Avant-propos
Beaucoup de nos lecteurs nous demandent très régulièrement comment composer une tenue, si tel vêtement va bien avec un autre, si une composition est efficace ou non… Afin de vous donner quelques pistes nous avons décider de lancer une nouvelle série d'articles visant à commenter les tenues d’influenceurs et autres instagrameurs célèbres ou non. Ça permettra également de voir ce qu’ils font de bien, et ce qu’ils foirent complètement, mais que les ploucs approuvent quand même car à partir d’un certain nombre de followers, le bon sens et le bon goût deviennent facultatifs.
Inspiration: Alan See
Instagram: Alan See
Salut les petits ploucs. Flemme de faire une introduction, on passe directement aux photos.
Ce costume croisé Caraceni présente une dernière rangée de boutons surélevée par rapport à un croisé normal, de façon à pouvoir le boutonner comme un 6x2 ou ici comme un 6x1. Ne tentez pas de boutonner votre 6x2 comme ici, les derniers boutons sont trop bas et le revers n’est pas adapté à un tel boutonnage. Cette configuration permet d’avoir une encolure assez fermée, tout en optimisant sa profondeur de façon à avoir une poitrine drapée et mise en avant (par rapport à la variante proposée par Cifonelli qui opte pour une petite poitrine). Cette configuration impose des épaules assez marquées pour contrebalancer la forte poitrine et être cohérente avec la virilité assumée de la coupe. Le cran sera également placé assez bas pour les mêmes raisons d’horizontalisation de la silhouette.
Lorsque le croisé est boutonné comme un 6x2, on perd le drapé de la poitrine et on raccourcit le V formé par les revers. Visuellement tout est mis sur les épaules et les manches qui paraissent disproportionnées, comme si on avait greffé des bras de bodybuilder à un anorexique. Le résultat est presque cartoonesque.
Les épaules plus douces et la manche affinée, le résultat est nettement plus cohérent. Au demeurant, l’accord entre un costume gris et une chemise à bâtons rouges est de bon aloi. Cravate marine unie de préférence.
Intéressant pour plusieurs raisons. La chemise blanche est traditionnellement vue comme formelle mais dans un monde où le style classique est résiduel et où plus grand chose n’a de sens, que votre chemise soit blanche, bleue, rose ou à rayures peu importe : c’est une chemise et donc un vêtement très formel pour le plouc moyen. L’avantage est de pouvoir employer la chemise blanche en lieu et place d’une chemise plus décontractée (selon les canons classiques) comme une chemise bleue. Le blanc va trancher avec le camel du cardigan et le faire ressortir, et va également trancher avec le marine de la veste pour le renforcer. En renforçant les différentes couleurs, cela permet de se passer de cravate car la tenue sera suffisamment dynamisée par l’opposition entre le blanc et les autres couleurs. L’emploi du cardigan permet également de combler le vide laissé par l’absence de cravate. Pour bien réussir ce type de tenue, l’idéal est une OCBD blanche, un cardigan pas trop lisse (la laine est légèrement feutrée ici) et une veste en flanelle. Pour le pantalon vous pouvez opter pour un pantalon de flanelle grise ou un jean (le cardigan permettant accessoirement de faciliter la transition visuelle entre la taille un peu plus basse du jean et la veste en flanelle). Bien évidemment, ne mettez pas de pochette ou pire de foulard.
Un costume gris peut s’avérer assez triste, sinon austère. Vous pouvez le raviver avec une traditionnelle pochette en lin blanc ainsi qu’une chemise à rayures et une cravate à motifs paisley. Mais ce qui se démarque ici, c’est le cardigan camel. Dans un précédent article, nous avions vanté le cardigan comme une pièce pouvant apporter de la couleur sans vous faire passer pour un clown ou un influenceur à 3-4K abonnés sur instagram *, c’est une nouvelle illustration de l’intérêt d’avoir une petite rotation de cardigans colorés (sans abus hein). Le cardigan camel égaye un costume assez austère et sans le dénaturer. Il permet également de porter des souliers marrons voire un peu bordeaux alors que sans ce cardigan le choix se serait plutôt porté sur des souliers noirs. Des souliers en veau velours pourrait également être employés.
* (vous voyez sans doute de qui on veut parler, le genre de mec à bander sur le style ivy et à spammer des tenues sans queue ni tête pour faire rire les copains et améliorer le recensement de l’algorithme instagram et gratter des partenariats avec des marques minables. Heureusement les photos de leurs chiards ou du week-end chez belle-maman dans la cambrousse nous donne un peu de répit.)
Un autre exemple où cette fois le cardigan tranche moins avec le reste. La veste est croisée mais peut être laissée ouverte
Ce n’est pas ma tasse de thé mais ça le sera surement de nos ploucs de lecteurs (on en voit des cons dans les commentaires). Le marine et le marron (surtout dans ce genre de teinte) fonctionne assez bien en général. J’ai quelques doutes sur l’opposition entre l’aspect mat du lin et le brillant de la soie de la cravate mais pourquoi pas. La chemise est assez forte visuellement mais le croisé permet de limiter son exposition (on y reviendra).
J’ai une préférence pour cette tenue bien que la cravate soit très extravagante. La cravate est moins brillante et la couleur bordeaux des motifs se marie bien avec le marron du costume.
A mon sens, c’est encore mieux. La cravate est assez mate grâce à la soie madder. Les couleurs sont harmonieuses et la chemise blanche permet une nouvelle fois d’offrir un fond neutre tout en ravivant les couleurs par le contraste offert.
Le même effet se retrouve ici. La cravate est visuellement assez forte et le motif assez osé.
L’avantage du gilet droit avec un boutonnage assez haut est qu’il limite l’exposition de la cravate. Si vous avez une cravate assez excentrique, limiter son exposition permet de la tempérer.
Ultra classique et ultra efficace. La combinaison « blazer » (inutile de venir s’exciter dans les commentaires pour nous dire que la veste n’a pas de boutons en métal, on s’en branle) et pantalon de flanelle grise peut faire un peu datée mais le port d’un col roulé permet de rendre cette combinaison fort classique tout à fait actuelle. Bien que nos plus gros connards de lecteurs vont regretter l’absence de boutons en métal, des boutons en corne permettent de rendre la tenue plus contemporaine. On peut également se féliciter de l’emploi de chukka en veau velours marron qui vont bien avec la tenue : le daim va avec la flanelle, le marron renforce l’aspect décontracté et moderne de la tenue. Bref, si vous évoluez au milieu des ploucs et que vous voulez tenter de le dépareillé c’est une combinaison gagnante. Elle vous évitera d’être marqué comme le type bizarre qui n’a jamais vu de chatte de sa vie (profil qu’on imagine assez récurent chez nos lecteurs).
Variante de la précédente mais plus habillée bien que la cravate soit un tricot. La cravate tranchant assez peu dans le cas présent, pensez à mettre une pochette blanche ou bleu clair (mais rien d’autre) pour égayer un peu la tenue. Si jamais la cravate est plus bariolée, évitez de mettre une pochette car elle sera surement de trop.
Autre variante, mais cette fois avec une veste sport à motifs. Plus votre veste sera rustique dans sa texture et ses motifs, et plus il sera facile de la porter parmi les ploucs. Evitez la pochette. Un jean peut être plus indiqué car le pantalon de flanelle et la veste rustique risquent de faire désuet.
L’association d’un jean brut et d’un col roulé noir avec ce type de veste me parait bien plus adéquat pour les moins de 30 ans. Notez qu’une chemise à rayures (bleues ou rouges) vont également très bien avec un jean bleach si vous souhaitez porter une veste dans les tons beiges ou marrons.
Le polo peut également remplacer un col roulé. Je doute qu’on vous accuse d’en faire trop.
Encore une fois, l’idéal reste la chemise blanche (sans pochette ni cravate) si vous avez une veste texturée et sur une base gris / beige. Le pantalon sera charbon ou beige. Raffiné sans tomber dans le sartorialisme de pacotille.
Très classe Alan See
Sur la 2ieme photo, c’est vrai que le costume fait cartoonesque, mais l’accessoire qu’il tient dans sa main gauche rattrape tout…
« Elle vous évitera d’être marqué comme le type bizarre qui n’a jamais vu de chatte de sa vie (profil qu’on imagine assez récurent chez nos lecteurs) »
Ben oui, mais vous les avez un peu attirés quand même… 😉
Quand on adopte le ton « portez du sarto, voici la recette pour avoir l’air d’un vrai mec » (je parle du ton, le fond était très bien), on attire immanquablement les types qui un jour en ont eu marre de s’astiquer en pensant à de l’ahegao et ont décidé d’opter pour le full package Go Muscu/Go Sarto/Go VraiMec™
Moi je n’ai jamais vu de chatte de ma vie mais j’adore vos articles!!!!
Bonjour,
Des idées de marque pour des cardigans camel comme sur la 2ème photo??
Merci !
Bonjour,
Tout dépend de votre budget, il y en a un peu partout et à tous les prix. Uniqlo, Spier & Mackay (quand la nouvelle collection sera là), De Fursac, Brooks Brothers, The Armoury….
Top, je vais aller fouiller ça !
Merci !
Il semblerait que les asiatiques on cette capacité à sublimer l’héritage Européen, même si parfois ils tombent dans la clownerie ou la parodie je trouve qu’ils ont l’oeil. Par contre je suis d’accord les épaules sont beaucoup trop structurées ou rembourrées pour cacher sa petite charpente. Je pense si il assumait un peu plus son gabarit il gagnerait en élégance. Je n’ai pas Instagram donc c’est sympa de voir vos articles. Un exemple en tête (rien à voir avec l’idéologie) est Éric Zemmour qui est un fil de fer, je ne sais pas qui est son tailleur mais je trouve que l’harmonie est mieux respectée. Ses costumes lui donne du coffre et de l’épaule sans que ça fasse cartoonesque à quelques rares exceptions, lorsqu’il pli le coude et le plaque contre son flanc la manche moule son petit biceps et toute l’épaulette ressort dessinant une pointe, mais globalement c’est réussi. J’aime aussi la texture du tissu et la sobriété, bleu profond cravate assortie, pochette blanche. Décidément l’élégance est dans la sobriété la spretzatura selon Jacomet.
Je pense que* faute de frappt je ne m’exprime pas comme une beurrette à chicha.