Table des matières
Avant-propos
Si vous ignorez tout du marché de la maroquinerie, nous vous conseillons de commencer par lire notre précédent article intitulé “état des lieux de la maroquinerie de luxe”. Il présente la façon dont s’est structuré ce marché et permet de mieux comprendre le sujet que nous allons développer aujourd'hui.
La maroquinerie de luxe est un milieu qui contient une certaine part d’opacité, notamment car il s’agit de faire payer très chers des produits industriels fabriqués à la chaine qui sont censés être luxueux. Dès lors que le client est reçu dans des showrooms vaguement cossus on met parfois des gants blancs, on parle avec des trémolos dans la voix de “fabrication artisAnale”, de “fait main”. Chez Hermès on va jusqu’à donner rendez-vous pour l’achat de certains sacs à main “en raison de leur rareté”. En réalité, derrière les simagrées les marques sont de plus en plus désespérées pour produire toujours plus vite et pour cela elles sont prêtes à faire beaucoup de concessions en ce qui concerne la fabrication. Dans cet article nous allons justement vous expliquer comment les grandes marques de luxe fabriquent leur maroquinerie.
Commençons par rétablir une vérité qui pourrait sembler évidente, et qui pourtant ne l’est pas pour beaucoup de gens. Non, la maroquinerie Dior, Chanel, Lancel, Hermès, Louis Vuitton, Cartier, Lonchamp etc etc n’est pas fabriquée main. En réalité la vaste majorité de la maroquinerie qui se trouve sur le marché aujourd’hui fait l’objet d’une fabrication industrielle ou semi industrielle, des machines sont utilisées tout au long du processus de fabrication et par conséquent il est mensonger de parler de fabrication main. Bien évidemment dès qu’il s’agit d’une règle il existe des exceptions mais il ne s’agit bien que d’exceptions. Nous avons déjà abordé cette question dans notre “état des lieux de la maroquinerie de luxe” mais nous allons l’approfondir ici. Il s’agit ici de donner une vision d’ensemble, nous n’allons pas aborder tous les cas de figure, toutes les situations, l’idée est de vous donner une compréhension globale des processus de fabrication employés dans le milieu. Bien qu'il soit probablement complexe pour le profane cet article est donc schématique.
Les processus de fabrication
Avec l'industrialisation massive de la maroquinerie les processus de fabrications se sont dramatiquement standardisés. Cela étant dit les grandes étapes de la fabrication sont les mêmes dans la maroquinerie artisanale et dans la maroquinerie industrielle ou semi industrielle. La différence se fait au niveau de la mise en application. Dans l’artisanat c’est bien souvent une seule et même personne qui va réaliser toutes les étapes du processus. Dans l’industriel voire le semi-industriel vous avez en revanche plusieurs personnes qui vont intervenir et qui en général ne réalisent qu’une étape bien spécifique. De nos jours certaines usines se content d'assembler des kits de pièces qu'elles reçoivent, parfois en provenance de l'étranger. Hermès se targue d’être une exception et prétend que chaque sac est réalisé par une seule personne de A à Z… ça n’est pas totalement vrai. Le choix et l’examen de la peausserie est fait en amont par un autre employé, il en va de même pour la coupe. Il est en revanche exact de dire que la marque segmente un peu moins que beaucoup de ses concurrents.
On peut découper le travail de fabrication d'un objet de maroquinerie en trois grandes phases. Il y a tout d'abord la mise au point du modèle, puis le travail de préparation et enfin le travail d'assemblage. Il existe bien évidements des étapes intermédiaires qui peuvent s'ajouter en fonction des objets fabriqués, on pense par exemple au travail de fermeture pour un sac (on parle alors du travail de bijouterie) etc etc.
Conception
Le travail de conception vise à imaginer un produit et implique la création de prototypes et de gabarits pour la découpe. Dans l'industrie cette étape implique plusieurs personnes, dont des créateurs de mode, des designers... Dans l'artisanat le maroquinier est le penseur de ses créations et il a (normalement) été formé à la création de patrons et gabarits. Certains artisans travaillent parfois avec des designers mais c’est une pratique qui est relativement rare. Le travail de prototypage et d’élaborations des gabarits est fortement numérisé. Seul les artisans le font encore à la main et pas nécessairement de manière systématique. C'est un domaine dans lequel l'informatisation a facilité énormément de choses.
Préparation
Vient ensuite le travail de préparation. Il est divisé en deux grandes étapes, il y a tout d'abord la découpe et ensuite la mise à l'épaisseur. Il peut également y avoir un travail de rigidification. Idéalement un cuir doit avoir une “main” en accord avec l’utilisation qui va en être faite. Mais c'est de moins en moins le cas, il peut alors être nécessaire de renforcer certains cuirs par du box, une toile, du salpa ou tout autre renfort synthétique pour éviter qu'ils ne se déforment. C’est notamment le cas lorsque vous voulez travailler du cuir tanné au chrome. Toutes les marques ne prennent pas la peine de rigidifier les cuirs trop souples, vous avez donc des produits sans structure qui vont se déformer rapidement. Notez que l'inverse peut également se produire, à savoir que certaines marques utilisent des cuirs trop rigides ou rigidifient trop un cuir souple.
La préparation se fait de plus en plus dans des usines dédiées, les pièces de cuir sont ensuite envoyées sous forme de kits à d'autres usines qui sont chargées de faire l'assemblage. Nous allons voir pourquoi plus loin, mais cela tient essentiellement à l'incompétence générale des ouvriers du milieu, qui en réalité ne font qu'une chose toute leur vie.
Historiquement la découpe se faisait à la main puis est apparue la presse hydraulique et en enfin la découpe laser ou encore à eau. Le levage des peaux à la main se rencontre encore chez certains artisans ou certains faiseurs semi-industriels, le principal inconvénient de cette méthode repose sur sa lenteur. La découpe à la presse hydraulique ou au laser/eau permet un gain de temps considérable c’est d’ailleurs pour cela que ces deux méthodes sont utilisées par tous les grands groupes du luxe. Même Hermès est passé de la découpe manuelle à la presse hydraulique vers la fin des années 80, années charnières pour le groupe qui avait jusque-là la réputation de faire passer la qualité avant la rentabilité. La mise à l’épaisseur est une autre étape qui a fortement été mécanisée, aujourd’hui certains artisans travaillent avec des pareuses mécaniques car le gain de temps est absolument considérable. Le parage manuel étant une technique qui requiert précision, patience et dextérité, des qualités qui ne riment pas avec vitesse. Dans l’industrie il est extrêmement rare de trouver du parage manuel, sauf lorsqu’il n’est pas possible d’utiliser une pareuse mécanique. Certaines marques ne parent rien du tout, on trouve ainsi sur le marché bon nombre de portefeuilles ou porte-cartes qui ont l'épaisseur d'un mauvais sandwich Sodebo.
Assemblage
Le travail d'assemblage comprend plusieurs étapes successives qui visent à monter ensemble toutes les pièces pour obtenir un produit fini. Il y a l’encollage, le piquage (ou la couture, c’est selon), les finitions (filetage, teinture ou peinture des tranches...). Dans la maroquinerie industrielle ou semi industrielle il n’y a que rarement de la couture main, tout ou presque est piqué machine. Lorsque les contraintes structurelles sont fortes il est possible de trouver du point sellier mais c’est rare. Un sac Hermès va peut-être avoir 5 % de ses coutures faites au point sellier. Pour les bracelets de montre c’est pareil puisque l’intégralité du bracelet est cousu machine et seuls les 2 ou 3 derniers points au niveau de la boucle sont cousus main, ainsi que les 3 points du passant. Bien évidemment l’objectif n’est pas de dénigrer le piquage machine, même s’il est fragile. Il a sa place en maroquinerie, il doit se trouver là ou une couture est nécessaire mais non vue, ou lorsqu’on se trouve sur une pièce de cuir peu sollicitée. Autant dire que son usage actuel est totalement disproportionné et contraire à toute notion de durabilité. Nous consacrerons bientôt un article entier au point sellier et au piquage machine.
D’une façon générale le travail d’assemblage est globalement très mécanisé dans l’industrie aujourd’hui il existe même des machines qui servent à appliquer la peinture de tranche. D’ailleurs la peinture de tranche est elle-même un symbole de l’industrialisation de la maroquinerie de luxe, elle est une innovation relativement récente et elle remplace le rembort qui, avant, était largement majoritaire.
La standardisation dans le monde de la maroquinerie est relativement récente, elle commence véritablement à battre son plein à partir des années 70. L'objectif n'est pas de débattre des effets positifs ou non de la mécanisation, mais il est nécessaire de l'expliquer car cela permet de comprendre pourquoi la maroquinerie de luxe d'aujourd'hui est aussi uniforme en apparence. Car ce que les clients perçoivent comme de la beauté est en réalité de l’uniformité. Non qu’il y ait un problème avec l’uniformité l’artisan doit lui-même tendre vers l’uniformité. La valeur de son travail réside dans la maitrise qu’il a de ses mains et de ses gestes. Mais il est bien évidemment beaucoup plus difficile d’obtenir un résultat uniforme avec ses mains qu’avec une bête machine. Non seulement la maroquinerie moderne est fortement mécanisée, mais elle est mécanisée de la même façon partout, ce qui en passant facilite le travail des contrefacteurs. Aujourd'hui la majorité des entreprises de maroquinerie fonctionnent sur une stricte division du travail, sur une absence totale d'initiative et sur un schéma préétabli à l'avance via la fiche de travail. La fiche de travail comporte une description du mode de montage des pièces pour le façonnage de l'objet, mais également tous les détails nécessaires à la fabrication de la commande (type de cuir, spécification etc etc). Énormément d'usines (même petites) utilisent le schéma dans lequel chaque personne a un rôle bien défini. Pour cette forme de travail, l'ouvrier n'est pas obligé de maîtriser la conception de l'ensemble de la fabrication. Il est en fait un simple exécutant. Et c'est ce que l'on essaye de vous vendre pour du “savoir-faire”, des gens qui touchent des machines toute la journée.
L'industrie n'a pas toujours fonctionné de cette façon, et heureusement il existe encore des entreprises qui travaillent autrement, sans parler bien évidemment des artisans, enfin les bons, car c’est comme tout, il en existe aussi des mauvais et des véreux. Certaines entreprises privilégient la polyvalence et utilisent encore des méthodes “à l'anciennes”. C'est encore un peu le cas d'Hermès qui a une façon plus proche du semi-industriel que ses concurrents. On va en revanche éviter de parler des sujets qui fâchent comme leur marque petit H, et dire à la place qu'ils ont de très bons selliers si jamais vous faites du cheval et que vous avez envie de monter plutôt que de vous faire monter.
Comme la maroquinerie moderne est très industrialisée, elle ne repose pas sur des compétences qui sont difficiles à acquérir. Elle se prête donc particulièrement bien à la pratique de la sous-traitance. Voire à la délocalisation. C’est ce que nous allons voir maintenant.
La sous-traitance dans le monde du luxe, un secret de polichinelle.
Il faut savoir que tous les grands groupes du luxe répartissent leur production entre des usines qu'ils possèdent en nom propre et des sous-traitants.
À ce petit jeux Hermès possède en nom propre le plus d'ateliers (un peu plus de 20) dédiés à la maroquinerie en France suivi par Louis Vuitton (17 ateliers en France). En réalité quand on parle du tissu industriel de la maroquinerie en France, on parle essentiellement de ces deux marques. Ces deux marques représentent à elles seules pratiquement 40 lieux de productions de bonne taille.
Les autres groupes sont plus internationalisés. Le cas de Kering est un peu à part, le groupe est Français mais possède un portefeuille de marques essentiellement Italiennes et n'a qu'un seul lieu de production Français dans les environs d'Angers, tout le reste est fabriqué à l’étranger et en sous-traitance. Chanel est également un cas à part car le groupe est immatriculé au Royaume-Unis, il ne possède en nom propre que les Ateliers de Verneuil, qui viennent d'être agrandis, le reste de la production se fait soit à l’étranger soit en sous-traitance notamment chez Sophan à Segré. Les sous-traitants des maisons de luxe sont totalement dépendant de ces dernières. Il se murmure que 60% de la production estampillée Louis Vuitton en maroquinerie est réalisé par des sous-traitants notamment chez Ateliers d'Armançon, une usine du groupe Maroquinerie Thomas, l'un des plus gros sous-traitants du milieu (plus de 100 millions d’€ de CA). Il n'est donc pas surprenant d'apprendre que les maisons de luxe représentent parfois jusqu'à 90% du chiffre d’affaires de ces sous-traitants, ce qui assure leur coopération et surtout leur docilité.
L'intérêt des sous-traitants est évident, d'un côté en cas de crise cela permet de réduire la voilure chez eux, avant de devoir la réduire en interne. Les journalopes ont tendance à faire plus de battage merdiatique quand ça vire chez Hermès ou n’importe quel autre gros nom que chez un sous-traitant dont le grand public n'a rien à faire car il ignore jusqu’à son existence. Existence qui fait en général peu de vagues, les usines sont grises et anonymes, les employés signent des contrats comportant des clauses de confidentialité. Ce genre de montage a été bien utile lors de la récente panique sanitaire puisqu’on peut lire dans le rapport financier d’Hermès que “Fidèle à son engagement d’employeur responsable, Hermès a maintenu les emplois et les salaires de base de ses collaborateurs partout dans le monde, sans avoir recours aux aides gouvernementales. Le groupe versera en 2021 une prime de 1 250 € à l’ensemble des collaborateurs pour leur engagement et leur contribution aux résultats”. Autrement dit, le recours à l’externalisation permet de rassurer les actionnaires sur la bonne santé du groupe puisqu’ils n’ont pas à se préoccuper outre mesure du devenir des sous-traitants et de leurs problèmes.
Avoir recours à des sous-traitants permet également de faire produire beaucoup de choses dans des pays du tiers monde sans que cela ne se sache trop. C'est le principe des poupées russes qui est très utilisé dans le milieu et qui bénéficie d’ailleurs d’une législation française extrêmement laxiste.
Prenons un exemple concret, le groupe Maroquinerie Thomas, principal sous-traitant de Vuitton dispose d'une usine en France ainsi que d'une usine au Vietnam. Rien ne les empêche de faire produire certaines pièces au Vietnam pour ensuite les assembler en France. Car comme vous le savez, il n’est pas nécessaire d’assembler intégralement un produit sur le territoire hexagonal pour revendiquer une fabrication Française. En assemblant en France des pièces fabriquées à l’étranger vous faites baisser vos coûts de production, vous conservez le sacro-saint “fabriqué en France” et c'est plus discret que de se retrouver dans la presse avec des titres du genre “Louis Vuitton délocalise au Vietnam” ou “ Louis Vuitton fait fabriquer sa maroquinerie au Vietnam”. C'est une pratique extrêmement courante qui permet de faire fabriquer énormément de pièces en Chine, Roumanie, Espagne pour ensuite les assembler en France sans que cela n'endommage l'image de marque du donneur d'ordre. En retour ce dernier peut satisfaire la demande qui est en pleine expansion tout en communiquant à fond sur le savoir-faire Français pluriséculaire (qui est en réalité en train de disparaitre). Cela étant dit et sans cautionner la pratique il y a quelque chose d'amusant à revendre 1000 fois plus chers aux Chinois ce qui est en partie fabriqué pour trois fois rien dans leurs propres usines.
Grande marque de luxe cherche désespérément maroquinier bon à presser.
En France la maroquinerie de luxe manque constamment de main d'œuvre à tel point que cela freine la capacité de production et donc la croissance de certains géants du milieu. Exemple typique du serpent qui se mord la queue, on ne peut pas participer pendant des décennies au démantèlement complet et systématique d'une filière entière et espérer ensuite qu'elle attire de nouveaux talents. Vous combinez une éducation nationale qui s'acharne depuis 40 ans à dévaloriser les formations manuelles (les CAP sont devenus des formations pour cas sociaux) à une industrie du luxe qui s'est lancée dans le massacre des artisans (à l'exception de ceux qui acceptent de travailler pour eux comme des espèces en voie d'extinction dans un zoo) et vous savez pourquoi personne n'a envie de tenter sa chance. Je peux comprendre que personne ne soit particulièrement excité par l'idée d'être payé 10€ de l'heure pour fabriquer des sacs qui se vendent 7000€. Et qu'on ne blâme pas les multinationales trop rapidement, les charges imposées par l'état Français sont purement et simplement débiles, mais que voulez-vous, il y a des retraites à payer. Je peux également comprendre que personne ne soit particulièrement tenté pour se lancer dans l’apprentissage de la maroquinerie de luxe. Le rendement est naze en raison d’un ratio temps de travail/prix de vente dérisoire et vous allez vous faire chier à apprendre des techniques qui ne sont pas valorisées. Quel est l'intérêt de passer des heures sur une couture point sellier quand Lancel, Longchamp, Goyard, Chanel, Vuitton... peuvent dire à leur client dans le confort de leur showroom “tout coudre à la main” alors que ça n'est pas vrai. N’espérez pas que cela change, la France est opposée à la préservation de son artisanat, et dans une moindre mesure de son industrie. Il ne faut pas ensuite s'étonner qu'il y ait pénurie de main d'œuvre. Mais alors, d'où viennent les “artisans” des maisons de luxe ? Facile, de Pôle emploi, tout simplement.
Je n'ai rien contre les gens qui veulent changer de carrière et se reconvertissent. Beaucoup ont été poussés par un système con à obtenir un diplôme universitaire afin de “rejoindre l'élite” de la classe moyenne. Les diplômes étant comme la monnaie, à savoir que plus vous en imprimez moins ils ont de valeur, ces personnes sont ensuite confrontées à un monde du travail saturé de diplômés inutiles et se retrouvent à faire un métier qui ne leur convient pas. Souvent dans les bureaux, car cela fait intelligent. Déçus ils décident qu'ils ont envie de revenir à quelque chose de plus concret, tant mieux pour eux et bravo pour avoir le courage de prendre leur vie en main. J'ai en revanche un problème avec la façon dont les marques de luxe en font ensuite de égéries de l'artisanat Français, des demi dieux détenteurs d'un savoir-faire immémoriel, alors qu'ils ont été sélectionnés sur du collage de gommettes et ont 4 mois de formation dans les pattes. À noter tout de même qu’Hermès ont lancé en 2021 leur propre CFA (centre de formation d’apprentis) qui délivre un CAP de maroquinerie après une formation d’un an et demi, dans leur cas ils ne se limitent donc pas à piocher chez Pôle emploi. Cela dit, on reste bien loin du savoir-faire des anciens.
Les industriels toutes catégories confondues aiment beaucoup sacraliser leur main d'œuvre. Qu'on parle d'une usine de province qui va faire des portefeuilles dans des chutes de cuir sous prétexte d'écologie ou d'une grande marque qui va faire des sacs à main à la chaine pour les Chinois, tous mettent sur un piédestal leurs ouvriers. Je n'ai rien contre la main d'œuvre qualifiée, bien au contraire, mais il arrive un moment où il faudrait voir à ne pas trop se foutre de la gueule du monde. Malgré le fait qu'Hermès ou encore Chanel appellent tous leurs ouvriers des artisans voire des maroquiniers, il est bien évident qu'ils n'en sont pas. C'est comme si Weston appelait tous leurs ouvriers des bottiers. Bien sûr, il y a des cadres qui sont effectivement maroquiniers, comme il existe encore des bottiers chez Weston mais la fabrication dans les usines est uniformisée et le travail divisé, la majorité des ouvriers ont en général une vision parcellaire de ce qu'ils fabriquent. Je sais bien qu'il est à la mode de faire des vidéos pour Youtube avec des ouvriers en gants blancs qui par la magie du montage vont donner l'impression de fabriquer un sac tout seul comme si c'était de l'art, mais c'est bien évidemment de la communication. Comme toujours on vise à mettre en avant un savoir-faire ancestral etc etc... Alors que la réalité est tout autre, pire il y a eu un appauvrissement terrible du savoir-faire, même à un niveau industriel. Même chez Hermès, les ouvriers qui ont 10 ans de maison se plaignent toujours que le sac Constance est “difficile à réaliser”, car il comporte beaucoup de point de sellier, ce qui est vrai (dommage qu’il soit si laid). Mais c’est la base même de la maroquinerie, on parle là des rudiments du métier, se plaindre de la difficulté d’un sac car il comporte “beaucoup de point sellier” c’est aussi ridicule qu’être médecin et hypocondriaque. On en est là aujourd’hui niveau savoir faire. Il faut savoir que jusque dans les années 80 les ouvriers “voyageaient”, c'était la terminologie employée dans le milieu. À l'époque une fois sortis de formation il était courant qu'un employé ne reste pas dans le même atelier très longtemps. Si le salaire ne leur convenaient pas, si ils n'aimaient pas les conditions ou le patron, ils mettaient les voiles et allaient voir ailleurs. Ce faisant ils voyaient énormément de techniques différentes, ils apprenaient des normes nouvelles et d'autres façons de travailler. On trouve d'ailleurs un principe similaire dans le compagnonnage avec l'idée du tour de France. Cela permettait bien évidemment aux ouvriers d'acquérir de l'expérience, mais surtout cela leur donnait un fort pouvoir d'initiative car ils pouvaient introduire des techniques apprises ailleurs dans leur nouveau lieu de travail. Malheureusement dans la maroquinerie, même les Compagnons sont devenus des fournisseurs de chaire à canon pour Vuitton, les apprentis se retrouvent chez les sous-traitants des grands groupes du luxe alors qu’ils voulaient apprendre un métier dans le respect de ses traditions. Aujourd'hui vous imaginez bien que les ouvriers de Cartier comme de Longchamp n'ont pas la moindre initiative et se contentent de bien sagement suive leur fiche de travail.
Vous avez maintenant trois grands profils dans la maroquinerie industrielle. Vous avez les maroquiniers de formation, qui sont en général des contremaitres et qui s'assurent que tout fonctionne comme il se doit. Ils ne sont en général pas directement impliqués dans la fabrication au quotidien. Vous avez ensuite les ouvriers de formations, ils peuvent être piqueurs, assembleurs etc etc. Ce sont des ouvriers plus ou moins qualifiés qui sont en charge de la production quotidienne. Vous avez ensuite les personnes sans qualification recrutées via Pôle emploi et formées en interne. En raison de la pénurie de main d'œuvre cette dernière catégorie représente une part de plus en plus importante des effectifs. Pour vous expliquer comment fonctionnent aujourd'hui les usines nous allons vous détailler le parcours qui est suivi par un employé recruté par Pôle emploi. Bien évidement il ne s'agit ici que de vous donner un aperçu, toutes les formations ne fonctionnent pas exactement de la même façon, mais nous essaierons comme toujours d'être le plus complet possible.
Formation Pôle emploi, la nouvelle main d’œuvre du luxe.
Les formations manuelles étant devenues en partie un vaste zoo pour mongoles cela fait plusieurs années que pour remplir les postes de leurs nouvelles usines les grandes marques du luxe recrutent des personnes sans formation ni expérience via Pôle emploi. Il existe différentes périodes de recrutement pendant l'année et les exigences sont différentes en fonction des centres chargés de faire passer les tests d'embauches. De façon générale les candidats doivent passer une épreuve pratique, on parle de recrutement par simulation, autrement dit de la dinette pour débiles, et un entretien oral. Lors de l'épreuve pratique on mesure surtout leur dextérité, pour connaître plusieurs personnes passées par cette étape je peux vous assurer que la sélection est intraitable, les nerfs sont mis à rude épreuve. Coller des gommettes dans le centre d'un cercle, découper au ciseau pile sur le trait, colorier avec un feutre sans déborder... l'excellence à la Française quoi. Pratiquement Versailles. Vous auriez tort de penser que c'est une blague, c'est très sérieux. Quand les postes à remplir sont plus importants, les exercices augmentent en difficulté et on demande de faire une couture en point sellier ou un astiquage (ça n'est pas sale). Lors de l'épreuve orale il s'agit de vérifier que le candidat potentiel peut s'adapter au moule “de la maison”. Il s'agit aussi de s'assurer que c’est une personne fiable qui ne va pas être responsable de la “disparition” de sacs, ne riez pas, ça s’est déjà vu et bien plus souvent que vous ne l’imaginez.
Une fois les candidats sélectionnés (moins ils ont d'expérience dans le domaine du cuir, mieux c'est) ils passent par une période de “formation” dont la durée varie, de 3 mois pour les plus courtes à 18 pour les plus longues. Les programmes de formations sont très différents, par exemple Hermès a pendant longtemps travaillé en collaboration avec l’école Boudard. L'objectif de cette formation est d'apprendre à maitriser les techniques de bases et surtout de valider ou non le recrutement du candidat afin de pouvoir le lancer sur la fabrication de l'unique modèle de sac qu'il aura appris à fabriquer dans sa formation. Si la personne reste dans l'entreprise (ou plus exactement si l'entreprise lui fait signer un contrat) elle apprendra ensuite à fabriquer d'autres modèles de produits. Les personnes formées via Pôle emploi n'apprennent pas tant la maroquinerie qu'ils apprennent à assembler des pièces de cuir. Le collage de gommettes c’est ça aujourd'hui le “savoir-faire à la Française” et c’est ça qu’on essaye de vous vendre dans des showrooms feutrés. C’est d’ailleurs en partie pour cette raison que le showroom est feutré, le feutre c’est la vaseline du débile. Cela fait bien longtemps que l’industrie du luxe est devenue un monde de simagrées qui se concentre plus sur les apparences que sur le produit en lui-même. Car souvent le produit ne représente plus grand-chose si ce n’est une image.
Pour le vivre de l’intérieur, mais du côté couture tailleur, je ne peux que confirmer et amèrement regretter le mépris avec lequel notre savoir faire est traité/utilisé par les décideurs du secteur.
Pour avoir travaillé au sein de la Maroquinerie Thomas (et plus spécifiquement dans leur usine au Vietnam), je vous confirme que les anses et les bandoulières (et même l’étiquette « Made in France ») des sacs Vuitton étaient réalisées là-bas.
Sans compter qu’en Italie, de nombreuses grandes marques de luxe ont (très) souvent tendance à sous-traiter à des ouvriers chinois ayant pignon sur rue, car ils travaillent très rapidement et plutôtbien en grande quantité, sont très flexibles au niveau des horaires avec un salaire de misère…
Voilà un bien déprimant état des lieux. Et malheureusement, tous les domaines semblent atteints de pareille manière par ce rouleau-compresseur libéral post-culturel. Pour ceux d’entre nous qui ne possèdent pas un château où s’isoler ou qui n’ont pas la vocation de participer à l’escroquerie inhérente au secteur tertiaire, je ne vois vraiment pas quelle est l’issue…
Merci pour ces deux articles très complets, qui révèlent un très gros travail de recherche et de documentation de votre part.
Et maintenant la question que tout le monde se pose: où trouver des pièces faites de façon qualitative aujourd’hui ?
Bonne continuation,
Bonjour,
Dans la maroquinerie, très clairement chez les bons artisans.
En dehors de la petite maroquinerie où les marques de luxe réalisent les plus grandes marges (porte-carte, bracelet…) et où les prix de l’artisanat sont compétitifs (quand un porte-carte Hermès coûte environ 400€, un porte-carte fait main chez un artisan commence à 200€) les prix sont similaires entre le « luxe » et l’artisanat. Un portefeuille Hermès s’échange aux alentours de 800€, pareil chez un artisan. Le raisonnement des gens est bien souvent « puisque ça coûte le même prix autant acheter les marque pour faire savoir au peuple que je pèse » parce qu’ils ne réalisent pas qu’ils achètent un produit totalement industriel sans réelle valeur ajoutée en dehors de la marque. Avec des exceptions bien évidemment, les cuirs Hermès sont des références… encore que… mais je m’avance, j’aborderai ce sujet dans un prochain article.
Cher Autarcie,
Une nouvelle fois, de l’excellente facture.
Seulement, qui sont ces « bons artisans » ?
Merci.
« Où trouver le bon produit ? »
« Au bon endroit, pardi ! »
« Ah… merci. »
« De rien »
« Oui, vraiment de rien »
Très intéressant comme toujours
Le secteur du luxe ou la truie qui a bouffé ses petits
Le cynisme de la filière est totale puisque les jeunes « diplômés de socio/psycho » formés à la maroquinerie n’auront jamais la possibilité d’évoluer ou de s’installer à leur compte
Alors que ceux qui sortaient des filières pro avaient au moins une formation reconnue et une certaine liberté
Nouveaux esclaves, nouveaux prolétaires
Je disgresse, mais c’est rigolo de voir à quel point le workwear (ici Bleu de chauffe) fait de la médiocrité un argument de vente (ça fait rustique, il paraît).
Le techwear (si apprécié sur ce blog!) a au moins le mérite d’avoir quelque chose à vendre.
Un grand merci pour cet article « d’investigation » qui met en avant la réelle misère du luxe français, maquillé telle une vendeuse de charme pour mieux vendre.
L’état est consternant et j’espère qu’il va s’essouffler de lui-même.
Les artisans de qualités se font rares, et chacun se dit bon, mais il y a comme partout, le bon et le mauvais chasseur, et le résultat ne se voit que sur le produit fini, à condition d’avoir un œil averti.
Le cuir d’agneau plongé n’est au final que « peu onéreux », mais un « bon cuir », mal monté, sera plus criminel, car le mal sera visible.
Toutefois, disant cela, j’ai la chance d’avoir passé commande auprès d’artisan locaux qui ont réalisés aussi bien un sac à main à environ 600€, contre 3000€ chez C., avec le cuir « identique » et une personnalisation plus accrue, même si je ne saurais dire si le montage est « réellement » supérieur.
Viens maintenant une question de sourcing, ce dernier reste-t’il encore » de qualité » et « local » ?
Passer commande pour un cuir, par exemple à Bondin Joyeux, est-il un gage de qualité réel, s’assurant un cuir d’agneau plongé de qualité supérieure, le tout réalisé 100% en France ?
Qui me dit que eux même ne commandent pas des cuirs d’Inde ou ailleurs ?
Bien des marques mettent en avant la provenance du cuir, que ce soit les vendeurs de « souliers » diplômés d’école de commerce, que des créateurs de blousons en cuir comme Bertrand, mais à la fin, ne serait-ce qu’un leurre ?
J’attends avec grande impatience les futurs articles à ce sujet, mais également pour les pantalons, voyant par exemple que Scavini fabrique désormais sa nouvelle « gamme » en Italie, avec des tarifs en hausse, mais quid de la qualité ? Est-ce réellement monté par des personnes ayant un certain « skills », ou également par les employées ayant reçu une formation du Pole Emploi local ?
Je travaille à la Manufacture de S*****, et je regrette amèrement d’y être entrée.
On nous appelle des artisans (cela me fait doucement rire). Cela fait plusieurs années, que j’y suis à assembler le fameux Birkin.
Et à aujourd’hui, je suis déçue de voir que nous sommes des petites mains (des moutons), des numéros à faire du chiffre, par la réalisation de sacs.
On nous scande que nous travaillons pour une grande marque de prestige, que nous avons la chance d’avoir appris un savoir-faire de l’excellence !!
Pas de ruptures conventionnelles, énormément d’arrêts de travail, une pression terrible, une ambiance horrible.
Dommage, car ce n’est pas l’image que j’en avais et que j’en donne au travers de mon commentaire, et où je risque gros !!
Bonjour,
Je sais qu’on vous demande regulièrement votre avis sur les différents faiseurs (les articles de maroquinerie coûtent pas mal de blé, pas étonnant qu’on se pose des questions…), mais que penser de Joseph Duclos (https://josephduclos.com) ?
Merci d’avance
Bonjour,
Pas grand chose, c’est comme toutes les marques de luxe, fabrication industrielle intégrale.
La question est plus de savoir si vous aimez le style et l’image que de savoir si le prix est lié à la qualité de fabrication, car ça n’est pas le cas.
Bonsoir,
j’espère que les futurs maroquinier ne tomberont pas sur cet article …. On critique la France » d’assister » mais en lisant votre article vous ne motivée pas les jeunes a aller bosser !
Ensuite je suis maroquiniere pour un sous traitant Hermes,
Je travaille tt les jours sur le Birkin, et votre description sur le travail a la mains n’est pas correcte,
Fait a la mains :
La cale
Les clochette Entièrement et pas seulement les points d’arrêt.
Les sanglons
Les enchapes ( poignets ) sont faites à la mains également.
Ensuite, nous ne sommes pas payé 10€ de l’heure non plus … mais plus de 13€ voir plus pour certaines, plus les primes chaques mois ect …
Certe le travail est difficile pas tjrs dans une ambiance de cours de récréation, mais est-ce mieux ailleurs ?
Les test pôle emploi peuvent paraître bête sur le moment mais ils sont cohérents avec le travail ou on nous demande de la précisions pour appliquer les teinture sans débordé !
Ou travailler la bijouterie sans la rayer ect ….
Je trouve que votre article ne met absolument pas notre travail en valeur,
Mais comme tt bon journaliste vous raconté ce que les gens critiques des entreprises, vous interroger jamais les personnes contente de venir travailler chaque matin, les critiques font le buzz c’est mieux effectivement ça fait plus de vue certainement.
Bonjour,
Je ne vois pas en quoi mettre en évidence la nature industrielle des processus utilisés par les groupes du “luxe” inciterait la jeunesse à l’indolence. Nous nous contentons d’expliquer la réalité aux clients. Si au contraire l’article incite les maroquiniers en devenir à se lancer en indépendant plutôt que de se faire exploiter par des grandes marques, tant mieux.
En ce qui concerne la description du travail à la main, je pense surtout que nous n’avons pas la même définition. Hermès travaille de façon semi-industrielle et je ne vois pas où est le problème avec cela, puisque ce n’est pas le cas de la concurrence directe.
En ce qui concerne la cale, nous mentionnons bien qu’une partie est cousue main. Elle ne l’est pas intégralement.
En ce qui concerne les sanglons, la piqûre est machine à aiguille losangique. Le perlage est effectivement fait main mais nous ne parlions que des coutures et non du travail de bijouterie.
Nous mentionnons bien que l’enchappage est fait main, même si la photo ne présente pas le meilleur angle pour l’illustrer (triangles oranges),
En ce qui concerne les clochettes, il m’avait effectivement échappé que l’intégralité de la couture est au point sellier. Je n’avais pas accordé plus d’attention à ce détail, mais nous corrigerons l’article. C’est donc le seul point sur lequel nous nous sommes trompés.
Je suis désolé que selon vous l’article ne met pas votre travail en valeur. Mais à juger par ce que vous paye Rioland, votre travail ne semble pas avoir beaucoup de valeur. Nous présentons simplement la réalité de la maroquinerie des groupes du luxe. À savoir des ouvriers sous-payés qui doivent travailler vite, à la machine, pour tenir les cadences. Nous ne demandons pas mieux que d’entendre plus de témoignages d’ouvriers satisfaits, mais pour une raison qui nous échappe, ils se font rares.
Une question me turlupine; ayant eu plusieurs offres, chez un sous traitant hermès, l’autre chez un sous traitant goyard: l’un fait passer des tests plutôt exigeants pour un smic dan un hangar miteux, quand à l’autre, un test ridicule pour un salaire plus élevé de 200e dans une usine flambant neuve. Comment expliquer cela ?
Les mystères de la sous-traitance. Hermès est la marque plus exigeante en matière de compétence, et cela reste valide pour leurs sous-traitants. Mais ça ne veut pas nécessairement dire qu’ils payent mieux leurs employés.
Cher Autarcie,
Merci pour cet article qui ma foi, rétablit fort la vérité sur le processus de production et les relations entre les maisons de luxe et leurs sous-traitants.
Travaillant pour un sous-traitant de Chanel depuis maintenant presque 5 ans, je ne peux que valider vos propos. Là où je suis, une maroquinière avec 15 ans d’expérience est aussi « mal payée » qu’un débutant sachant à peine se servir d’une machine à coudre, et qui va flinguer la moitié des pièces…
À ce propos, j’aimerais compléter votre article, concernant un point que vous n’abordez pas, et qui me semble primordial. Pourquoi des salaires aussi bas pour ces « petites-mains » que l’on présente comme le « savoir-faire » à la française ? Tout simplement parce que la maroquinerie de luxe, ayant opté pour une fabrication industrielle ou semi-industrielle, se base sur la convention collective des industries de la maroquinerie (si, si, « industrie » et non pas « artisanat » de la maroquinerie, haha !). La grille des salaires y est très très basse. Cela leur permet donc de maintenir des salaires bas chez eux et chez leurs sous-traitants. Cette fameuse convention collective qui décrit un travail industriel, est une bénédiction pour le luxe. Que vous fabriquiez des sacs qui valent 200 € ou 2000 €, vous êtes payés pareil ! (Sic)
Le jour où une convention collective nationale de la maroquinerie de luxe existera, les choses changeront peut-être ?Mais bon, je n’y crois pas trop. À moins d’une grève générale : mais là encore, avec un si bas salaire, aucun salarié ne veut s’y risquer… la boucle est bouclée.
Pour ma part, j’aime mon métier, je travaille le cuir depuis 8 ans (et la maro depuis 5 ans) je sais fabriquer des modèles Chanel en entier quasi parfaitement (restons humbles, la perfection n’est pas de ce monde ^^), mais j’en ai ras-le-bol que mon salaire horaire brut soit de quelques centimes plus élevé que celui de la nouvelle collègue qui a tout à apprendre du métier !
Pour finir, je ne cesse de dire à mes amis : n’achetez pas des sacs de luxe, la qualité (bien que bonne) n’est pas à la hauteur du prix. Mieux vaut se tourner vers un artisan indépendant qui pratique le point sellier, et qui vous vendra son produit 3 à 4 fois moins cher, mais 10 fois plus solide !
Sur ce, encore merci pour cet article !
^ Une maroquinière (un peu) en colère ^
Bonjour et merci pour ce complément d’information qui explique bien des choses.
Bonjour,
Même si je ne connais pas ni votre métier ni votre univers, la recette qui mène à la baisse constante des salaires est universelle.
Il « suffit » de vider les métiers de leur substance afin de rendre le personnel interchangeable, et donc sans valeur. En l’occurrence il semble que cela consiste à prendre des gens sans qualification et de les former à seulement une ou deux étapes du processus de fabrication des produits, afin qu’ils deviennent efficaces, et donc rentables, le plus rapidement possible.
Sans me prendre pour Nostradamus, votre domaine d’activité semblant plus relever de l’industrie qui ne dit pas son nom que de l’artisanat, les recettes en cours dans d’autres pans de l’industrie vont s’y appliquer, et la robotisation devrait prochainement débarquer dans vos ateliers, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura plus besoin de personne d’ailleurs.
Merci infiniment pour cet article !
Re-bonjour,
J’espère que ma seconde intervention n’apparaitra pas comme trop insistante, mais j’ai un projet de création de marque de ceinture très haut de gamme.
A ce titre, je cherche des sous-traitants basés en France qui aient une approche éthique de leur métier, ainsi qu’envers la qualité de leurs produits, la façon dont ils traitent leurs salariés et leurs clients, même les plus modestes, ce qui sera mon cas, du moins au début 😉
Je vous serai très reconnaissant si vous pouviez m’orienter dans ma recherche en me communiquant des noms. Je suis basé en Occitanie, mais disposé à travailler avec des fournisseurs basés dans d’autres régions.
Bien cordialement,