis.

En revanche, il n’y a franchement plus rien de subversif à s’afficher dans une tenue logotypée prétendument avant-gardiste ou à porter des marques se revendiquant d’on-ne-sait quelle contre-culture moribonde, sauf à affirmer son adhésion aux valeurs de la consommation de masse. De même, personne ou presque ne s’étonne de voir des adolescents prépubères manipuler des smartphone dont la valeur peut dépasser le millier d’euros, alors qu’une simple pochette délicatement plié dans la poche d’une veste suscitera à coup sûr l’indignation d’un parterre de collègues.   

A une époque où l’apparence semble avoir pris le dessus sur le fond, où la réalité virtuelle prétend dépasser la réalité matérielle, il est crucial d’interroger sa propre cohérence. Les vêtements sont un langage muet et il faut prendre garde de ne pas trop les faire mentir. Plutôt que de vouloir jouer un rôle, cherchez à sublimer votre personnalité profonde. En peu de mots, privilégiez l’esprit plutôt que la tenue. Ainsi, vous éviterez peut-être d’être de ceux qui, comme le léopard dans la fable de La Fontaine, « n’ont que l’habit pour tous talents ».

12 réflexions au sujet de “Petit manuel de survie sartorialiste en open space”

  1. Disclaimer : Je suis en début de carrière (comme pas mal de vos lecteurs, j’imagine) et jeune cadre dans une très grosse boite à peu près aussi fun et bigarrée qu’une banque zurichoise. Ce que je dis n’est donc pas valable pour tout le monde.

    Ma théorie sur la question tient en 3 point (comme mes présentations PowerPoint) :
    – quand on est un homme, on peut devenir patron du CAC 40 en s’habillant très mal mais on est sûr de se planter en étant original. Par original j’entends : trop coloré, trop jeune, trop relax, trop coincé, trop cheap, trop bling bling… plein d’injonctions contradictoires.
    – les gens qui sont réputés « bien présenter » sont ceux dont on ne remarque pas vraiment la tenue, qui maitrisent les codes et en font un truc discrètement classe. Etre un dandy, c’est pas bien vu et le « compliment » sur les chaussettes rouges est rarement tout à fait sincère.
    – quand on est jeune, on a un petit peu plus de marge (la barbe de 3 jours, la chemise à petit pois, les chelsea boots) et les gens s’attendent à ce qu’on en profite (donc pas la peine de s’habiller comme un comptable en pré-retraite). Néanmoins sortir du lot fait illico passer pour un gamin. Evidemment, c’est pire quand on est pas blanc ou qu’on a pas le profil Levallois-Dauphine-Tennis.

    Au boulot j’ai 2 règles : je porte des trucs très peu originaux mais bien coupés et de bonne qualité, et je m’habille en fonction du contexte. Si je vois un grand chef, costume gris. Si je vois les « mecs cools » de la « transformation digitale », jean brut et chemise. Dans le doute, blazer bleu et flanelle/chino gris.

    Je me fais plaisir le week-end ou sur des trucs discrets. Personne n’a remarqué mes Lobb (achetées bradées, je bosse pas chez Lazard) et c’est bien mieux. Il faut dire que ce ne sont pas des doubles boucles bi-matière en museum calf aubergine style #pitti2013.

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    • Merci pour ce témoignage très lucide. Si vos power-point valent votre perspicacité, je ne doute pas que vous percerez très vite dans votre boîte.

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  2. Tellement vraie la partie sur les tenues logo typée… Merci pour le conseil sur le col des chemises qui est souvent mon gros problème sachant que je met rarement de cravates sur mon lieu de travail (open space). J’opte souvent pour le col roulé ou des polos a col cubain en fonction de la météo. En tout cas, merci encore pour cet article. Sartorialement. Alexis

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  3. Article très utile, merci! Vous recommandez de ne jamais séparer un costume pour utiliser la veste en dépareillé: cela vaut-il même pour la veste d’un costume bleu marine, qui pourrait être utilisée comme blazer?

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    • Pour dépareiller une veste de costume, il faut qu’elle soit proportionnée par rapport au pantalon (en terme de volume et de longueur) mais aussi que le tissu de la veste présente au moins (sinon plus) de « texture » que le pantalon. Le problème est que bien souvent les costumes sont dans une laine très lisse difficile à dépareillé. Si vous avez un costume en flanelle marine, vous pouvez très bien porter la veste avec un pantalon gris.

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  4. M’intéressant au style classique depuis une quinzaine d’années (j’en ai 38 à présent) et travaillant dans un environnement totalement décontracté, je me retrouve assez dans vos recommandations. Personnellement je trouve que le port d’une veste sport sera plus accepté avec de la maille qu’avec une chemise (combo chemise + col rond, col roulé ou le très sous-estimé pull mérinos col polo, vrai pièce passe-partout). Je me rend compte que je porte beaucoup plus de vestes en automne/hiver hiver pour cette raison. La cravate ou la pochette, il faut malheureusement oublié, vraiment perçu trop négativement. Par contre on peut se permettre de se faire vraiment plaisir sur les pantalons si le haut est assez décontracté. Pantalon taille haute à pinces et revers, pantalons velours, flanelles, ou même pantalons avec tissu un peu marqué comme un motif glencheck, tout ça passe très bien dans mon environnement. En ce qui concerne les chaussures (qui sont mon péché mignon), là aussi je pense qu’on peut se permettre beaucoup de choses. Je n’ai jamais eu la moindre réflexion négative même avec des modèles assez voyants comme des bi-matières ou des box de couleur inhabituelle. Je vous rejoins pour le pardessus, c’est très polyvalent mais à n’acheter qu’en seconde main et vintage selon moi.

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  5. Je pense que vous optez pour la stratégie petite bite. Je suis désolé mais un soi-disant blog sartorial lu par des soi-disant sartorialistes qui prône l’usage du jean voir du t-shirt ça n’a pas de sens. À la limite je pourrai entendre un commentaire du type ne pas se pointer comme un paon du Pitti uomo, ce serait incongru et de toute façon très laid. Mais craindre de s’afficher dans un espace professionnel en costume prouve juste que vous avez une mentalité de bêtas et que vous n’êtes pas dignes de le porter. Moi je suis un prolétaire et je suis obligé de porter une tenue de travail pour des raisons techniques, je rêverai de pouvoir pantoufler dans un bureau et me pavaner (façon de parler, calme toi…) Je pense que je suis plus soumis à la pression sociale que vous de part le fait de me pointer sapé jusqu’au vestiaire devant mes collègues ploucs d’extraction modeste. Et pourtant j’assume, j’ai même retourné la situation à mon avantage, je pense, je m’en fou. Voilà. Cet article est digne d’un des pires dégueulis d’œstrogènes que l’on pourrait trouver dans un tabloïd féminin. Oui, vouloir à tout prix se conformer à la norme est un trait typiquement féminin, être un homme c’est savoir transgresser. Être un homme c’est porter le costume et dire je t’emmerde à tous ceux qui prétendrait le contraire.

    Une dernière chose, je lis à travers les lignes que vous associez la réussite professionnelle au machiavélisme. C’est le cancer de la France et une des raisons de son déclin et de sa faillite, dans une société saine ce qui pousse à la réussite un individu ce sont ses qualités humaines et professionnelles. Dans une société dégénérée c’est Célestin le plouc du bureau qui va dire à Stéphanie et Jonathan comment Murielle c’est une connasse… J’espère que vous n’êtes pas de cette race là.

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    • Jacques Philibert,
      J’apprécie votre point de vue.
      Je suis Architecte du Patrimoine ( des Monuments Historiques disent les ploucs ) et, à contrario, les compagnons oeuvrant sur mes chantiers n’admettraient pas que je me pointe sur les échafaudages en tenue de travail (et encore moins en largeot côtelé) pour deux raisons :
      – Je suis le maître d’oeuvre et il leur paraîtrait incongru que je déboule habillé comme eux. Ils apprécient d’ailleurs les architectes qui « tiennent leur rang » et n’ont pas peur de crotter un peu leurs souliers pour aller les voir.
      – Je ne suis pas Compagnon du Devoir et, à ce titre, je n’ai pas à m’habiller comme tel.
      A l’inverse, chez mes clients bobos, un architecte qui porte ne serait-ce qu’une veste de sport avec un pantalon de flanelle et des souliers bien cirés est très mal vu ; tee-shirt avachi, jean « éco-responsable » et sneakers de merde de rigueur (pour eux, pas pour moi).

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  6. Excellent article qui m’a en tous cas fait sourire.

    Allons plus loin avec l’exemple du consultant en openspace : costume pour exprimer le sérieux, ou teeshirt pour s’intégrer.
    S´inspirer du manager qui embauche, ou de ses collegues qui n’en ont rien à faire ?

    Pour moi c’est devenu chemise/jean. Et quand je me sens rebel avec un pantalon gris de costume.
    Mais évidemment pas de veste, il ne faut pas choquer la population.

    Grand paradoxe de mettre un costume pour sortir au lieu de travailler.

    A concilier en acrobate avec le mode de vie en vélo (non electrique donc transpirant), mais c’est une autre histoire…

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  7. Dans le monde actuel, les personnes qui comptent vraiment portent toujours le costume
    Dans le politique, dans l’administration mais aussi dans les grosses boites
    C’est un cercle décisionnel que le pékin de base ne verra jamais
    Les autres, soit disant « cadre », n’encadrent finalement que leur messagerie électronique et sont une forme de néo-prolétariat
    Esclaves modernes inutiles
    L’openspace permet finalement qu’ils se « fliquent » eux mêmes ( T’as vu machin ? Il s’est barré à 15h ! …)

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