Suivant notre milieu social, le port d’un costume sans obligation professionnelle peut être regardé d’un œil curieux voire hostile ! L’idée de se rabattre sur une veste sport n’est pas mauvaise, mais elle peut être encore trop formelle aux yeux de beaucoup de gens et créer un décalage assez désagréable avec les gens qui vous entourent. Une nouvelle fois, il va falloir dévoiler des trésors d’ingéniosité pour casualiser votre tenue tout en restant dans un registre classique. Cette fois-ci, c’est la chasse qui va guider notre lanterne à travers plusieurs pièces.
La pratique de la chasse nécessite des vêtements pratiques et confortables qui peuvent faire des merveilles dans un environnement urbain:
- la présence de multiples poches avec une grande capacité permet de se dispenser d’une serviette pour transporter vos effets personnels,
- les vêtements sont conçus de façon à conserver les gestes les plus amples possibles (idéal pour conduire),
- les matières employées, la coupe et le boutonnage visent à lutter contre les éléments tels que le froid et la pluie.
Par leur coupe, les matières employées et les détails ayant une fonction utilitaire, les vêtements issus de la chasse ne sont pas seulement des vêtements pratiques, ils peuvent vous permettre de camoufler votre vice sartorial à la face du monde urbain. En effet, le degré de formalisme d’un vêtement est inversement proportionnel à son caractère pratique, et pour les raisons susmentionnées il va être difficile de faire « sur-habillé » avec ce type de pièces.
Nous avons sélectionné les pièces suivantes: la Norfolk, la Teba, la Husky et enfin les vestes en coton ciré.
Pour cette première partie nous allons traiter des vestes en coton waxé ainsi que la Husky.
Veste matelassée "Husky"
En général la veste Husky -ou matelassée- est en tissu synthétique ce qui en fait un vêtement:
- abordable
- protégeant de la pluie
- et à l’entretien facile.
Suivant son épaisseur, on peut la porter au printemps/automne voire même en hiver. Au besoin, elle peut servir de doudoune plate sous un manteau ample. Par ailleurs, le col est souvent boutonnable et en velours ce qui apporte un regain de chaleur.
On en trouve cependant en coton, en tweed ou en cuir mais sauf traitement spécifique elles ne protégeront pas aussi bien de la pluie, leur coût sera plus élevé et leur entretien rendu plus difficile. Le seul avantage semble d’ordre esthétique car il est vrai que les husky en nylon ou en polyester ont tendance à briller.
On peut la porter avec vraiment tout et n’importe quoi (sur un costume ou une mise plus casual type chino ou jeans). Personne ne la jugera trop habillée ou pas assez (elle ne donnera ni l’air jeune ni l’air vieux non plus), c’est une pièce vraiment très polyvalente et qui dure vraiment dans le temps.
La force de la Husky est d’être équipée de plusieurs poches, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, ce qui permet de prendre toutes ses affaires sans utiliser de serviette. Les poches ont en général une grande capacité ce qui permet de les charger, et les matières habituellement employées pour la confection de ce type de veste limitent le risque de déformation.
Elles sont à zip et/ou à boutons, mais préférez celles avec un double zip (on peut ajuster quelle partie est zippée, ce qui est vraiment utile quand on conduit afin d’avoir les jambes bien libres) et avec des boutons. Les boutons sont en général à pression, ce qui permet de boutonner et déboutonner assez rapidement (ce qui est assez pratique quand on alterne les endroits chauds et froids - par exemple le métro).
Ce type de veste s’accommode aussi bien d’une mise formelle assez simple, mais tolère très facilement des accessoires casuals comme des écharpes tartans ou un bonnet de laine.
La diversité des tenues possibles et ses indéniables qualités (prix, longévité, protection contre les éléments, nombreuses poches) en font une pièce de choix pour les moins fortunés et pour ceux qui ne peuvent pas se permettre une pièce trop formelle (comme les étudiants).
La veste en coton ciré "Barbour"
Passons maintenant à la veste en coton waxé, que nous appellerons du terme générique « Barbour » en bon plouc que nous sommes.
Jusqu’à récemment le coton waxé mettait tous les ploucs d’accord: l’odeur était insoutenable et la veste gagnait un aspect sale et négligé au fil des ports.
Pour des raisons assez obscures, les ploucs ont horreur des vêtements usés sauf dans deux cas: s’ils sont déjà pré-usés, comme les jeans délavés et déchirés aux genoux, ou alors si cela concerne leurs souliers en polyplouc à la semelle qui baille auxquels ils semblent vouer un amour immodéré au point de ne s’en séparer qu’au point de non retour: celui de la semelle intégralement décollée après avoir écrasé une merde de chien.
Malheureusement, ce type de veste est devenu à la mode et Barbour semble avoir cédé à la pression populaire: il parait que les nouvelles vestes en « skyoil » ne sentent plus et ne se patinent plus. De toute façon, l’achat d’une Barbour neuve présente un intérêt assez limité car on trouve de vieux modèles en friperie pour une bouchée de pain. Sans rentrer dans les poncifs du style « la barbour on s’y attache », « j’adore la patine du temps ça fait gentleman farmer », une veste en coton waxé avec un nombre de port conséquent fait crade pour ne pas dire clochard - sans compter l’odeur !
Mais cet aspect négligé permet de créer des tenues fortement casualisées avec un certain cachet.
Cet effet est un peu moins présent avec des vestes neuves:
L'aspect négligé doit donc être contrebalancé par une tenue assez formelle - ou en tout cas propre - alors qu'un aspect neuf autorise un port plus casual sans faire clodo:
Mais gardez à l’esprit que cette veste est aussi polyvalente que la husky et peut être utilisée aussi bien dans une tenue formelle qu’une tenue casual:
Il existe différents modèles (plus ou moins long, plus ou moins ample, avec plus ou moins de poche etc), mais en général elles présentent toutes un aspect utilitaire assez marqué, d’autant plus que les manches sont raglan ce qui permet de l’enfiler facilement par dessus une veste mais également d’avoir beaucoup d’aisance pour conduire par exemple.
Une variante intéressante est celle ceinturée:
Les couleurs traditionnelles sont verts (olive) ou marron, mais suivant l’état du cirage ça peut très bien partir vers du quasi-noir (si le vêtement est très ciré) ou du vert plus clair (quasi absence de cirage). Outre l’intérêt du cirage quant à la pluie, cela protège également de l’abrasion. Le vêtement est vraiment très solide et peut sans problème durer des années voire décennies, au pire il faudra recoudre certaines parties. Par contre ce type de veste ne tient pas très chaud (en tout cas pour la version coton waxé) mais il existe des doublures amovibles (soit type matelassé soit en fourrure etc).
Pour l’anecdote, on trouve également des versions en tweed:
Les différents modèles de Barbour
Voici une brève présentation de quelques modèles iconiques de la marque (il existe d'autres alternatives à Barbour, notamment Belstaff, Bastong...) :
Le modèle classique se décline en trois versions : Bedale, Ashby (version contemporaine de la Bedale, plus ajustée), Beaufort (plus longue que les deux précédentes).
Le modèle ceinturé phare est la Barbour International :
Quant à la veste matelassée, vous pouvez vous tourner vers la Barbour Liddesdale:
Le modèle en Tweed est de toute beauté. De quelle maison/marque vient-elle?
Merci pour vos articles!
J’ai récupéré les photos ici : http://www.countrysports.se/store/products/chrysalis-chepstow-tweed-shooting-coat
J’ai une Bedale, et je m’aperçois que niveau longueur, sur une veste, cette dernière dépasse. Dois-je oublier de mettre ma Bedale quand je porte une veste? Votre avis sur la question ?
Oui, mieux vaut éviter.
Si vous tenez à porter une Barbour de ce genre sur une veste, vous pouvez essayer avec une Beaufort, qui est plus longue d’une Bedale ; j’ai les deux et c’est assez flagrant. En plus une Beaufort vous protégera un peu mieux des intempéries.
Bonjour à Tous,
Cet article est intéressant et illustré de belles photos. En tant que porteur de Barbour expérimenté (depuis 1994), j’ai quelques observations.
Premièrement, l’assertion » les vêtements sont conçus de façon à conserver les gestes les plus amples possibles (idéal pour conduire) » me semble inexacte. Le coton ciré est fait pour la vie en extérieur, la vraie… dans la forêt, la lande, les champs, ect. Il n’est pas fait pour supporter les frottement (peu nobles) avec les sièges synthétiques de voiture, bus, métro et autres. Et puis quand vous aurez terminé la fastidieuse corvée annuelle de graissage, vous n’aurez pas envie d’étaler le surplus sur vos sièges de bagnole.
Deuxièmement, mettre une Barbour avec un costume, je trouve cela déplacé. Cela passe bien avec une tenue dépareillée type pantalon en velour et veste tweed, mais sinon le décalage est trop grand, je pense. En plus si l’on vient d’effectuer il y a quelques jours la corvée citée plus haut, on met en danger son beau costume… En plus d’être passé pour un gros crado parce qu’on plein de cire sous les ongles.
Troisièmement, en portant une Barbour chinée à droite à gauche et bien bahutée, genre-style « dès l’ouverture je vais chasser tous les ouikendes » et qu’on a jamais tenu un fusil dans ses mains, on risque de passer pour un imposteur. En fait si on ne porte jamais sa veste dans la cambrousse, on est un imposteur.
Bien cordialement,
Henri.
Rien à ajouter, ma Bedale prend l’air en Sologne et dans la forêt de Chambord, ma Liddesdale à Blois 😉
À noter que l’on peut aussi trouver des alternatives aux modèles classiques Barbour chez John Partridge (https://www.johnpartridge.com), Peregrine (https://www.peregrineclothing.co.uk) ou bien chez Lavenham (https://www.lavenhamjackets.com/gb/men). Tous ces concurrents fabriquent en Angleterre (une partie de la production Barbour a été délocalisée, mais les modèles classiques sont a priori toujours produits au Royaume-Uni).
Ça n’est malheureusement pas toujours vrai pour les modèles classiques. Il y a des Bedale et Beaufort qui viennent d’Asie ou d’Europe de l’Est. D’ailleurs, il me semble qu’aujourd’hui l’ensemble de la gamme femme est délocalisée.
Exact, il semble que cela ait changé entre 2020 et aujourd’hui.
Le site de Barbour indique en 2023 : « Although we source products from around the globe, *some* of Barbour’s classic wax jackets are still manufactured & repaired by hand in the factory in Simonside. » (https://www.barbour.com/our-history).
Dans une interview de 2020, ils semblaient sous-entendre que tous les modèles classiques étaient encore produits en Angleterre : « Our traditional wax jackets are made by hand in our own factory in South Shields in the north-east of England. » (https://www.selfridges.com/FR/en/features/articles/selfridges-guideto/the-barbour-factory/)
Je vais partir sur ce modèle de chez Peregrine, explicitement présenté comme toujours produit en Angleterre (il est actuellement en solde à 150 pounds = 174 euros) : https://www.peregrineclothing.co.uk/collections/mens-coats-jackets/products/wax-clifton-jacket?colour=Brown