Table des matières
Avant-propos
Dernière partie de notre guide sur la seconde main, cet article est entièrement dédié au soulier.
Afin d'éviter les répétitions inutiles, nous n'allons pas évoquer ici des questions qui ont déjà été traitées dans les articles précédents de ce guide. Donc si vous voulez connaître les endroits où vous pouvez acheter des chaussures en cuir d'occasion, ou si vous voulez connaître les grands principes derrière le fonctionnement du marché de la seconde main, c'est dans cet article que ça se passe.
De la même façon, il est préférable d'avoir quelques bases avant d'envisager acheter des souliers d'occasion afin de savoir un minimum ce que vous faites. Pour cela nous vous recommandons de lire notre article “qu’est-ce qu’un soulier de qualité”. Car s’il est possible de faire de très bonnes affaires, il est également possible de faire de coûteuses erreurs.
Cet article comporte des liens affiliés vers Ebay. Nous touchons une petite commission si vous achetez via ces liens, cela sert à financer les démontages.
Quelques principes
Tout d'abord, commençons par évacuer une connerie colportée par les Nigolo et autres experts d’écoles de commerce qui veulent qu’une chaussure en cuir usagée va être formée selon le pied du précédent propriétaire, que cela va être la source de bien des problèmes et que par conséquent mieux vaut privilégier les paires peu portées voire carrément neuves. C’est en grande partie, comme bien souvent avec ces gens, de la foutaise. Leur intérêt est bien évidemment de vous faire acheter du neuf chez eux (ou chez leurs potes), plutôt que de l'ancien ailleurs. C'est tellement plus lucratif de faire monter la hype virtuelle pour la prochaine collab avec Max Suceur et ses pompes de merde alors que pour le même prix vous pouvez acheter du Green, Lobb ou du bespoke d’occasion.
Certes, acheter une chaussure d'occasion comporte quelques risques. Comme avec n’importe quel objet usagé, femmes comprises. Il est d'ailleurs beaucoup plus facile de rectifier le tir avec des chaussures qu’avec un costume qui a été charcuté par de multiples retouches approximatives. Tout dépend de votre niveau de connaissance, de la quantité d’efforts et donc de temps que vous êtes prêts à fournir. C’est à vous de déterminer quel type d’acheteur vous êtes et quels types de chaussures vous voulez. Toutes les parties de ce guide ne vous serons donc pas nécessairement utile. Si votre cible sont les paires de Meermin à peine portées qui pullulent sur eBay, faites-vous plaisir, c’est par ici que ça se passe.
Par ailleurs, évoquons rapidement les services de “restauration et revente” qui commencent à faire leur apparition un peu partout. L’occasion est un marché qui constitue un manque à gagner pour les marques qui ne vendent que des produits neufs. Certains fabricants comme Weston rachètent donc des paires usagées à leurs clients, pour les restaurer et les remettre en vente. L'initiative n'est pas mauvaise puisque chacun y trouve son compte cela fait plus de shekels pour les actionnaires et ça permet de faire un peu de greenwashing au passage, tandis que le client bénéficie d'une paire qui a été rénovée aux standards de la marque sans être aussi chère que du neuf. C'est donc un concept gagnant, mais qui n'est pas le moins cher. Vous imaginez bien que les paires ne sont pas rénovées à prix coûtant. De la même façon certaines personnes se spécialisent dans le chinage et dans la revente, ce sont des gens qui passent leur temps à dénicher les bonnes occasions, à les retaper et à les revendre. Parfois c'est très bien fait, parfois le travail est totalement bâclé, tout dépend du niveau de la personne qui s’en charge. Dans tous les cas, la bonne affaire ce sont eux qui la font et pas le client final. C'est un service qui est surtout bénéfique pour les gens qui n'ont ni l'envie ou le temps de se consacrer au marché de la seconde main, ce qui se comprend parfaitement tant c'est une activité chronophage.
Comment identifier le fabricant d’une chaussure ?
Vous le savez si vous avez l’habitude de nous lire - bien souvent en cachette - l’industrie du soulier, comme beaucoup d’autres, repose en partie sur le private labeling. Pour ceux qui ne comprennent pas, nous parlons de ce sujet dans notre article “les arnaques dans le monde de la chaussure” où nous fournissons une liste de quelques usines et de certains de leurs clients. Pour résumer rapidement, les grands groupes du luxe généraliste comme les petites marques 2.0 ne fabriquent pas leurs chaussures. La production est donc effectuée par une usine tierce indépendante, qui vend ses services à de nombreuses marques. Ce n'est donc pas de la sous-traitance à proprement parler, mais ça y ressemble énormément. Et bien évidemment au fil des années les marques utilisent plusieurs usines, les contrats changent, les objectifs aussi, tout cela parfois au sein d’une seul et même gamme.
Très concrètement, prenons l’exemple de la ligne Purple Label de Ralph Lauren, les chaussures sont parfois fabriquées chez Edward Green, Crockett & Jones, G&G, Silvano Sassetti... Encore mieux, prenons maintenant l’exemple de la ligne Polo Ralph Lauren, les chaussures proviennent cette fois d’Edward Green, Crockett & Jones, Alfred Sargent (qui n’existe plus aujourd’hui), Sesto Meucci ou encore Sutor Mantellassi… parmi d’autres. Ralph Lauren a beau avoir un cahier des charges précis pour chaque ligne, toutes les chaussures ne sont pas faites au même standard et ne sont donc pas de la même qualité, bien qu’elles appartiennent à la même gamme.
Une fois arrivés sur le marché de la seconde main, ces souliers Ralph Lauren vont être noyés parmi les autres lignes intermédiaires, les modèles fabriqués dans le tiers monde etc etc et c’est justement là qu’être capable d’identifier le fabricant va être très intéressant. Les chaussures en seconde main ont tendance à rapidement perdre en valeur, une fois qu’une paire a été portée, même une seule fois, le prix est bien souvent réduit de 50 %. Cela dépend bien évidemment des marques et du marché. Les souliers Edward Green ont une excellente réputation auprès des connaisseurs et n’attirent en général pas tellement les clients “lambdas”, leur prix sur le marché de l’occasion est donc plutôt constant. En revanche, Ralph Lauren étant une marque généraliste, beaucoup de clients ne savent pas qui est le fabricant de leurs chaussures et ignorent leur valeur à la revente. Il est de fait plus facile de trouver à vil prix une paire d’Edward Green sous le nom de Ralph Lauren qu’une paire d’Edward Green en nom propre. Bien évidemment cette petite astuce est maintenant connue des spécialistes, et cela s’est traduit par une inflation des prix des paires en question. Toutefois vous comprenez maintenant l’intérêt d'être capable d’identifier un fabricant.
Vous imaginez bien qu’il existe un certain nombre de marques qui sont aujourd’hui disparues, oubliées, peu populaires et qui ont parfois fait fabriquer chez des usines très réputées. Prenons un autre exemple, il est peu probable que vous ayez connaissance de la marque Tom James Company, une société qui est aujourd’hui à l’origine d’Individualized Apparel Group, une holding qui détient notamment Oxxford et Holland & Sherry, donc pas n’importe quoi. Tom James Company font essentiellement des costumes atroces en MTM pour courtiers d’assurances et autre sangsues du monde moderne mais la marque a vendu à une certaine époque des chaussures en leur nom fabriquées par Crockett & Jones (en handgrade qui plus est) et par Alfred Sargent. Bien que ces modèles se trouvent essentiellement aux États-Unis et plus rarement au Royaume-Unis, ils se vendent en général à des prix extrêmement bas car peu connus. Vous pouvez en avoir un aperçu ici.
On peut également parler de Mack James, qui est en réalité l’un des premiers noms utilisés par Carlos Santos (fabricant de Malfroid, Loding...) pour vendre leurs chaussures. La marque est maintenant pratiquement oubliée du monde entier et vous pouvez trouver des paires pour trois fois rien, comme cette paire de Derby à nez jointé pour 35€….
Alors, comment s’y prendre pour identifier un fabricant ? Le mieux est de se baser sur un faisceau d’indices. Pour cela vous pouvez regarder les détails de fabrication et de patronage d’une chaussure. Si le cousu est sous gravure ou non etc etc... Mais il y a en réalité deux éléments majeurs. Le premier est le moins efficace, il s’agit du talon. Le bloc talon d’une chaussure est cloué et les clous forment un pattern. Ce pattern est souvent propre à chaque fabricant. Malheureusement il n’est pas fixé dans le temps, et si le précédent propriétaire a fait changer le bloc talon, vous perdez toute possibilité d’identification. Sans compter que certains fabricants utilisent des patterns qui sont parfois très similaires, voire même identiques. Le second élément est le plus efficace, il s’agit de regarder les numéros imprimés à l’intérieur de la chaussure. Ces numéros ne sont en soi pas très importants, souvent ils indiquent la taille, parfois le numéro de modèle, parfois il s’agit d’un code au sens sibyllin connu uniquement du fabricant. Donc décoder les chiffres ne sert pas à grand-chose. Ce qui est beaucoup plus important c’est la façon dont les chiffres sont frappés et la façon dont ils sont agencés. Sans aller jusqu’à dire que ces chiffres permettent d’identifier à coup sûr un fabricant, ils sont un élément très important et combinés à d’autres indices ils vont vous permettre d’obtenir une réponse assez précise. Bien évidemment, les codes usines changent au fur et à mesure que les années passent et il est donc important de se bâtir une archive complète avec différents “millésimes” si vous voulez avoir la moindre chance d’obtenir des résultats.
Les marques à acheter ?
Il n’y a pas de règle en la matière, chacun fait ce qu’il veut avec son argent. L'occasion est le seul moyen de se procurer des paires de Tuczek, Bunting, Petrozzi... mais l'on est cette fois plus dans la collection que dans la recherche aux bonnes affaires. Bien que l'un n'empêche pas l'autre. Comme nous l'avons indiqué dans les propos introductifs, tout va dépendre de ce que vous cherchez et de votre budget. Il faut toutefois savoir que la réputation actuelle des marques n’est pas nécessairement révélatrice de la qualité des chaussures vendues dans le passé. C’est surtout valable pour les marques qui existent depuis longtemps. En général, les chaussures fabriquées dans les années 1950 étaient meilleures que celles des années 1960. Et les chaussures fabriquées dans années 60 étaient meilleures que celles des années 70, ainsi de suite. Ce sont les bienfaits de la modernité qui veut que les produits deviennent de moins en moins durables et de plus en plus chers. Il est donc important de connaître un minimum votre histoire des marques et de la mode. Prenons l’exemple de Church’s qui était une marque parfaitement respectable et qui depuis le rachat par Prada en 99 s'est spécialisée dans les paires en cuirs bookbinder à la qualité de fabrication approximative. Tout cela bien évidemment en pratiquant des prix délirants pour la seule satisfaction des actionnaires. Les marques américaines sont également victimes de la même tendance. Beaucoup des marques comme Florsheim, FootJoy, Johnston & Murphy, Nettleton, Bostonian ont fait des chaussures d’une grande qualité jusque dans les années 70. Après cela ces marques ont commencé à faire de la merde. Il en va de même avec Alden et Allen Edmonds mais bien qu’elles ne soient que les pâles reflets de ce qu’elles ont été, elles n’ont pas encore totalement touché le fond de la fosse septique. Les exemples de marques dont le nom prestigieux a été vidé de toute substance ne manquent pas. Nous pourrions également parler de Berluti. Le prêt à porter actuel de la marque n’a absolument rien de commun avec les paires fabriquées par le bottier de la grande époque. Cela peut sembler évident, mais chez certaines personnes au cortex simien, il semble s’opérer un raccourci étrange qui veut que si Huguette de Paris en parle, c’est forcément bien. Bref, la réputation d’une marque à un instant T n’est pas nécessairement représentative de la qualité de ses produits à travers les années. Les marques ont une vie, elles sont vendues, rachetées, incorporées, démantelées.... Certains nécrophiles en mal d'héritage ont même le mauvais goût d'aller ressusciter des marques disparues depuis longtemps...
Gardez tout de même à l’esprit que comme nous parlons de chaussures d’occasion si cela vous amuse d’acheter des paires à la qualité de fabrication douteuse pour une bouchée de pain, grand bien vous fasse. Cela peut même être un exercice amusant puisqu’il va éventuellement vous permettre de faire la comparaison entre des chaussures bien faites et des chaussures dont la qualité est galvaudée par le marketing. À moins que vous ne soyez l'un de ces ploucs incapables de regarder en arrière et d'admettre qu'ils ont été pris pour des cons. Dans votre cas point de salut en dehors de la potence.
Quelques arnaques typiques à éviter
Il est assez courant dans le milieu de la chaussure d’occasion d’essayer de faire passer toutes les chaussures bordeaux pour du cordovan. D’ailleurs l’appellation cordovan est bien souvent utilisée pour désigner une couleur plutôt que le type de cuir. Le cordovan étant plus cher, la valeur de ces chaussures en seconde main est naturellement plus élevée. Refourguer du box calf pour du cordovan, c’est un jeu très rigolo qui permet de se payer la tête de l’idiot du village. C’est devenu presque une tradition, un rite initiatique. Comme les victimes sont majoritairement des acheteurs d’Alden, elles le méritent amplement ne vous inquiétez pas pour eux.
De la même façon certains tentent de faire passer du box calf imprimé d'un motif reptile pour du véritable crocodile ou de l’alligator. Faire la différence entre un cuir qui est passé sous presse pour prendre l'apparence d'un cuir exotique et un véritable cuir exotique est assez difficile, cela demande beaucoup d'expérience et c'est un sujet à lui seul, nous n'allons pas le traiter plus en détails ici.
Une autre arnaque assez courante consiste à faire passer une chaussure pour ce qu’elle n’est pas. Les marques à l’intérieur de la chaussure peuvent disparaître à cause de l’usure et s’il n’est pas fait mention de la marque ailleurs, il devient très facile de faire passer des savates pour de l’or. C’est une astuce qu’il est en général assez facile à démonter car ceux qui se vouent à ce petit jeu tentent de vous faire croire qu’une paire de Bata est en réalité une paire d’Edward Green, ou qu'une paire de Méphisto sont des Lobb. Il est donc extrêmement aisé de voir que les finitions de la chaussure ne correspondent pas du tout à ce qu’elle prétend être.
Une variante de l'arnaque précédente consiste à enlever la première de propreté d'une paire de qualité et de la mettre dans une contrefaçon ou dans une paire de qualité inférieure. La première de propreté, ou demi première de propreté étant simplement collée sur la première de montage il est en général très facile d'opérer la substitution. Cela peut rendre l'identification des contrefaçons difficiles, puisque la première provient bel et bien d'une paire authentique. Il faut bien vérifier la qualité des finitions, mais également comparer le niveau d'usure de la première de propreté avec le reste de la chaussure.
La question du chaussant.
Notre article “comment choisir un soulier, chaussant forme et taille” explique tout ce qu’il y a de plus important à savoir sur ce sujet. Néanmoins les chaussures d’occasions forment une catégorie un peu à part car à moins de n’avoir été que très peu portée, un précédent propriétaire a déjà “fait” la chaussure. Dans quelques cas assez rares, cela peut être la cause de désagréments, notamment sur les mocassins. Il arrive alors qu’une chaussure qui soit à votre taille et dans une forme qui normalement vous convient ne vous aille pas. On dit pour des mocassins neufs que ce n’est pas le porteur qui choisit le mocassin, mais le mocassin qui choisit le porteur. C’est un adage qui est toujours vrai sur le marché de l’occasion, le problème le plus courant étant le déchaussage au niveau du talon. Sur les chaussures au montage Goodyear (et assimilés) on peut lire parfois qu’il ne faut pas acheter de l’occasion car le rempli en pâte de liège aura pris la forme du précédent propriétaire. Cette affirmation est incomplète et mérite quelques précisions. Tout d’abord la fonction principale du rempli est, comme son nom l’indique, de remplir la cavité qui existe entre la première de montage et la semelle d’usure. Le rôle de confort n’est que secondaire et très limité. Le rempli n’est ensuite pas nécessairement en agglomérat de liège. Il peut être en cuir ou en feuille de liège sur les chaussures bottières, ou en salpa et autres matériaux synthétiques sur les chaussures industrielles. Lorsqu’une chaussure est bien faite, le rempli doit au mieux légèrement épouser la forme des têtes métatarsiennes mais sans plus. Est-il possible que le rempli s’affaisse et devienne inconfortable ? Oui, mais c’est un problème qui est lié à la qualité de la chaussure et non au fait qu’elle soit d’occasion ou non.
Vous pouvez aussi lire des réactions sur les forums du genre “acheter des souliers bespoke d'occasion, mer il et fou ?”. Certains ploucs dont la logique est défaillante arguent en effet qu'il est stupide d'acheter des chaussures bespoke occasions, car elles n'ont pas été faites pour leur pied mais pour celui d'un autre. Ils oublient que leurs pompes de prêt-à-chausser en private label n'ont également pas été faites pour eux. Le principe du prêt-à-chausser est d'être fait pour tout le monde, c'est à dire pour personne. Certaines chaussures bespoke vous iront comme un gant, d'autres ne vous iront pas. Il n'y là strictement aucune différence avec le PAP et c'est un débat qui ne devrait même pas exister si ce n'est pour les fonctions cognitives douteuses de certains.
Comme les chaussures de seconde main sont bien souvent beaucoup moins chère que les chaussures neuves, vous ne devriez pas avoir trop de scrupules à les “maltraiter” pour les adapter à vos pieds. Il existe un certain nombre de techniques qui vous permettent de corriger le chaussant. Vous pouvez bien évidement recourir aux traditionnelles semelles intercalaires, anti-glissoirs, formes à forcer et autre shoe-eze. Et puis il y a des méthodes beaucoup moins traditionnelles qui vous permettent d’altérer de façon significative le chaussant. Il est parfaitement possible de rétrécir des chaussures à l’aide d’un fer à repasser. C’est un processus qui est n’est pas sans risques et qui comporte certaines réserves, je ne recommande pas du tout de l’essayer sur des paires neuves sans expérience. Avant d’envisager une telle opération il faut s’entrainer longuement sur des cobayes d’occasions. Nous parlerons de cette technique plus en détail dans un article dédié.
Le niveau d’usure.
C'est indéniablement le premier critère sur lequel les gens se focalisent car dès le premier port le cuir d’un soulier va plisser. Et si le précédent propriétaire ne savait pas choisir des chaussures à sa taille, ça plisse possiblement très fort. Mais les gens ont tendance à être obnubilés par les plis, alors qu’en réalité ces derniers sont essentiellement cosmétiques et peuvent être très largement atténués avec un peu d’huile de coude, nous allons revenir là-dessus dans un instant. En ce qui concerne l’usure des chaussures, il y a quelques règles à suivre, mais étonnamment beaucoup moins que l’on pourrait penser. Tout d'abord il faut comprendre que plus une chaussure est de qualité, mieux elle va vieillir. À nombre de ports égaux une paire de Meermin sera beaucoup plus usée qu'une paire de Lobb. La qualité du cuir et la qualité de fabrication sont des éléments essentiels de ce point de vue. Il faut par ailleurs réaliser que l’aspect visuel d’une chaussure n’est pas nécessairement indicatif de sa santé. Les chaussures de seconde main ont très souvent l’air absolument immondes si elles n’ont pas fait l'objet d'un entretien rigoureux. Pour peu que le précédent propriétaire n’ait pas été un lecteur de Sartorialisme et n’ait pas acheté des chaussures avec un chaussant adapté, alors il est possible que le cuir gondole atrocement et fasse des plis extrêmement disgracieux. C'est également valable pour les paires qui n'ont jamais vu d'embauchoirs. Mais cela ne veut pas dire que la chaussure est bonne à jeter, loin de là. Il y a des sadiques qui se plaisent également à noyer le cuir sous des couches de cirage, bernés par la croyance populaire que le cirage est bon pour les chaussures. Le cirage assèche terriblement le cuir et bien évidemment puisque ces gens ne l'enlèvent jamais mais au contraire en ajoutent toujours plus à la louche, la tige finie par être terriblement encrassée.
Le plus important est de bien regarder si l’aspect structurel de la chaussure est encore bon. Pour simplifier les choses voici une liste des choses à surveiller quand vous achetez des chaussures en cuir usagées :
• Vérifiez que la semelle soit en (relatif) bon état et ne soit pas trouée. Certains petits malins s’amusent à cacher les trous en posant un patin genre topy ou vibram, soyez donc toujours sur vos gardes quand une paire a un patin. Faites très attention à l'avant de la semelle, certaines personnes attaquent fortement cette zone. Moins il reste de matière plus il est difficile de faire poser un fer.
• Vérifiez que le montage soit intact (intégrité des coutures, trépointe qui se décolle...) un ressemelage imprévu n’est pas le genre de surprise que vous voulez avoir sur une paire d’occasion. Essayez de voir si la paire a déjà été ressemelée. J’ai le plus grand respect pour nos artisans cordonniers, mais comme toutes les professions il est de plus en plus difficiles de trouver des gens compétents, surtout en province. Certains ressemelages peuvent être absolument catastrophiques et il est d’une façon générale préférable d’éviter les paires déjà ressemelées, surtout si le travail a l’air douteux ou que vous ne savez pas quel est le cordonnier derrière l’opération.
• Vérifiez que la tige ne soit pas craquée. Quand la tige craque, c’est la fin. On peut encore essayer de bricoler un peu, sur le box calf il existe des mastics qui peuvent colmater certaines brèches, sur les chaussures en crocodiles, il est assez commun par exemple que les écailles se séparent, et si vous êtes méticuleux on peut s’aventurer à une réparation. En revanche si les chaussures sont fabriquées en Cordovan, les déchirures de la tige ne sont pas réparables. Globalement les déchirures signifient très probablement que la chaussure n'a pas été entretenue correctement et c’est un signe qu'elles ont fait leur temps. Acheter une tige craquée c’est donc tout sauf une bonne idée, même pour un prix modique. En revanche une tige avec des fissures superficielles peut être traitée par un ponçage méticuleux mais cela demande un certain savoir-faire.
• Vérifier l’état de la doublure, surtout en ce qui concerne les mocassins qui sont souvent portés sans chaussettes. La sueur étant acide elle est nocive pour le cuir et une doublure brûlée par la sueur n’est pas du tout un bon signe. Dans les cas extrêmes la sueur s’attaque également aux parties métalliques à l’intérieur de la chaussure (cambrion, agrafes…) et les fait rouiller terriblement. La rouille et le cuir ne font pas bon ménage.
• Vérifiez l’emboitage, beaucoup de marques de prêt à porter utilisent maintenant des contreforts en celastic qui n’est autre que du thermoplastique. Si l’ancien propriétaire n’utilisait pas de chausse pied les contreforts peuvent être très usés avec les risques que cela comporte. Si un contrefort en celastic (ou en salpa) casse, il n’est pas réparable, contrairement au cuir. On peut éventuellement bricoler mais il ne s’agira jamais d’une réparation complète à moins que vous ne souhaitiez dépenser beaucoup d’argent. Il arrive aussi parfois que la tige remonte à cet endroit à cause de l'usure causée aux contreforts, c'est extrêmement laid et là aussi très cher à réparer.
Si vous n’avez pas la possibilité de voir les chaussures en personne, il faut faire attention à beaucoup de petits détails qui au final vont vous en dire beaucoup sur l’histoire de la paire sans que vous sachiez combien de fois elles ont été portées. De la même façon qu’il est possible d’en savoir beaucoup sur une voiture et l’entretien qu’elle reçoit par son propriétaire sans en connaître le kilométrage. Si la tige a l’air bien nourrie, parce qu’elle a fait l’objet d’un crémage régulier, qu’elle a un fer encastré (et non haricot), qu’elle a une première de propreté impeccable, alors il y a peu de chances pour que le vendeur essaye de cacher quelque chose. Si en revanche la paire est couverte de cirage, que la tige plisse de partout, que la doublure est sale, cela ne veut pas dire que la paire n’est pas structurellement saine, mais vous prenez un plus grand risque. C’est toute la difficulté de l’achat sur internet, les paires qui ont l’air négligées peuvent être également vos meilleures affaires. Alors que les paires bichonnées sont souvent vendues par des amateurs qui surestiment bien souvent grossièrement la valeur de ce qu’ils possèdent. Il s’agit donc de faire un rapide calcul risque/avantage pour voir si le jeu en vaut la chandelle.
L’hygiène, est-ce un problème ?
Oui et non. Vous prenez moins de risque à acheter des chaussures en cuir usagées qu'à chasser la gueuse sur Tinder. C'est même plutôt safe, si vous comparez ça au risque de choper une IST pendant une réunion du département marketing de l'une ou l'autre marque 2.0. Il est évident qu'il faut désinfecter les chaussures d’occasions, au même titre que vous devez laver n'importe quel autre vêtement de seconde main. Pour cela il existe des spray, gels et tout le toutim mais je n'ai pas besoin de vous faire un topo vu que ces derniers temps tous les crétins du monde sont devenus hypocondriaques ET épidémiologistes mongols. Je vous laisse donc consulter votre voisin sur la question, il aura très certainement un avis.
La question des embauchoirs.
Les chaussures d’occasions sont parfois vendues avec des embauchoirs, mais le plus souvent elles en sont dépourvues. Quand les embauchoirs sont inclus, veillez à ce qu’ils soient bien adaptés. Des embauchoirs trop grands peuvent décoller le mur de montage dans le cas des chaussures à mur collé (écrasante majorité des chaussures Goodyear vendues aujourd’hui en PAP). Des embauchoirs trop petits ne servent à rien.
Sachez qu’il n’existe que deux types d’embauchoirs, ceux qui sont “à la forme” et ceux qui sont “génériques”. Les embauchoirs à la forme se trouvent généralement chez les bottiers et les marques haut de gamme et sont comme leur nom l’indique basé sur la forme (le last en anglais) utilisée pour fabriquer la chaussure. Les embauchoirs génériques ne sont adaptés à aucune forme particulière. Beaucoup de marques de prêt-à-chausser vendent des embauchoirs génériques à leur noms et à prix d’or, parfois il s’agit des même que leurs concurrents, seul le logo change. Il est donc tout à fait possible de les remplacer par des embauchoirs génériques d’autre provenance. Ceux de Bexley par exemple sont très utilisés car peu chers surtout lors des soldes, mais il y a plein d’options à votre disposition. Ne soyez pas idiot et n’achetez pas une paire de Meermin 90€ en occasion pour ensuite aller sur leur site et dépenser 40€ sur des embauchoirs Meermin. Cela ne sert pas à grand-chose. Si vous avez des difficultés à trouver des embauchoirs adaptés, le groupe Avel (Saphir, la cordonnerie Anglaise…) en propose de plusieurs sortes.
Comment récupérer certains “problèmes”.
Entretenir la tige.
Lorsque vous achetez des souliers d’occasions il va bien souvent falloir faire un entretien complet de la paire. Même lorsque la paire n’a jamais été portée, il peut s’agir d’invendus (new old stock), de paires d’expositions, de paires qui proviennent d’une faillite. Ces chaussures ont en général le cuir très sec car leur cuir n’a pas été nourri depuis qu’elles ont quitté la ligne de montage de leur usine, ce qui dans certains cas remonte à plusieurs années.
Sur certaines paires il est possible que le cirage ait craquelé (surtout s’il y en a beaucoup) et donne l’impression que la tige est fendue. En réalité ce n’est pas le cas et il suffit d’enlever les couches de cirage pour voir que la tige est impeccable, en revanche en enlevant le cirage il est possible que la paire soit partiellement décapée, dans le pire des cas il suffira de reteindre partiellement la chaussure. Parfois le pommadier pigmenté saphir est suffisante, parfois il faut utiliser de la teinture, mais c’est plus rare. En ce qui concerne le veau velours il est possible d’appliquer de la teinture sur la paire assez facilement, le résultat est surtout valable sur les couleurs sombres.
Modifier le chaussant.
Nous l’avons déjà évoqué au début de l’article, il est possible de faire rétrécir une paire de façon significative mais c’est un processus assez complexe et chronophage que nous détaillerons dans un article dédié, pour l'instant sachez simplement que c'est possible.
Diminuer les plis.
Les plis d’aisance peuvent être assez disgracieux sur certaines paires, heureusement il est très facile de les atténuer. Il existe plusieurs méthodes pour cela, nous allons en présenter deux.
La première méthode est très simple à mettre en place. Vous n’avez besoin que d’eau, de papier essuie-tout et d’embauchoirs adaptés à la chaussure. Tout ce que vous avez à faire c’est d’humidifier complètement l’essuie-tout, de le mettre sur l’embauchoir et d’insérer le tout dans la chaussure. Laissez ensuite l’ensemble sécher à l’air libre pendant 2 jours. Ne placez pas les chaussures à côté d’une source de chaleur. Assurez-vous que l’air ambiant dans la pièce soit relativement sec, un environnement trop humide ne permettrait pas à la chaussure de bien sécher.
Après 2 jours vous pouvez enlever l’embauchoir, la claque de votre chaussure sera normalement beaucoup moins marquée par les plis d’aisances. Si vous avez peur de la moisissure, nettoyez rapidement l’intérieur de la chaussure avec un coton légèrement imbibé d’alcool isopropylique. N’oubliez pas de conditionner l’intérieur de vos chaussures au moins une à deux fois par an. L’intérieur d’une chaussure doit être entretenu au même titre que le reste.
La seconde méthode est plus radicale et n’est pas sans risque. Vous avez besoin d’une bassine de deux paires d’embauchoirs, d’une serviette et d’un sèche-cheveux (ou d’un décapeur thermique). Vous devez d’abord immerger les chaussures (sans embauchoirs) dans un bain d’eau froide. Avant de crier comme des babouins sachez que le cuir ne craint pas l’eau claire, si vous l’ignorez le tannage est un processus qui nécessite d’immerger le cuir dans des liquides pendant des périodes prolongées. Pensez à enlever les lacets et à bien brosser les chaussures avant de les immerger afin que la tige soit relativement propre. Laissez tremper pendant une heure environ. Une fois retirées les chaussures vont être pleine d’eau, utilisez une serviette pour enlever l’excès d’eau qui a été absorbé par le cuir. Faite attention à ne pas frotter trop fort avec la serviette. Insérez ensuite une première paire d’embauchoirs et laisser sécher à l'air libre pendant 4 heures. Après cela, remplacez les embauchoirs humides par des embauchoirs secs et bien adaptés à la chaussure. À partir de maintenant vous allez utiliser votre sèche-cheveux pour accélérer le processus de séchage et aider la tige à se retendre. C’est cette étape qui est plus dangereuse car vous ne voulez en aucun cas exposer le cuir à une chaleur trop intense. Maintenez donc le sèche-cheveux (ou le décapeur thermique) à bonne distance et ne l’utilisez pas pendant une période trop prolongée, quelques minutes suffisent. Insistez sur les zones où les plis sont marqués, vous pouvez également masser un peu le cuir. Répéter le processus plusieurs fois. Laissez ensuite les chaussures sécher complètement à l’air libre. Là encore, ne laissez pas les chaussures dans un environnement humide, et ne placez pas les chaussures à côté d’une source de chaleur. Après 2 ou 3 jours les chaussures seront complètement sèches et les plis seront considérablement moins marqués.
Sélection de paires sur Ebay
Et enfin pour close cet article nous allons présenter quelques paires qui selon nous peuvent êtes intéressantes ainsi que quelques pages à suivre sur Ebay.
Pages intéressantes:
Carmina a commencé à vendre sur Ebay plusieurs paires avec défauts. Il est possible de faire des offres et certaines paires ont des défaut vraiment mineurs.
Vous pouvez voir la sélection disponible en ce moment en suivant ce lien
Des paires historiques, rares ou bespoke se trouvent souvent ici. Le prix est en revanche très élevé.
Certaines paires dans la sélection sont situées à l’étranger.
Les fabricants Américains (d’avant la déchéance)
Florsheim Royal Imperial Derby en cordovan 9,5D US
Stetson Derby nez jointé en alligator 11,5D US
Les fabricants Européens
Alfred Sargent Richelieu en veau velours 8,5 UK.
Alfred Sargent Derby en veau velours 6,5G UK.
Alfred Sargent Richelieu en box calf 9,5 UK.
Aubercy mocassins bi-matière avec plateau en alligator 6,5 UK.
Cobbler Union (fabrication Andrès Sendra) Richelieu veau velours 8 UK
Crockett & Jones Richelieu 10E UK.
Crockett & Jones Chukka Ealing boxcalf 12E UK
Crockett & Jones Richelieu 6,5E UK
Crockett & Jones Richelieu Aldgate veau velours 5,5E UK
Crockett & Jones Derby Bayswater boxcalf 9E UK
Löf & Tung (fabrication Andrès Sendra) Richelieu Spectator 6,5 UK
Löf & Tung (fabrication Andrès Sendra) mocassin boxcalf 6,5 UK
Mack James (fabrication Carlos Santos) mocassin boxcalf 6,5 UK
TLB Mallorca Artista, Derby nez jointé 5,5 UK
TLB Mallorca Derby boxcalf 10 UK
Merci pour cet article très instructif ! L’introduction au décapant thermique est particulièrement jouissive à lire…
Concernant les semelles, ma très maigre expérience dans le domaine m’encourage à la plus grande prudence: les montages (blake ou goodyear) avec coutures apparentes sur semelle gomme pulullent aujourd’hui (Loding, Meermin…et une grande partie de l’entrée/milieu de gamme) Même avec une usure très légère de la semelle les coutures sont souvent bien attaquées dans ce cas (on a souvent à peine qq mm entre la semelle et la couture à l’origine) J’imagine qu’il s’agit d’un défaut rédhibitoire (resemellage obligatoire)…
Je suis curieux aussi de lire qu’il est conseillé de nettoyer l’intérieur des chaussures régulièrement. Cela fait sens, mais comment faire ?
Bonne continuation,
Merci,
Les semelles gommes sont particulières. Dans la très vaste majorité des cas ce que vous voyez sous la chaussure n’est pas la couture petit-point, mais une simple couture décorative. Vous pouvez faire une petite expérience très simple qui consiste à comparer la densité entre la couture petit-point sur la trépointe et la couture qui est sur la semelle gomme. Si il n’y a pas de correspondance vous êtes pratiquement certain d’être en présence d’une couture décorative. Quand le montage est bien fait, il n’est pas cher de faire remplacer la semelle gomme puisque cette dernière n’est que collée. Quand le montage est mal fait, et qu’il n’y a pas de semelle intercalaire, alors cela devient plus difficile a faire (et donc beaucoup plus cher).
Pour nettoyer l’intérieur des chaussures il suffit de passer une fois l’an un coup d’éponge avec de l’eau claire et un peu de savon de Marseille. Il est également possible d’utiliser un chiffon imbibé d’alcool isopropylique. Une fois que l’intérieur est sec vous pouvez ensuite passer un petit coup de surfine, pour nourrir la doublure. Il ne faut pas en mettre beaucoup, et bien laisser sécher, sinon vous risquez de tacher vos chaussettes.
Bien à vous
Merci de votre retour,
Quid de l’intérêt d’une marque comme Bally sur le marché de la seconde main qui (si je ne m’abuse) fabriquait en France jusque dans les années 90 ? (avant de devenir une marque de luxe qui survend le swiss made)
Je ne connais pas suffisamment les modèles de la marque de cette période pour vraiment avoir un avis dessus. Je sais juste qu’il y avait déjà un peu de tout. Il y a possiblement de bonnes affaires dans le lot mais il faut être prudent.
Merci, merci, merci, surtout pour les conseils concernant les plis d’aisance qui me confortent dans ma manie de laver (très rarement) mes chaussures à l’eau claire et au savon ! En revanche, je n’ai jamais osé utiliser le sèche cheveux.
Je me suis risqué sur le marché de la chaussure d’occasion il y a quelques mois et je considère que j’ai fait de très bonnes affaires avec une paire de C&J Aintree, une paire d’Edward Grenn Galway (quasi neuves), une transaction correcte avec une paire de Derby à plateau Paraboot et une pas très bonne acquisition avec une paire de Richelieu 7ème largeur (oui bon, 50 €, on n’en a que pour son argent). Je continuerai donc en privilégiant les fabricant haut de gamme (même avec des travaux de restauration), c’est vraiment intéressant.
L’eau claire et le savon sont excellents, et c’est une solution qui a l’avantage de ne pas coûter grand chose.
Bravo pour vos trouvailles, avec le temps plus on a l’habitude et plus il devient facile de trouver de belles affaires.
J’adore vous lire, les références à demi-mots me font penser aux BD d’Asterix avec un ton résolument tourné au vitriol
Merci, mais nous sommes très loin d’avoir le génie d’un Goscinny.
Je suis toujours impatient de trouver un nouvel article de votre part !
Celui-ci est comme toujours fameux, très agréable et drôle à lire, et surtout très instructif.
Même sans être attiré par l’occasion, je regarde maintenant mes chaussures autrement, en particulier leurs signes d’usure et de plus ou moins bon vieillissement.
Merci beaucoup et continuez !
Plus largement, et pardonnez-moi de partager cette déambulation intellectuelle qui déborde complètement le cadre de cet excellent article, j’ai l’impression de voir dans notre drôle d’époque, de la seconde main partout.
Les meubles, les vêtements, les couples… même les idées sont recyclées…
Beaucoup vivent avec ce qui a appartenu à un(e) autre : conjoint ou conjointe, enfants, vêtements. Croyant sûrement que recommencer, c’est faire mieux.
Ou dans l’illusion de revivre quelque chose ?
Merci, nous essayons de faire de notre mieux.
La seconde main a clairement le vent en poupe depuis plusieurs années. Pour certains la motivation est écologique. Pour d’autres elle est économique. Quand on voit l’évolution des prix, on comprend l’intérêt. Que ça soit chez Weston ou C&J pour ne citer qu’eux les prix grimpent de façon vertigineuse. Et puis, il faut aussi dire que dans certains cas la seconde main permet d’acheter des choses d’une qualité introuvable aujourd’hui. Pour ce qui est de la chaussure, la qualité des cuirs anciens est sans commune mesure avec ce qui se fait aujourd’hui. Il en va de même pour la qualité de fabrication. Les chaussures américaines sont le parfait exemple. Payer (parfois) moins cher pour quelque chose de mieux, est une proposition forcément attirante. C’est aussi le propre des sociétés sur le déclin que de regarder vers le passé plutôt que vers l’avenir. Et puis, la mode est comme l’histoire quelque chose de cyclique.
Bonjour, superbe article, ça change de certains sites !
J’aurais besoin d’un avis sur cette paire : https://www.ebay.fr/itm/114732909534?hash=item1ab69d43de:g:MOwAAOSwbdxgMOBz
L’offre me paraît alléchante, ai-je raison de me laisser tenter ?
De plus, je n’arrive pas à trouver de quelle usine proviennent les paires d’Aubercy, suis-je juste idiot ?
Bonjour,
Il me semble qu’il s’agisse du modèle 1016 d’Aubercy mais couleur cognac (il est le plus souvent trouvable en noir). C’est un modèle ancien de la marque (circa 2008). Je ne sais pas qui est le fabricant, mais Aubercy fait souvent fabriquer chez Enzo Bonafé.
La tige est tachée par endroits mais en dehors de cela je ne vois rien de spécial. La paire a juste besoin d’un bon nettoyage et d’un patin/fer. Attention Aubercy taille un peu petit.
Si vous voulez acheter cette paire, vous pouvez le faire via ce lien: https://ebay.us/wVzF6i
C’est le même que l’autre, la seule différence est que si vous achetez via ce lien nous gagnons une petite commission qui permet de continuer à faire vivre le site.
Bonjour,
désolé, lu l’article un peu tardivement. En fait juste une précision. Si vous faites du 39 ou 5 UK, point d’espoir. En occasion il n’y a simplement…rien. En neuf, pas beaucoup plus…j’en viens à sélectionner mes souliers uniquement à partir de la pointure. Et de me contenter de ce que je trouve. C’est à dire, pas grand chose. Et uniquement en neuf.
Bonjour, la seconde main n’est effectivement pas aussi profitable dès que l’on s’intéresse à des tailles peu communes. Néanmoins, en neuf un certain nombre de marques font du 5uk et cela dans toutes les gammes de prix. Meermin, Carmina, Carlos Santos, Weston, Edward Green, John Lobb…. toutes proposent du 5uk et parfois même des largeurs différentes. Même si il est vrai que la disponibilité en boutique est souvent aléatoire.
Bonjour, la méthode du bain et du sèche-cheveux marche-t-elle avec des chaussures veau velours également ? J’en ai récupéré qui gondolent méchamment sur la claque et les embauchoirs sont bien incapables de retendre ces plis.
Merci d’avance pour votre avis éclairé,
Bonjour,
La technique fonctionne également sur le veau velours, mais il est préférable d’éviter de le faire sur des paires claires, il y a un risque de les tâcher.
Pour un premier essai plutôt que de faire une immersion complète il est préférable d’utiliser l’astuce de l’essuie tout imbibé d’eau à mettre sur l’embauchoir. Normalement ça donne des résultats satisfaisants.
Si vraiment ça n’est pas suffisant on peu passer sur une immersion complète. Mais attention, il existe un risque de ruiner totalement la paire.
Bonjour, vraiment un grand merci pour ces conseils et cet article en général.
Depuis que je vous lis, j’accumule les acquisitions à vil prix – la dernière, des bottines Mack James jamais portées en cousu norvégien pour 20 balles… J’ai aussi mis la main sur une paire de bottines de marque Cordings en VV, cousu goodyear semelle dainite affiché « made in England » : savez-vous qui fabriquait pour eux ?
Terriblement navrant quand même de voir que des marques populaire comme Bexley Loding ou Meermin s’échangent en général plus cher que des Alfred Sargent sur Vinted.
Je me suis aussi mis à la cordonnerie sur des paires un peu abîmées et pour lesquelles un tour chez le cordonnier serait peu pertinent économiquement: recollage de patins (facile) de bloc talons (très difficile pour avoir une découpe propre sans le bon matériel, facile sinon) Prochaine étape, rafistoler des contreforts déchirés (tout comme la doublure) sur une paire de Finsbury (les contreforts sont clairement en cuir…je doute que ce soit le cas sur les nouveaux modèles de la marque)
Au plaisir de vous lire,
Bonjour et merci,
Cordings Piccadilly? Je ne savais pas que la marque vendait des souliers pour hommes, il faudrait voir les numéros d’usine pour en savoir plus mais la mention « made in England » me fait penser à Loake.
Pour ce qui est du prix de la seconde main, il ne faut pas chercher loin, les prix sont fixés en grande partie par la popularité.
Bonjour et merci pour votre blog instructif et agréable à lire
Grace à vous j’ai sauté le pas et acheté une paire d’Aubercy d’occasion. Presque neuve, pour la modique somme de 90€ sur un site de vente d’occasion.
Malgré le prix, je redoutais l’essayage. Par chance, elles me vont parfaitement.
Je n’aurais pas osé sans vous avoir lu.
Bonjour et encore merci pour vos lumières,
C’est effectivement suite à vos articles que j’ai découvert la marque Florsheim et déniché une paire de long wings modèle 93602 pour une bouchée de pain.
Après avoir suivi vos conseils et rafraîchi un peu la paire, celle-ci est dans un état impressionnant pour une paire qui doit avoir au bas mot 35 ans: pas un pli résiduel ! L’épaisseur et la qualité du cuir font pâlir tout ce que j’ai pu trouvé jusqu’à présent…
Pas contre la semelle (d’origine) a vécu…les coutures sont complètement usées près du bout ou il manque presque l’épaisseur d’un fer encastré. Et que dire du talon : usé jusqu’au début de la semelle sur le coin (où il y a pourtant un fer en V) Si un patin peut suffire pour la semelle, le talon lui a besoin d’un changement.
Mais ce talon, c’est surtout une oeuvre d’art: en plus du fer en V, je compte 75 clous par chaussure ! Oui, 75 ! Devant une telle débauche, je ne peux me résoudre à les faire arracher pour y voir un banal bonbout en caoutchouc à la place….A moins qu’il n’y ait une autre solution plus respectueuse de cette vénérable chaussure ? Si c’est le cas, je suis preneur de vos conseils.
Amicalement,
Bonjour,
Le modèle 93602 a été produit de la fin des années 50 à la fin des années 80. C’est globalement de la bonne chaussure. On trouve encore des paires presque neuves aux US qui sont moins chères que des Loding. Il faut quand même se méfier un peu avec les marques US car à partir des années 70/80 le déclin a été assez brutal. Même avant cela, toutes les marques ne se valaient pas et au sein même des marques il existait déjà des lignes plus ou moins prestigieuses. Mais il y a vraiment des choses intéressantes.
C’est un modèle à double semelle donc le fait qu’elle soit usée donne une indication de leur utilisation. Pour le talon, l’une des raisons derrière cette débauche de clous tient dans le fait que les fabricants US utilisaient assez rarement de la colle pour fixer le bloc talon. Après, en fonction des époques et des fabricants il y a avait un peu de tout dans les blocs, du plastique, du salpa, ou du cuir. Il n ‘y a pas vraiment d’intérêt à vouloir remettre autant de clous, même si je comprends que du point de vue esthétique et historique c’est dommage de le changer. C’est un témoignage d’une époque où tout n’était pas rationalisé et standardisé.
Merci pour votre retour.
Effectivement si j’en crois ce site https://vcleat.com/florsheim-model-numbers-1950s-90s/ ma paire a été fabriqué en Nov 1971 ou 1981 (je penche pour la deuxième option vu le bon état de inscriptions notamment)
Bon, je vais donc changer le talon avec un petit pincement quand même, c’est très impressionnant tous ces clous (je doute qu’on puisse se contenter de mettre un bon bout, il faudra sans doute changer tout le bloc après avoir retiré les clous)
Je me suis beaucoup amusée à lire votre blog, même si la plupart des marques citées me sont parfaitement inconnues. J’étais à la recherche de l’identification des chiffres cabalistiques inscrits à l’intérieur d’une paire d’Allen Edmonds que mon mari a porté 2 fois (en pleurant) problème de largeur et de forme vraisemblablement. Je veux les revendre (eBay ?) les chiffres : 12 E 72786 6
5615 3883
Si vous pouviez m’aider – contre rétribution bien sûr – je serais très heureuse !