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Comment redonner de la dignité à une loque
Dieu sait que les utilisations du t-shirt dans un contexte sartorial sont rares, tellement rares qu’il m’a été difficile d’illustrer l’article ! Il faut dire que son côté très informel en fait une pièce en soi peu élégante, c’est pourquoi les amateurs lui préfèrent en général la chemise ou le polo les jours chauds. C’est vrai qu’on a tendance à penser qu’il est dommage de se cultiver et de dépenser autant d’argent en vêtements de qualité pour continuer à se coltiner le fameux « tee » de l’étudiant plouc de base, mais son port classique existe pourtant bien et il serait dommage de s’en priver.
De quel t-shirt on parle ?
On le voit aujourd’hui beaucoup dans des styles rock ou streetwear, mais le t-shirt a pourtant une histoire militaire. Le vêtement a été adopté par la US Navy au début du XXe siècle comme un maillot de corps pour son côté pratique : léger, peu coûteux, confortable, facile à laver et hygiénique.
On peut en trouver de toutes les matières et de toutes les formes, mais il est traditionnellement en coton et porté près du corps, avec un col rond et des manches très courtes. C’est comme ça qu’on préconise encore de le choisir. Pas de problème si les manches sont un peu longues : il y a toujours moyen de les rouloter pour adapter la longueur.
Niveau couleur il vaut mieux privilégier son blanc originel, mais on peut aussi se tourner vers d’autres tons basiques comme le gris, le marine, voire le bordeaux et kaki. Évitez juste toutes les couleurs flashy, les motifs et les logos dégueulasses qui vous transforment en publicité humaine. Exception toutefois pour le motif marinière qui peut être cohérent –surtout si vous pilotez un yacht.
Comment porter le t-shirt ?
Si l’article porte plutôt sur le port visuel du t-shirt on peut tout de même rappeler dans un premier temps sa fonction initiale de sous-vêtement. Il n’apparaît alors pas, ne pose pas de question de style et n’a qu’un rôle hygiénique. Certains préfèrent ainsi son port au contact direct d’une chemise, que ce soit par soucis de confort ou de durabilité.
Sinon c’est plutôt un contexte estival de détente qui se prête à le dévoiler : balade en yacht, après-midi dans une villa piscine, déjeuner en bord de mer avec sa copine. Son côté léger et facile à enfiler (on parle bien du t-shirt) en fait un choix judicieux. On imagine bien dans ces situations le côté chiant d’une chemise dans laquelle on transpire beaucoup et qu’il faut déboutonner avant de piquer une tête.
On peut d’abord l’envisager avec un pantalon, aussi bien formel (laine grise) que casual (lin beige), mais il faut absolument que ce dernier soit dans un registre sartorial sous peine de sortir du thème. On peut ainsi opter pour un jeans seulement si la coupe est classique, par exemple avec une taille haute, et qu’on retrouve aux pieds des mocassins, espadrilles ou autres souliers d’été. On prendra soin également de rentrer le t-shirt dans le pantalon pour éviter un côté relâché trop contemporain et conserver l’esprit de vêtement militaire.
Le cas audacieux mais typique est celui du t-shirt porté seul avec un pantalon à pinces gurkha. Il peut dans ce cas s’accommoder d’un foulard rentré ou sorti du col.
On peut aussi l’accompagner d’une chemise qui prend alors le rôle de veste. On la porte ouverte en dehors du pantalon ou, solution étonnante mais qui fonctionne, à moitié déboutonnée dans celui-ci, laissant apparaître le t-shirt en couche inférieure. Il arrive que certains portent la chemise boutonnée hors du pantalon, choix peu judicieux esthétiquement puisqu’on masque le marquage de taille.
Il faut par contre éviter absolument de le porter avec une veste sport. Premièrement c’est peu hygiénique car vous allez suer à l’intérieur. Deuxièmement l’écart formel entre les deux pièces est trop important ce qui rend le montage illogique, artificiel et peu élégant – comme la plupart des looks « casual chic » à la Parisienne d’ailleurs. Pourquoi ôter la chemise et non la veste s’il fait trop chaud ? Soit on assume qu’il fasse assez tempéré pour porter une veste et une chemise dont le col se marie mieux, soit on transpire et on ôte la couche la plus chaude qui est la veste.
On peut par contre prévoir une veste plus casual comme une Harrington ou une Valstar pour les moments plus frais de la journée.
L’autre manière de porter le t-shirt apparent est avec un short en tenue d’été complète, et particulièrement un short ghurka afin de jouer pleinement sur le côté militaire. L’extrême simplicité du t-shirt met en évidence le côté rugueux de la fermeture gurkha. L’assemblage a plus de gueule que les fades polo ou chemise-bermuda qu’on voit beaucoup le long des plages.
On peut même aller un peu plus loin en ajoutant une chemisette, pièce tout aussi controversée et parfois trop dénigrée, pour un résultat des plus intéressants.
Le t-shirt soutien d’une tenue ?
La couleur blanche originelle du t-shirt est un avantage sur lequel il est intéressant de compter. Elle va avec tout.
Il y a donc une manière assez intéressante d’utiliser le t-shirt blanc (à col rond uniquement) qui consiste à lui permettre d’asseoir un camaïeu. Prenons l’exemple de cette photo de Tomoyoshi Takada.
Oublions le collier qui n’a pas d’intérêt et qui manque de sobriété ainsi que les volumes qui correspondent au mode de vie d’une culture différente (au Japon, les pantalons très amples sont utiles car ils permettent d’être assis en tailleur facilement lors des repas).
Concentrons-nous sur le camaïeu de la veste, du pantalon et de la chemise, même couleur sur trois tons voisins.
Le t-shirt blanc là joue deux rôles, il rappelle l’esprit sous-vêtement militaire qui s’accorde très bien au khaki de la tenue et le blanc vient créer le contraste nécessaire pour que le camaïeu devienne intéressant.
Cette utilisation du t-shirt blanc serait tout aussi intéressante avec un camaïeu de bleu.
Prenez le blazer croisé bleu marine de votre penderie, une chemise chambray indigo ouverte sur un tee-shirt blanc, un chino bleu indigo voir même un jean un peu délavé s’il est taille haute et suffisamment large pour ne pas apercevoir votre parentalité. Vous verrez que votre tee-shirt blanc donnera plus de contraste entre les différentes tonalités de bleu et votre tenue sera simplement plus réussie.
C’est l’une des manières les plus efficaces de simplifier un croisé et de l’utiliser dans des mises moins formelles.
Où se procurer un t-shirt ?
Le t-shirt est un vêtement qu’on va malmener par une exposition à la transpiration, au chlore, au sel et aux autres commodités de l’été : il va de fait falloir le remplacer régulièrement donc pas besoin d’aller chercher la qualité. On peut conseiller le classique Uniqlo, mais n’importe quelle marque qui propose des coupes correctes dans les dix à vingt euros fera largement l’affaire. Pas de prise de tête en somme.
Certaines marques comme Monoprix proposent des manches assez courtes qui se rapprochent de l’esprit classique du vêtement.
Retenons en définitive que le t-shirt est une option sérieuse pour une garde-robe sartoriale d’été. Beaucoup ont tenté de lui donner trop d’importance en l’érigeant comme étendard de la décontraction vestimentaire moderne, l’intégrant dans des tenues toujours plus bâtardes et lui donnant par la même occasion une mauvaise réputation. Or il garde sa dignité quand il reste simplement ce qu’il est : un modeste (sous-)vêtement de corps qu’on dévoile sans prétention les jours chauds.
Excellent article qui parle d’une touche à la fois très simple et audacieuse… Qui me parle beaucoup, notamment en été.
Merci pour l’audace.
Romain
Je suis étonné du conseil du t-shirt blanc. Certes c’est la couleur originale, mais le blanc ne va simplement pas du tout à beaucoup de monde. Si pour la chemise on peut un peu passer outre ce fait grâce à une cravate ou un foulard, avec un t-shirt cela jure beaucoup plus vite, non ?
On n’a pas conseillé que le blanc. Et quand il fait 40° dehors et que tu perds 1l d’eau par heure, les conneries de blogueur sur le teint on s’en moque. Puis au bout de 5 jours t’es bronzé donc ça ne choque personne.
Quant au foulard, on peut aussi le porter avec un t-shirt.
Oh vous n’avez pas conseillé que ça, en effet, ce n’est pas ce que je voulais dire, navré si c’est ce que vous avez compris. Je ne sais pas du tout ce que peuvent dire les blogueurs sur le teint, et d’ailleurs je m’en tamponne un peu, ce qui m’intéresse c’est le style. Reste que certains portent mieux que d’autres telle ou telle couleur, et ne pas tenir compte de cela c’est vite s’exposer à un gros ratage stylistique, sauf si on conçoit le style totalement séparé de la moindre considération esthétique. Et après tout c’est un parti pris, la chemise blanche l’était d’abord sans considération esthétique aucune, par exemple, et cela a forgé le style masculin pour longtemps.
Pour ma part, je préfère le Henley. Cette pièce est fabuleuse car ni un tee shirt, ni une chemise. Passé les 40 et encore plus les 50 ans, elle permet d’éviter le côté vieux machin qui veut se la jouer jeune. Bref, une alternative intéressante. Un article sur le henley est-il possible ? Curieux de savoir ce que vous en pensez.
Aucun avis particulier sur cette pièce.
Moi je le porte rentré dans un pantalon taille haute assez large en lin bleu une pince avec des mocassin ou des souliers Marron ou prune
Tres sympa
Et un sac tissu calaberese 19.. qui rappel ceux des marrins
Jadore le porté comme ça🙂
Bonne article
Bonjour
Comment avoir le « V » au niveau des manches ? C’est une question de coupe ou de taille ?
Le V au niveau de la manche est illustré sur la photo avec James Jonathan.
Il s’oppose au manche parallèle au sol que l’on retrouve sur la photo « t-shirt gris avec pantalon de laine gris ».
J’espere avoir exprimé correctement ce « nouveau » concept.
Merci 🙂
manches courtes et fines
Très bon article !
Un t-shirt écru est une bonne alternative pour varier, je trouve.